Comme prévu, Le lundi c’est librairie ! sera cette semaine entièrement consacré à des sorties récentes.
Je vous propose cette semaine de nous intéresser à Rocketeer, A god somewhere, DMZ t9 et Project Superpowers t4.
Rocketeer : Une belle édition pour une histoire très sympa
Après une première édition chez Comics USA il y a vingt ans (comme le temps passe…), la série de Dave Stevens revient dans une nouvelle édition. Il y a deux histoires dans cet album, celle qui constituait le premier album et sa suite, qui était beaucoup plus difficile à trouver en Français. Dans la première, nous retrouvons donc Cliff Secord, jeune pilote casse-cou des années 30 se retrouvant en possession d’un engin qui va changer sa vie : un jet-pack qui fera de lui Rocketeer. Le scénario de Dave Stevens (qui s’occupe également du dessin) rend hommage aux pulp’s avec une histoire certes un peu simple (ce n’est pas du Alan Moore ou du Grant Morrison !) mais particulièrement sympathique à lire, remplissant haut la main son objectif de divertir le lecteur. Nous sommes loin des standards d’aujourd’hui où la décompression règne, il se passe beaucoup de choses en peu de pages ! L’ambiance des années 30 est très bien rendue, donnant à Rocketeer un petit cachet rétro qui est loin d’être désagréable. Dans la seconde histoire, l’auteur donne un peu plus de profondeur à ses personnages, en évoquant notamment le passé de Cliff (qui est déjà évoqué en préface de l’album). Cette suite est à la hauteur de la première histoire, l’ambiance étant tout aussi réussie. Parlons un peu du graphisme maintenant : n’ayons pas peur des mots, c’est tout simplement magnifique. Les très jolis dessins de Dave Stevens sont sublimés par l’excellente colorisation de Laura Martin, donnant de fait un sacré coup de vieux à la colorisation d’origine (je viens de comparer les deux et il n’y a pas photo). Bien que possesseur de l’édition Comics USA, je ne regrette absolument pas d’avoir investi dans cette nouvelle édition que je trouve particulièrement réussie.
A god somewhere : Une approche réaliste de la naissance d’un super-héros très réussie
Le point de départ de A god somewhere est très classique dans le monde des comics : mille fois on a vu des personnages acquérir des pouvoirs et s’en servir pour faire le bien ou le mal. Mais l’ambition de cette histoire est différente. Dans ce récit, John Arcudi s’intéresse de près à la psychologie des personnages, pour voir comment ils vivent cette situation sommes toutes assez dure. Comment réagir quand on devient un être d’une puissance phénoménale ? Et comment réagir quand on voit un proche acquérir cette puissance ? Alors que généralement les personnages qui gagnent des pouvoirs se posent assez peu de questions (« tiens je peux voler, hop je mets mon slip par dessus mon pantalon et je vais défendre la veuve et l’orphelin ! »), ici nous ne sommes pas dans ce cas de figure, et toute la fragilité de la psyché humaine pèse lourdement dans la balance. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’auteur ne fait pas dans la dentelle, le récit étant particulièrement sombre et violent. Cependant c’est à mon avis particulièrement réaliste d’avoir procédé ainsi, car on tient ainsi compte de la noirceur de l’âme humaine et de toute la violence dont les êtres humains sont capables (il suffit de suivre un peu les actualités pour s’en convaincre). D’autres auteurs ont également exploré cette voie (on peut penser à Irrécupérable ou même à Sentry), mais cela n’ôte en rien ses qualités à cette histoire qui ne donne nullement une impression de redite ou de réchauffé. Du côté du dessin, le graphisme de Peter Snejberg est plutôt réussi, servant très bien le récit. Un bon album qui se pose les bonnes questions et y répond de manière fort convaincante.
DMZ t9 : Un album passionnant comme le reste de la série
J’ai découvert DMZ un peu par hasard cet hiver, après qu’un libraire m’ait fortement conseillé de jeter un œil sur cette série que je ne suivais pas, et je n’ai pas regretté d’avoir suivi ce conseil. Dans ce nouveau tome, nous assistons à la suite de l’évolution de Mattie Roth entamée dans le tome précédent, où il se détache peu à peu de son rôle de « simple » journaliste pour s’impliquer aux côtés des acteurs du conflit au sein de la DMZ. Cette série signée Brian Wood explore de façon passionnante ce qui se passerait si l’Amérique était déchirée par une guerre civile de nos jours, ce qui permet par analogie d’appréhender les conflits qui se déroulent un peu partout dans le monde (quand on lit DMZ, difficile de ne pas penser à l’Afghanistan ou à l’Irak). L’évolution de Mattie est en tout cas fort bien traitée, le passage du personnage par différentes phases est très bien fichu. L’autre pendant de l’histoire, à savoir la réaction des armées face au problème posé par Parco Delgado, est également bien vu et tout à fait en adéquation avec ce qu’on peut voir dans le monde. Du côté du dessin, le style de Riccardo Burchielli colle parfaitement à l’ambiance du récit. Un bon album qui ne décevra pas les amateurs de la série.
Project Superpowers t4 : Mieux que le tome précédent mais pas génial non plus
Après un troisième tome qui m’avait laissé une impression assez mitigée, voici le quatrième tome qui conclut les aventures des héros de l’ancien temps revenus dans le présent. Nous retrouvons donc nos nombreux héros qui tentent de mettre un terme à tout ce qui va de travers depuis leur retour. Le scénario d’Alex Ross et Jim Kruger est un peu moins poussif que dans le tome précédent, le rythme n’étant plus plombé par les longs passages où les sidekicks se demandent quoi faire (pour tout dire, ça faisait un peu « Pendant ce temps à Vera Cruz »). Mais on retrouve le même défaut, à savoir une surabondance de personnages rendant le tout assez complexe à lire (l’histoire n’est pas compliquée mais il faut se souvenir des personnages et quand il y en a beaucoup ça devient complexe) et faisant frôler l’indigestion. L’histoire tient cependant plutôt bien la route, mais encore une fois les auteurs auraient dû se retenir de jouer au jeu de celui qui ressort le plus de vieux héros parce que la surenchère fait frôler l’indigestion. D’autant qu’ayant lu Terra Obcura récemment, je ne peux que constater que cette dernière – bien qu’utilisant ces vieux héros aussi – est très supérieure à Project Superpowers…Du côté du graphisme, rien à redire par contre, j’aime bien le dessin d’Edgar Salazar et les planches sont sommes toutes assez réussies. Un album et une série qui ne sont pas franchement indispensables, il y a beaucoup mieux dans l’exploitation de vieux héros (The Twelve, Terra Obscura notamment).
Et voilà, c’est tout pour cette semaine.
La semaine prochaine, Le lundi c’est librairie ! sera partagé entre des sorties récentes et des albums un peu plus anciens.
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