Comme la semaine dernière, Le lundi c’est librairie ! mêlera cette semaine des albums récemment sortis et d’autres plus anciens.
Je vous propose cette semaine de nous intéresser à Next Men t1, JLA t3, 100 Bullets t7 et 100 Bullets t8.
Next Men t1 : Une suite attendue mais qui m’a déçu
Next Men, excellente série du génial John Byrne, est longtemps restée inachevée. A la lecture des deux omnibus édités par Dante, je m’étais résigné à l’idée de ne jamais en avoir la fin, même si le second omnibus se termine de façon plutôt « propre ». Et pourtant le grand John a repris en main la destinée de ses héros, bien décidé à nous offrir une fin digne de ce nom à sa série. Ce premier tome reprend 6 épisodes de la nouvelle série Next Men, qui continue directement après la fin de la première. D’emblée le lecteur est désarçonné, la trame de l’histoire étant particulièrement complexe. On retrouve là une technique utilisée à plusieurs reprises par l’auteur dans ses travaux antérieurs : diviser l’équipe et offrir autant de récits parallèles reliés entre eux par une trame centrale (on a souvent vu cela dans X-Men : Hidden Years par exemple). Sauf que là, la mayonnaise prend moins bien que d’habitude : le plan de Byrne semble complexe, mais du coup le récit est particulièrement difficile à suivre par moments. C’est dommage car le scénario fourmille de bonnes idées, mais c’est l’ensemble qui a du mal à tenir. Quant au graphisme, il est par contre très réussi, on retrouve là du John Byrne classique qui ne détonne pas par rapport à ses œuvres antérieures. Je déplore juste un passage un peu gore, qui me déçoit car Byrne a toujours clamé être un amateur de l’horreur suggérée et non montrée, hors là il s’est un peu lâché (même si ça aurait pu être pire) et c’est dommage. Un point maintenant sur l’édition Française : alors que Dante nous a proposé deux très bons omnibus pour la première série, ce premier tome m’a déçu. L’impression est assez floue sur pas mal de pages, donnant l’impression d’un sur-échantillonnage des graphismes, et surtout le livre est bien mince. A titre de comparaison, les deux omnibus totalisaient respectivement 433 et 516 planches pour un prix d’environ 30€ alors que celui-ci coûte 25€ pour 144 pages. Certes cet album est en couleurs, plus grand, avec du papier glacé et en hardcover (les omnibus sont plus petits, avec un papier non glacé, en noir & blanc et en softcover), mais je le trouve un peu cher en regard de son épaisseur et du défaut d’impression dont j’ai parlé plus haut. J’aurais préféré que Dante ne change pas le format plutôt que de viser le lecteur aisé et/ou le lecteur qui privilégie l’apparence du livre à son contenu.
JLA t3 : Un très bon album malgré un petit couac
Dans cette dernière Anthologie de la JLA par Grant Morrison éditée par Panini, nous retrouvons donc la célèbre équipe au cœur de bien des tourments provenant de l’esprit du scénariste Ecossais. L’album s’ouvre par un arc très bien fichu, où les notions de rêve et de réalité sont parfaitement exploitées par l’auteur. Les épisodes sont passionnants, les pages s’enchaînent tandis qu’on ne cesse de se demander comment nos héros vont s’en sortir. On passe ensuite à un épisode spécial, à savoir JLA 1 000 000. Là c’est assez raide, et j’avoue qu’au début je n’ai absolument rien compris, car il n’y aucune transition. Il manque en effet une note explicative (dont je parlais la semaine dernière), remettant l’épisode dans le contexte de DC One Million et permettant au lecteur de retrouver un peu ses petits. C’est dommage, car on peut saluer l’idée d’avoir mis cet épisode mais l’absence de la note (qui a en plus été traduite) est une belle boulette…L’album se poursuite ensuite avec deux arc qui sont tout aussi bien fichus que le premier. C’est prenant, passionnant, malin…les concepts manipulés par Grant Morrison (un ennemi indestructible ou la fameuse 5e dimension) sont parfaitement traités et les épisodes se lisent avec beaucoup de plaisir. Outre le JLA 1 000 000 je dirais que la seule autre faiblesse de l’album est qu’il ne regroupe que les épisodes de Morrison (comme l’album original) et donc il manque pas mal d’épisodes de transition qui permettraient de mieux appréhender certain changements de roster par exemple. C’est une faiblesse récurrente à cette collection (dans le 1er tome Superman changeait régulièrement d’apparence), que l’on peut cependant surmonter assez facilement car les récits sont tout de même très accessibles. Du côté du dessin, rien à redire, c’est très joli. Howard Porter et Mark Pajarillo nous ont dessiné des planches de toute beauté, qui collent parfaitement à l’ambiance des récits qu’elles illustrent. C’est un peu typé 90s mais ça ne fait pas « Image » comme ce qu’on pouvait trouver chez Marvel à la même époque et ça passe très bien.
