Ed Gein – Autopsie d’un tueur en série est l’objet d’un article que vous propose notre invité Anthony Huard, psychologue et psychanalyste.
Auteur de Freud & les super-héros, Anthony Huard est psychologue et psychanalyste. Chroniqueur sur plusieurs sites spécialisés dans les comics, il nous propose aujourd’hui une analyse d’Ed Gein, le tueur en série dont la vie et les crimes sont racontés dans l’album Ed Gein – Autopsie d’un tueur en série.
Ed Gein, Autopsie d’un tueur en série, roman graphique sorti chez Delcourt, a marqué le début d’année 2022. Ce récit glaçant de Harold SCHECHTER et Eric POWELL relate les éléments de la vie d’Edward GEIN, tueur en série découvert en 1957 dans le Wisconsin.
Si le nom de cet individu vous est inconnu, vous n’êtes certainement pas sans connaître les personnages de fiction qu’il a inspirés. Norman Bates, dans Psychose, Leatherface dans Massacre à la tronçonneuse ou encore celui de Buffalo Bill dans Le Silence des Agneaux. Si ces personnages ont persisté dans vos pensées, telle une fantasmagorie cauchemardesque, sachez que c’est Ed Gein, fermier du Wisconsin, qui en est la source inspiratrice. Il vous suffit de sa voir que, pour cette fois, la fiction est loin derrière la réalité, pour vous donner une idée de la personnalité de celui qui fut surnommé « Le Boucher du Wisconsin ». C’est cette personnalité que dépeint ce roman graphique détaillé que nous allons explorer et sonder. Comment le mal peut-il naître et aboutir à ces horreurs ? Quels sont les éléments psychologiques clés de cette histoire qui peuvent permettre de comprendre ses horribles conséquences. C’est ce que l’autopsie psychologique d’Ed Gein que nous vous proposons va permettre d’éclairer.
Dès sa naissance le 27 août 1906, la mère d’Edward Theodore Gein aspire à avoir une fille. Si ce désir paraît anodin en soi, il revêt chez Augusta Gein née Lehkre un caractère bien particulier. Et comme chaque désir, il est à considérer dans la problématique psychique qui le sous-tend. Ce désir de fille rejoint ainsi des pensées de refoulement massif des pulsions sexuelles perçues comme contre-nature et devant à tout prix être battues par la censure. Elle souhaite ainsi trouver auprès d’une fille une compagne vertueuse, elle qui se pense entourée de de « pêcheurs, de putains et de sodomites » et dérivant seule « dans un océan d’engeances sataniques ». Augusta Gein est décrite comme une femme farouchement déterminée et une religieuse fanatique. Epouser George Gein était un moyen de trouver un homme qu’elle pourrait soumettre à sa volonté, après avoir grandi auprès d’un père violent. Après la naissance du fils aîné Henry, Augusta Gein souhaite que la providence divine lui envoie une fille, après avoir subi ce qui représente pour elle des outrages, à savoir des relations sexuelles de la part de son mari.
C’est dans ce contexte que naît Edward Theodore Gein, d’une mère désirant une fille comme symbole de vertu et de sa contrition, et d’un père insignifiant, soumis et dirigé par cette maîtresse femme. Les relations sexuelles auxquelles Augusta Gein consent ne le sont que du fait de l’obligation maritale. Elle ressent vis-à-vis de ces relations sexuelles le plus profond dégoût, dégoût se confondant avec celui de son mari, puis de tous les hommes et des femmes qui ne rejettent pas comme elle toutes ces pratiques jugées par elle abjectes, et donc devant être refoulées.
Edward Gein est accueilli dans ce contexte où sa mère ne voit en lui qu’un « vilain petit gars, avec ce sale petit machin entre les jambes », et elle lui promet qu’il ne finira pas comme tous ces hommes qu’elle juge habités par le vice. Sur ce point elle réussira, à faire de son fils un être à part, qui ne sera jamais comme les autres hommes, vénérant sa mère comme la seule femme digne de vivre. Le désir maternel d’empêcher l’enfant de devenir un homme comme les autres est vissé comme un impératif dans la psyché d’Augusta Gein ; et ce désir se transformera en destin. Celle-ci élève son fils hors des histoires pour enfants, ne lui laisse accès qu’aux récits bibliques, les seuls dignes d’être lus. Elle traite son mari de « vaurien », disqualifiant celui qui aurait pu former une image d’identification pour construire sa personnalité et trouver auprès de chacun de ses parents un espace psychique où se construire. L’absence de relation saine, la présence d’une relation de haine et d’humiliations réciproques vont marquer le jeune Edward Gein dans sa conception du rapport à l’autre, dans sa capacité à devenir un individu autonome psychiquement.
