Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de trois albums édités par Panini Comics, Glénat Comics et Urban Comics.
Au programme : Old Man Hawkeye t1, Contro Natura et Batman la légende t2.
Old Man Hawkeye tome 1 | |
Panini Comics 136 pages – 16€ Ethan Sacks |
Quelques années avant le début d’Old Man Logan, Hawkeye, l’un des derniers héros d’un monde dévasté par les super-vilains sait que ses jours sont comptés. Sa vue se dégrade et il ne reste plus que quelques mois pour accomplir sa vengeance.
(Contient les épisodes US Old Man Hawkeye (2018) 1-6, inédits)
Au risque de passer pour un hérétique, je n’avais pas raffolé de Old Man Logan : comme souvent chez Millar, je trouvais que ça partait bien, mais que la fin laissait à désirer et qu’il y avait des passages gratuitement choquants. Cependant, cet univers était intéressant et méritait d’être approfondi.
Avec ce premier tome,Ethan Sacks revient dans cet univers mais dans une histoire se passant avant Old Man Logan et surtout se focalisant sur un autre personnage : Clint Barton, alias Hawkeye. L’archer n’a pas encore perdu la vue et a des comptes a régler dans ce monde de violence et de non loi où les vilains ont gagné l’ultime bataille. Et comme dans le présent, l’archer ne fait pas les choses à moitié.
On retrouve l’ambiance très Mad Max de la série Old Man Logan, avec des personnages bien connus des lecteurs qui sont présentés sous un jour très différent de ce dont on a l’habitude. Certains sont associés à une période particulière de la carrière de Hawkeye, ce que j’apprécie car c’est une période qui me plaisait beaucoup.
Ce premier tome est une très bonne entrée en matière, avec un personnage dans un cadre certes différent mais reposant sur des bases issues de publications antérieures. C’est appréciable qu’Ethan Sacks n’ait en effet pas décidé de ne tenir aucun compte du travail de ses prédécesseurs mais ait au contraire bien fait ses devoirs ! Il y a pas mal d’action, et une utilisation pour le moins insolite mais très bien pensée d’un personnage lui aussi bien connu des lecteurs dans un autre cadre.
On ne s’ennuie pas du tout avec cet album, qui donne envie d’en lire la suite ! Pourtant on sait très bien comment ça va se finir, vu que Old Man Logan est la trajectoire de cette histoire, mais qu’importe même si on connait la fin de l’histoire c’est la route qui est importante et dans cet album elle est pleine de promesses.
La partie graphique est quant à elle assurée par Marco Chechetto, et le résultat est tout simplement épatant. L’ambiance de désolation post-apocalyptique est parfaitement restituée, et son style colle parfaitement au scénario.
Le sommaire de l’album est complété par une interview illustrée de Marco Chechetto, qui explique ses choix en matière de design de personnages.
Un excellent album, qui revient avec beaucoup d’efficacité dans l’univers de Old Man Logan.
Contro Natura Omnibus | |
Glénat Comics 304 pages – 19.95€ Mirka Andolfo |
Une loi est faite pour être transgressée…
Dans un monde peuplé d’animaux anthropomorphes, la loi n’admet que l’union d’individus de même race. Les transgresseurs sont sanctionnés et emprisonnés, accusés d’être « Contre nature ». Leslie, elle, est un cochon simple qui aime les sushis et la musique, forcée de faire un travail qu’elle déteste pour survivre. Cette jeune femme de vingt-cinq ans vit avec Trish, sa meilleure amie, rêvant, comme tous les gens de leur âge, d’une vie différente. Mais les rêves peuvent être dangereux, surtout lorsque c’est un loup inquiétant qui les peuple et que, au réveil, Leslie commence à se sentir observée…
Avec cette album, nous avons droit à l’intégralité d’une histoire qui résonne comme une ode à la tolérance, et ce à différents niveaux.
Utilisant l’anthropomorphisme des animaux, Mirka Andolfo livre une charge à peine voilée contre le racisme en présentant une société où il est interdit de s’aimer entre espèce. Mais ce n’est pas tout, cas l’autrice en profite pour se battre également contre l’homophobie vu que cette société condamne également les relations entre individus du même sexe.
Au coeur de cette histoire, l’autrice nous présente un personnage sommes toutes assez ordinaire mais rapidement voué à vivre une aventure totalement extraordinaire. Leslie se retrouve en effet très vite embarquée dans une histoire qui la dépasse, au coeur d’un conflit entre deux factions prêtes à tout pour arriver à leurs fins. Même s’il y a de temps en temps des petites touches d’humour, on n’est pas dans une histoire drôle et cela reste assez sérieux.
Outre le discours qui tape sur l’intolérance sous toutes ses formes, Mirka Andolfo nous propose une histoire riche en péripéties et en rebondissements. Il y a des scènes d’action haletantes, et vu qu’elle est décidée à ne rien épargner au lecteur ce dernier peut tout redouter et ce à chaque instant !
