Après avoir fait un petit tour du côté de la VO la semaine dernière, Le lundi c’est librairie ! s’intéresse de nouveau à la VF cette semaine avec un programme un peu hétéroclite.
Je vous propose de nous intéresser à Darkness 3, JLA – La justice à tout prix 1, X-Babies et I am legion.
Darkness 3 : La série s’essouffle malgré les guest stars
Pour la troisième année consécutive, Delcourt édite un gros pavé consacré à la réédition des premières aventures de Jackie Estacado, l’hôte du Darkness. J’avais beaucoup aimé les deux premiers tomes (j’ai d’ailleurs parlé du second l’année dernière), et j’étais impatient de lire ce nouvel opus des aventures de Jackie. Cependant, je l’avoue…j’ai été déçu. On retrouve les ingrédients qui ont fait le succès de Darkness jusque là (de l’humour, notamment avec les Darkies, de l’action, l’univers tissé de mysticisme de l’anti-héros…) mais cette fois-ci la mayonnaise prend mal. Les raisons sont multiples : Scott Lobdell est nettement moins inspiré que Garth Ennis (même si son travail reste honnête), le dessin est assez quelconque (surtout le crossover avec Witchblade, avec même des erreurs anatomiques assez frappantes) et le crossover avec Batman est sommes toutes très anecdotique. Quant au crossover avec Witchblade, il est plus intéressant car situé dans le même univers (tandis que Batman n’en fait pas partie) mais il est quand même le plus souvent un prétexte pour montrer des demoiselles en tenues très légères (et puis Jackie aussi, histoire de contenter les lectrices également). J’avoue que je me pose sérieusement des questions sur le fait de poursuivre ou pas la série, et c’est dommage car Darkness et son univers me plaisaient beaucoup.
JLA – La justice à tout prix : Quand la JLA se prend pour Jack Bauer avec plus ou moins de bonheur
La justice à tout prix est un album que j’ai bien failli zapper, après avoir eu des échos fort peu flatteurs à son sujet. Lors de mon anniversaire, cet album est finalement venu s’installer dans ma bibliothèque et finalement le carnage annoncé n’a pas eu lieu…On m’a en effet présenté La justice à tout prix comme l’Ultimatum de DC, mais finalement nous n’en sommes pas à ce niveau même si ce n’est pas non plus un chef d’oeuvre. Le pitch est assez simple (voir simpliste) : divers héros, dont des membres de la JLA, décident de s’approcher dangereusement de la ligne qui sépare les super héros des super vilains en adoptant des méthodes radicales (notamment la torture). Le scénario de James Robinson est plutôt inégal : malgré le pitch qui donne des situations intéressantes (on part un peu sur le concept de Kingdom Come, qui mettaient déjà en porte à faux les méthodes des héros « classiques » et des jeunes générations plus extrémistes), il y a des passages assez ridicules (ils se mettent tous à brailler « Justice » à un moment ou à un autre) ou très discutables (on peut comprendre qu’Atom ait pété un plomb avec tout ce qu’il a traversé, mais se mettre à torturer de cette façon…). J’avoue que j’ai du mal à cerner les intentions de l’auteur, faire un récit second degré en insistant sur le ridicule de certains personnages qui feraient mieux de se faire discrets (oui Hal Jordan je pense à toi) ou faire au contraire un plaidoyer en faveur de l’approche plus traditionnelle du super héroïsme (montrer la torture et les exécutions sommaires pour les dénoncer)…Je pense qu’on sera fixés avec le second et dernier album de La justice à tout prix. Par contre du côté du dessin, j’aime beaucoup les planches de Mauro Cascioli, qui m’avaient déjà fait envie dans les pages de Comic Box.
X-Babies : Un gros délire sympa à lire
Quand on prononce le nom X-Babies, les vieux briscards qui ont connu l’ancien forum Panini ont instantanément un sourire en coin : il s’agit en effet de la seule et unique tentative couronnée de succès d’influer sur l’éditeur, l’édition de cet album étant dû à un lobbying intensif de membres du forum pendant quatre ans. Après avoir résisté pendant des années, j’ai fini par acquérir cet album en brocante dernièrement. Dans cet album, nous pouvons trouver différentes histoires mettant en scène les version miniatures des X-Men (donc les X-Babies), ainsi que leur créateur, à savoir Mojo, après un court épisode signé Chris Claremont et Arthur Adams servant d’introduction aux histoires de Ruben Diaz et JJ Kirby. La présence des uns et des autres a toujours été un moyen pour les auteurs de proposer des récits totalement déjantés, et ceux-ci ne font pas exception à la règle. Outre les gags à répétition sur les noms des X-Babies (très bien adaptés par Jérémy Manesse d’ailleurs, qui semble s’être beaucoup amusé avec cet album), on trouve pas mal de situations amusantes, Mojo et ses insupportables créatures se tirant continuellement dans les pattes et semblant faire un concours de celui qui sera le plus énervant. Ce n’est pas une lecture indispensable, le concept tournant assez vite en rond, mais c’est assez plaisant à lire. Quant au dessin, le style colle parfaitement à l’ambiance loufoque du récit.