100 Bullets t7 : Un polar noir passionnant
Dans cet album, un seul arc est au programme. On retrouve le personnage qui était présent dans un épisode de l’album précédent (il se faisait remettre la fameuse mallette avant que Graves ne retrouve un de ses anciens « clients »), et qui s’avère être un détective privé engoncé dans une affaire plutôt louche. Nous voici donc partis pour un polar très noir, dans la plus grande tradition des histoires mettant en scène des détectives privés. Mais le récit de Brian Azzarello est plus complexe qu’il n’en a l’air. En effet, ce n’est pas « juste » une histoire de détective privé : outre le passage de l’agent Graves avec sa célèbre mallette, on retrouve des vieilles connaissances liées au Trust, liant de fait cet arc à la mythologie de la série. Le détective privé n’est d’ailleurs peut être pas celui qu’on imagine…Comme ses prédécesseurs, cet album est une réussite. Le scénario est passionnant, Brian Azzarello utilise avec brio les codes du polar noir pour nous livrer une histoire qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière page. Quant au dessin d’Eduardo Risso, toujours très stylé, il sert parfaitement le récit et nous avons droit à des planches de toute beauté. Vu la constance de la qualité de la série, en fait les reviews se suivent et se ressemblent… 😉
100 Bullets t8 : Une collection d’épisodes individuels très intéressants
Cet album est plutôt original : il comporte 6 récits qui sont chacun consacrés à un personnage de 100 Bullets. On retrouve donc successivement une histoire centrée sur Dizzy, Cole, Benito, Lono, Graves et Wylie. Tous ces épisodes sont très intéressants à plusieurs titres : Brian Azzarello nous permet de faire plus ample connaissance avec les personnages, qui évoluent au fur et à mesure que la série avance, et de glaner quelques miettes d’informations sur la mythologie de la série. J’ai particulièrement aimé l’épisode sur Cole, c’est un personnage que j’ai appris à apprécier au fil de ses apparitions dans la série, mais les autres épisodes sont tout aussi bons. En fait cette succession d’épisodes permet de bien se rendre compte du fait que l’auteur a composé une galerie de personnages qui sont tous importants à leur manière, ce qui renforce le sentiment d’avoir affaire à une histoire parfaitement écrite (l’auteur montre qu’il sait où il va). Quant au dessin, rien à redire une fois de plus : Eduardo Risso livre toujours des planches très soignées qui collent à merveille au ton de la série. Je me rappelle que lors de son interview à propos de Preacher Jérémy Manesse (qui traduit la série) conseillait vivement de suivre la série, et plus j’avance dans ma lecture plus je me dis qu’il avait tout à fait raison.
Et voilà, c’est tout pour cette semaine.
La semaine prochaine, Le lundi c’est librairie ! vous proposera à nouveau un assortiment de titres récents et de titres plus anciens, du fait des retards de sortie chez Panini.
Le sans-faute pour 100 Bullets. Comme ça m’étonne pas, vu la qualité de la série.
@Pacclerouge : Sur 8 tomes je n’ai encore rien trouvé à redire, et c’est très rare !