Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de quatre albums, édités par Panini Comics, Urban Comics et Glénat Comics.
Au programme : La Guêpe, Punisher – La section, Batman – Gotham by gaslight et Nailbiter t6.
La Guêpe | |
Panini Comics 176 pages – 18€ Jeremy Whitley |
Nadia, la fille d’Hank Pym, n’est plus à la merci des agents secrets russes. Sous le nom de la Guêpe, elle est déterminée à former une nouvelle génération de femmes scientifiques avec l’aide de Jarvis et de Janet Van Dyne !
(Contient les épisodes US Unstoppable Wasp (2017) 1-8, inédits)
La famille Pym est pour le moins alambiquée, qu’il s’agisse des personnes de chair et de sang ou des êtres artificiels qui en font également partie. Voici qu’elle s’enrichit d’un nouveau membre : la propre fille de Hank Pym.
Se glissant dans les interstices de l’histoire du premier Ant-Man (et zappant charitablement l’histoire poussive qui avait été écrite dans les années 1980 sur le devenir de la femme de Hank Pym), le récit autour de Nadia est très bien ficelé. Jeremy Whitley nous dépeint ici une héroïne pétillante et emplie de fraîcheur, et ce en dépit de son passé sombre. J’étais assez sceptique au sujet de ce personnage (je redoutais notamment une insertion au chausse-pieds de la version MCU de la Guêpe), mais j’ai rapidement été convaincu par cette nouvelle Guêpe qui n’est pas d’être une relecture 2010s du personnage jadis frivole de Janet Van Dyne mais bel et bien un personnage attachant et bien caractérisé.
Tout au long de l’album, l’auteur exploite parfaitement de très bonnes idées et le concept des G.I.R.L.S. est une très bonne trouvaille en plus d’être un jeu de mots amusant. Le casting de la série s’enrichit rapidement de personnages intéressants, qui viennent chacun à leur façon apporter leur pierre à l’édifice de l’histoire.
Le temps passe vraiment très vite en lisant cet album, trop vite même et une fois qu’il est refermé on ressent un goût de trop peu. C’est signe d’un très bon moment de lecture, notamment grâce à des dialogues très réussis et des scènes d’action très bien dosées.
La partie graphique est quant à elle notamment signée par Elsa Charretier et s’avère superbement réussie. Les planches sont pleines de dynamisme et contribuent largement à l’atmosphère de fraîcheur du récit.
Un excellent album, pétillant et plein de fraîcheur à l’image de son héroïne.
Punisher – La section | |
Panini Comics 120 pages – 15€ Garth Ennis |
Avant que Frank Castle ne devienne le Punisher, il était l’un des soldats les plus brillants de son unité. Voici le récit de sa première mission. Voici le récit de la première fois où Frank Castle a ôté une vie. Garth Ennis refait équipe avec Goran Parlov, son complice de Punisher Max et Fury.
(Contient les épisodes US Punisher : The Platoon (2017) 1-5, inédits)
Punisher, Garth Ennis, guerre : voilà quelques signaux forts de la forte probabilité d’un album réussi, et force est de constater qu’effectivement cet album est réussi.
Garth Ennis retrouve donc un personnage qu’il maîtrise à la perfection (et à qui il a offert ses meilleures histoires) et la thématique qu’il connait parfaitement : la guerre et son impact sur les hommes qui la mènent. C’est l’occasion de revenir sur le passé de Frank Castle à l’époque de la guerre du Vietnam, avant qu’il ne devienne le Punisher.
Avec le superbe Born, Garth Ennis a déjà exploré le passé militaire de son personnage donc on pouvait se demander si La section ne ferait pas un peu doublon, mais on s’aperçoit assez rapidement que ce n’est pas du tout le cas. L’histoire racontée ne sent pas du tout la redite, et le format choisi pour le récit (une interview de vieux camarades de combat de Frank Castle) est en outre très efficace.
Une fois encore, le fabuleux talent de conteur de Garth Ennis fait des merveilles et ce tome se lit avec plaisir. Certes, le sujet est très difficile, mais l’auteur n’a pas son pareil pour intéresser le lecteur à ses thématiques et ce même si ce n’est pas forcément un sujet qui plaise à ce dernier. C’est l’occasion également de voir encore une fois Frank Castle avant le drame qui a fait de lui la terreur des criminels, d’apprendre à appréhender son code de l’honneur et comprendre comment il fonctionne. Vu le sujet, il est clair que le ton est très dur et en outre l’auteur n’a pas l’habitude de faire dans la dentelle pour ses récits. Cependant, comme à son habitude il ne sombre pas dans le racoleur gratuit et tout est parfaitement dosé afin de servir son histoire.
Du côté du dessin, on retrouve Goran Parlov qui lui aussi a déjà travaillé sur le personnage du Punisher. L’artiste est parfaitement à l’aise pour ce récit de guerre, et livre des planches d’une efficacité redoutable sans jamais en faire de trop dans le style guerrier.