I am legion : Une lecture surprenante et de grande qualité
Alors que mes achats en librairie sont en général planifiés, il m’arrive parfois de prendre des albums sur un coup de tête. En arpentant la boutique de mon libraire préféré la semaine dernière, je suis tombé sur cet album et en voyant que non seulement le pitch était intéressant mais qu’en plus c’était un de mes dessinateurs préférés, à savoir le talentueux John Cassaday, qui officiait, je n’ai pas hésité bien longtemps avant de passer à la caisse avec I am legion. Cette édition est une intégrale regroupant trois albums édités précédemment, dans un format plus petit et avec une couverture souple. Le scénario de Fabien Nury se déroule pendant la seconde guerre mondiale. En 1942, les Allemands disposent d’une arme redoutable, à savoir une enfant Roumaine capable d’exercer une emprise mentale sur des êtres vivants (humains ou animaux) ayant été exposés à une goutte de son sang. Mais la situation s’avère au final beaucoup plus complexe, impactant aussi bien les Allemands que les Alliés. Je ne peux pas en dire plus sans compromettre l’intérêt du scénario, qui réserve pas mal de surprises au lecteur. On retrouve ici un cocktail fort réussi de récit de guerre, d’espionnage et de fantastique mâtiné d’horreur (mais sans gore gratuit), qui m’a captivé de bout en bout alors que je ne suis habituellement pas friand d’histoires se passant pendant la seconde guerre mondiale. Je n’ai malheureusement pas pu lire tout le livre d’une traite, car il est très dense et j’ai aussi une vie de famille, mais à chaque fois j’ai reposé l’album avec regret et je l’ai repris avec une grande impatience. Quant au dessin, qui a beaucoup pesé dans ma décision d’acheter cet album, il est très réussi. Comme lors de leurs autres travaux (dont Planetary), John Cassaday (dessinateur) et Laura Martin (coloriste) sont en symbiose et livrent des planches de toute beauté.
Et voilà, c’est tout pour cette semaine. La semaine prochaine, Le Lundi c’est librairie ! sera axé sur l’actualité, avec des albums qui sortiront mercredi.
Je ne savais pas que tu avais pris Legion toi aussi, je ne l’ai pas encore lu mais ton avis rejoint ceux que j’ai pu lire sur le net.
D’ailleurs, la suite (enfin plutot le prequel) sort en ce moment : « Les chroniques de Legion » et la qualité semble encore au rendez vous.
@JN : Je l’ai acheté sur un coup de tête et je ne le regrette pas. Mon libraire adore lorsque j’ai un coup de blues en sortant du boulot 😉
Merci pour l’info pour le prequel, je jetterai un oeil !
ha ha ha ha ha ha …. je savais que le « JUSTICE !!! » te ferait marrer !!!!
@Strider Tag : il faut avouer que c’est assez ridicule, ce serait Ennis j’aurais bien cru que l’auteur se moquait des héros qui tombent dans ce travers 😉
Pour le Darkness, je pense qu’un tel titre avait son intérêt écrit par Garth Ennis, peut-être mais après… Je l’ai feuilleté un peu en librairie, ça m’a donné l’impression d’un gros catalogue de… babes. Dire que la plupart des comics se sont résumés à ça dans les années 90. *__*
Les X-Babies, c’est vraiment l’un des genres de gros délires que seul Chris Claremont pouvait inventer, je trouve, dans l’univers des comics. Et peut-être aussi Alan Davis.
@KNIGHT : Oui c’est très typé nineties c’est clair, avec des jolies madames en tenue hyper légère. Et là on est même dans le sado maso sur la fin du bouquin…
Concernant les X-Babies, je me suis toujours demandé ce que pouvait bien prendre Claremont pour imaginer un truc pareil, difficile d’imaginer un truc pareil à jeun 😉
Pour Claremont, je sais pas… Il est pas britannique, à l’origine ? C’est bien le type de délire typiquement british auquel on peut s’attendre. Rien que l’idée de Mojo et de Spirale, une fille à 6 bras (!!)…
Peut-être qu’il est tombé sur la mode des persos SD japonais, et que ça lui a donné l’idée. *__*
@KNIGHT : Il est né à Londres mais est Américain (j’ai vérifié, j’ai eu un doute ;)). Après difficile de savoir où il a pu pêcher son inspiration, John Byrne disait de lui qu’il est assez ardu de bosser avec lui car il a pas mal de lubies, et pas toujours au bon moment (genre un trip SF en plein Iron Fist).