Le seul reproche que je ferais à cette histoire serait qu’elle a tendance à se disperser : l’autrice semble en effet faire un peu le grand écart entre plusieurs directions pour le fond de son histoire, et c’est un peu dommage car au final ce n’est pas au lecteur de choisir ce qui l’intéresse mais plutôt à l’autrice de lui montrer le chemin. Cependant cela reste très intéressant, même si le côté dispersé rend parfois l’intrigue un peu difficile à suivre.
Le graphisme, également signé Mirka Andolfo, est de son côté magnifiquement réalisé. Les planches sont de toute beauté, avec un anthropomorphisme très bien fichu pour les personnages. Il est appréciable que l’artiste ait sa propre façon de dessiner des animaux humanisés, sans pour autant lorgner du côté des classiques vus et revus, et surtout standardisés. La série a sa propre identité graphique, ce qui est un plus non négligeable, et le style dynamique de l’artiste permet de profiter de scènes d’action agréables à regarder.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par une galerie de couvertures et un sketchbook.
Un très bon album, mais qui aurait gagné à moins se disperser.
Batman la légende par Neal Adams tome 2 | |
Urban Comics 384 pages – 35€ Dennis O’Neil / Len Wein |
Le Joker, Double-Face, Man-Bat, le Professeur Milo. Batman a combattu les plus dangereux criminels de Gotham mais il n’a jamais rencontré un adversaire aussi implacable que Ra’s al Ghul, le seigneur du crime et leader de l’organisation du Démon. Ce dernier tient à ce que le Chevalier Noir rejoigne sa croisade et prenne sa fille, la séduisante Talia, pour épouse !
Contenu VO : Contenu : Detective Comics #404, 407, 408, 410 + Batman #232, 234, 237, 243-245, 251, 255 + The Brave and the Bold #93 + « Robin meets Man-Bat », « Trumping the Joker »
Après un premier album où nous assistions aux débuts de Neal Adams sur Batman (avec sa grosse ruse pour y parvenir qu’il ne se lasse pas de raconter), voici la suite de sa prestation et ce en très bonne compagnie.
Dennis O’Neil, Frank Robbins, Len Wein et Marv Wolfman – des auteurs illustres qui sont loin d’être manchots – sont en effet au générique de cet imposant volume. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ne ménagent pas leur peine pour nous offrir du divertissement de haute volée ! Nous retrouvons Man-Bat, Ra’s Al Ghul ou encore le Joker parmi les menaces que doit affronter Batman, mais parfois des adversaires plus « ordinaires » qui n’en sont alors que plus dangereux car moins voyants. Car le mal ne se manifeste pas qu’avec des personnages au look improbables, des individus plus « normaux » peuvent être tout aussi nuisibles !
C’est donc une succession de récits très efficaces qui se succèdent dans ces pages, Batman affrontant des situations très diversifiées et surtout très périlleuses. J’ai même l’impression que son duel face à Ra’s Al Ghul a fortement inspiré les scénaristes de Arrow ! On retrouve cette tonalité plus grave déjà présente dans le premier tome, qui met le protecteur de Gotham City dans une ambiance plus orientée « détective » que des récits plus légers qui précédaient cette période. C’est redoutablement bien écrit, avec non seulement des scènes d’action spectaculaires mais aussi une illustration des talents de détective de Batman à travers des énigmes bien fichues qu’il résout avec sa tête et pas seulement avec ses muscles.
Passionnant d’un bout à l’autre, ce second tome permet de profiter d’une bonne dose de Batman, avec une très grande variété dans les thèmes abordés. On ne sent aucun essoufflement dans les intrigues, ni aucune facilité scénaristique. Il s’agit vraiment d’une des meilleures périodes de la carrière de l’homme à l’uniforme de chauve-souris, sérieuse sans être trop sombre avec un très bon dosage entre l’action et la réflexion.
Côté graphisme, comme prévu c’est Neal Adams qui tient les crayons et c’est un vrai ravissement. Son style élégant nous permet de profiter de cases magistralement illustrées, avec un Batman qui allie grâce et puissance comme le gymnaste doublé d’un combattant qu’il est. La mise en page des planches est également d’une grande qualité, avec des très bonnes idées pour leur composition : je pense notamment à une planche où les personnages passent devant une parade de carnaval où la composition est très astucieuse, mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres !
Cerise sur le gâteau : nous avons droit en guise de bonus à une longue galerie de couvertures et à un sketchbook de Neal Adams, dévoilant le travail de ce dernier pour des films sur Batman.
Un excellent album, où on retrouve avec plaisir des histoires mythiques de Batman.
C’est tout pour aujourd’hui !
Agréablement surpris par ton avis sur Contro Natura… De prime abord, j’avais peur d’une histoire sexy sans intérêt mais visiblement c’est plutôt bien réalisé.
Après il y a des passages sexy, mais globalement c’est autre chose qu’une simple suite de cases pour émoustiller le lecteur 🙂