Flashback vous propose chaque semaine la chronique d’un titre ancien, paru à une période plus ou moins reculée.
Au programme cette semaine : Daredevil (mai 1989, Semic)
La semaine dernière, Flashback vous avait parlé de Méphisto, paru dans la collection Un récit complet Marvel en 1988. Cette semaine, nous restons dans la même collection mais mettons le cap vers l’année 1989 pour vous proposer un numéro où un héros exilé des revues françaises faisait son retour : Daredevil.
Mai 1989 – Semic
Daredevil (Nocenti / Romita Jr)
Episodes VO : Daredevil #250-252 (1988)
Cet album paru en 1989 faisait office d’événement pour deux raisons : le retour de Daredevil, exilé des parutions Lug en pleine saga Born again, et le début de la prestation du duo Ann Nocenti / John Romita Jr. L’autrice avait en effet commencé son run sur le personnage depuis quelques temps, mais pas encore en compagnie du talentueux artiste qui allait donner à cette période une identité graphique immédiatement reconnaissable. De quoi donner un avant-goût aux lecteurs avant la publication de la série dans la collection Version intégrale trois mois plus tard.
Quand on prend le train en marche avec cette histoire, la marche est un peu haute pour le lecteur vu que Matt Murdock est déjà ancré dans son nouveau quotidien où il apporte son aide juridique aux défavorisés tout en continuant à assurer ses missions de super-héros sous le costume de Daredevil. Rien d’insurmontable ceci dit.
Ann Nocenti fait donc cohabiter le côté justicier urbain de Daredevil avec des thématiques qui lui sont chères, comme la crainte du nucléaire et l’écologie. Ces deux thèmes sont abordés à travers la relation entre un ennemi de Daredevil et son fils (ce dernier étant terrorisé par l’éventualité d’une guerre nucléaire, comme nombre d’enfants à cette époque) et par les actions de Matt Murdock contre une compagnie qui pollue l’environnement. C’est intéressant de retrouver Daredevil dans un cadre plus vaste que des bastons à Hell’s Kitchen, même s’il faut reconnaître que c’est tout de même assez bavard.
Puis la dernière partie de ce numéro, qui est constituée par un épisode double, emmène le lecteur dans un registre de guérilla urbaine. Il s’agit en en fait des effets de bord de l’affrontement entre Apocalypse et Facteur X, mais qui sortis de leur contexte donnent l’impression d’un conflit armé faisant basculer la ville dans le chaos. C’est assez bien vu de la part d’Ann Nocenti de montrer comment la population de la ville peut vivre les combats des super-héros en les percevant comme la manifestation de leur crainte d’une nouvelle guerre. Un dialogue de la fin de l’histoire résume d’ailleurs très bien tout cela : « C’est triste. Inconsciemment on pense tout qu’un cataclysme nucléaire est inévitable ! Il ne nous surprendra même pas. ».
Cette seconde partie, encore plus dure que le reste de ce numéro, est racontée avec une efficacité redoutable car Ann Nocenti a parfaitement dosé la tension tout au long de ces pages. On a beau savoir de quoi il retourne exactement quand on a lu les épisodes de X-Factor, la réaction des gens « au niveau du sol » est tellement imprévisible qu’on se dit que tout peut arriver. Cette tension qui matérialise parfaitement les angoisses des gens en cette fin de guerre froide a de quoi donner au lecteur un sentiment d’oppression et de malaise, ce qu’il ne ressent pas habituellement en voyant les super-slips s’écharper en démolissant la moitié de la ville.
Côté dessin, le défi était de taille pour John Romita Jr : il fallait passer derrière Frank Miller et David Mazzuchelli, qui avaient donné au protecteur de Hell’s Kitchen un style acrobatique ancré dans une ambiance urbaine toute particulière. Mais il ne fallait pas sous-estimer celui qui avait notamment oeuvré sur Iron Man, les X-Men et surtout sur Spider-Man où les pirouettes de ce dernier étaient rendues avec beaucoup de dynamisme.
Dans ces épisodes, on retrouve donc le style de John Romita Jr qui parvient toujours en mettre en images le côté bondissant de Daredevil mais aussi à rendre la puissance des personnages nettement plus imposants que lui. Les planches sont très soignées, avec une mise en page recherchée et un travail intéressant sur les visages des personnages. La dernière partie, avec une ambiance sombre savamment mise en images, est également très réussie.
Un très bon numéro, aux thématiques intéressantes et au dessin très agréable.
La couverture et les informations sur ce titre proviennent du site ComicsVF.
Flashback vous donne rendez-vous la semaine prochaine avec un autre livre extrait des profondeurs des bibliothèques de la Watchtower ! 😉
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