A noter la présence en bonus d’un guide pour apprendre à dessiner le Punisher, simple mais efficace.
Un excellent album, qui complète parfaitement l’oeuvre magistrale de Garth Ennis sur le personnage de Frank Castle.
Batman : Gotham by gaslight avec DVD | |
Urban Comics 120 pages – 20€ Brian Augustyn |
1880. Le légendaire Jack l’éventreur est l’ennemi public no 1 et sévit dans les rues de Gotham. Mais dans cet univers alternatif, le tueur en série va se heurter à une autre légende nocturne : Batman. Pris dans une conspiration dont il est la victime, le Chevalier Noir nous entraîne à l’époque victorienne où l’obscurité de la nuit n’est troublée que pas la lueur fébrile et tremblante des réverbères de Gotham City.
Contenu VO : Batman: Gotham By Gaslight + Master of the Future
Dans la plus grande tradition des Elseworlds (les personnages dans un autre univers que le leur), voici que Batman est décliné en version 19e siècle face à Jack l’éventreur.
Bryan Augustin transpose donc le protecteur de Gotham dans une autre époque, où il affronte un monstre dont le nom est synonyme de terreur depuis les années 1880. L’auteur propose donc sa propre vision du tueur, avec une identité surprenante mais bien pensée et un duel avec Batman qui va au-delà d’une simple accumulation de bagarres.
La transposition de Batman et de son univers au 19e siècle est efficace : on retrouve ici et là des références plus ou moins visible au Batman contemporain, et les versions 19e siècle des différents personnages sont réussies. C’est même assez frustrant que certaines références n’aillent pas plus loin que le clin d’œil car elles donnent envie de voir ce que l’auteur en aurait fait. L’époque est par ailleurs dépeinte avec précision, sans que l’on ne sente poindre d’élément qui n’y aurait pas sa place.
Une seconde histoire, toujours dans le même univers, est présente dans cet album. Cette fois il n’est pas question de Jack l’éventreur mais la transposition de Batman et de son univers est toujours efficace même sans le boucher de Whitechapel en tant qu’adversaire. Les personnages sont très bien employés et l’histoire est racontée avec efficacité.
Du côté du dessin, nous avons droit à des planches de Mike Mignola et Eduardo Barreto, et la qualité est au rendez-vous. L’ambiance de cet univers est parfaitement rendue avec les styles des deux artistes, dont les planches sont très joliment dessinées.
L’album est vendu avec un DVD de l’histoire, mais ça j’en reparlerai dans une chronique séparée.
Un excellent album, qui revisite avec efficacité Batman et son univers à une autre époque.
Nailbiter tome 6 | |
Glénat Comics 144 pages – 15.95€ Joshua Williamson |
La vérité s’écrit dans le sang
Seize des pires serial killers des États-Unis sont nés et ont grandi à Buckaroo, petite bourgade de l’Oregon. Pourquoi cette ville ? Pendant des années, les gens ont essayé de résoudre ce mystère. Maintenant, la vérité éclate enfin… mais à quel prix ?
Après cinq tomes de qualité autour des tueurs de Buckaroo, il est maintenant temps de dire au revoir à la série avec un ultime album.
Joshua Williamson a donc choisi de terminer son histoire, et pour ce faire il ne fait pas les choses à moitié. Le dénouement de Nailbiter est en effet apocalyptique, et surtout l’auteur lève les ultimes zones d’ombre de son histoire. Toutes les questions ont donc maintenant une réponse, et le lecteur ne restera pas sur sa faim avec des mystérieux mystères laissés à sa seule interprétation. En abattant ainsi ses dernières cartes, l’auteur révèle la richesse de son intrigue et les connexions entre des choses qui semblaient n’avoir aucun rapport de prime abord.
Le rythme de cet ultime tome est particulièrement bien dosé, avec une montée en puissance au fil des pages qui laisse présager le carnage à venir (ce n’est pas un spoiler, franchement si vous suivez la série vous savez que ça ne pouvait pas se terminer autrement). Le concept des tueurs de Buckaroo est très bien pensé, et les explications de l’auteur tiennent parfaitement la route.
La toute fin de l’album est en tout cas assez intriguante, un peu comme un pied de nez de l’auteur qui termine son récit mais s’amuse une dernière fois aux dépends du lecteur. La narration de l’album est impeccable, et l’histoire aura réussi à tenir debout de sa première page à sa dernière alors que son sujet était propice à une grande dispersion. Le personnage du Nailbiter est toujours riche en surprise, même si un rebondissement le concernant s’avère assez prévisible finalement.
Du côté du dessin, Mike Henderson est en grande forme et signe des planches très réussies. L’ambiance glauque de la série doit beaucoup à son trait, et les scènes d’action sont très soignées également.
Un excellent album, qui termine en beauté une série insolite.
C’est tout pour aujourd’hui !
Derniers commentaires