DE LA NON-SEPARATION MERE-FILS
Edward Gein est un garçon totalement soumis à sa mère, ne pouvant s’identifier à une figure masculine auprès de la figure paternelle puisque cette dernière est de façon continue discréditée, disqualifiée et rabaissée. En parallèle de cette relation de domination de la mère sur le père, des scènes de violence éclatent dans le couple Gein consécutivement à des humiliations insistantes d’Augusta Gein envers George Gein. Ce dernier peut alors impulsivement la frapper et l’insulter de « salope moralisatrice » et de « sale putain » devant ses enfants sidérés, dont le jeune Edward Gein. L’évocation des rapports sexuels entre les parents est ainsi brutalement et systématiquement associée à une violence, à du ressentiment et des pulsions agressives non retenues. Il n’apparaît aucune affection entre les parents, seulement des liens d’humiliation et de violences réciproques où le sexuel est perçu de façon univoque comme relié à la haine et constitué sur une relation où l’autre est rabaissé à une place d’objet, de mauvais objet en l’occurrence. Dans une scène évocatrice, Augusta Gein prend ses enfants à témoin pour appeler en prière la mort du père, que mère et enfants récitent en coeur : « Pitié Seigneur, tuez-le ». Cette scène illustre ce qui reliera chez Edward Gein désir de meurtre et vertu. « Pitié, tuez-le » forme ici un noyau de discordance idéo-affective, dissociant la pensée de l’affect, entre un appel vertueux et un désir de mort. Ces situations sont susceptibles d’amener vers la folie, notamment dans une dissociation sur fond conviction d’un « meurtre pour le bien ». Nous retrouverons cet état discordant dans les dépositions d’Edward Gein où les évocations des faits horribles ne susciteront ni de réponse cohérente ni de réaction émotionnelle appropriée.
Edward Gein se retrouve pris dans ces injonctions maternelles : être celui qui répond aux désirs vertueux de sa mère, être celui qui réclame la mort de son père comme réparation de la mère, et par conséquent un injonction à ne pas être comme son père, à ne pas être comme les autres hommes, et implicitement à demeurer constamment auprès de sa mère. Tel un objet des désirs maternels, Edward Gein tente alors de répondre aux désirs paradoxaux et injonctions contradictoires de sa mère. Son père est à la fois un vaurien, mais lorsqu’il se rebelle il est un homme qui mérite la mort. Seule la violence implicite ou explicite régit les relations du couple mal assorti. Le père demeure impuissant à trouver une place auprès de son fils. George Gein, orphelin depuis sa jeune enfance en 1879, fut élévé par ses grands-parents peu aimants. Il paraît reproduire ce schéma en ne manifestant pas auprès de ses fils d’affection, et ses alcoolisations fréquentes paraissent le seul refuge d’un mal-être profond qui ne trouve d’issue que dans un comportement auto-destructeur, le plus souvent soumis car persuadé vraisemblablement lui-même de son insignifiance. Cette figure paternelle ne forme aucun appui suffisamment solide pour permettre au jeune Edward Gein de se détacher des désirs maternels pour s’y opposer et se tourner vers la figure paternelle. Il ne trouve auprès d’elle aucune autre figure parentale permettant de représenter un espace psychique d’émancipation et de pensée autre pour se construire comme sujet. De plus, isolé, il ne trouve pas non plus à l’extérieur de relations lui permettant de se séparer de sa mère, celle-ci ne cessant de décrire l’extérieur comme un monde à la fois hostile et pervers. Les moindres tentatives du jeune garçon pour explorer le monde extérieur et y trouver des personnes auxquelles se lier, des figures à imiter, sont entravées par la mère. Le jeune Edward Gein est ainsi pris dans le désir morbide et délirant de sa mère, sans recours à une autre figure parentale ou au monde extérieur comme pouvant rééquilibrer cette vision du monde exclusivement maternelle, vision prise dans cette projection au dehors des pulsions inhérentes à chaque sujet.
Ainsi le jeune Edward Gein ne construit sa personnalité que sur un principe de non-séparation d’avec celle-ci : « Mère a toujours raison » sera son leitmotiv et sa seule référence. Cette toute-puissance maternelle engendre chez le jeune garçon une absence d’autonomisation de la pensée. Cela le coupe d’expériences qu’il ferait par lui-même et de relations à ses pairs aux préocupations de leur âge. La toute-puissance maternelle prend alors le jeune garçon dans son désir et dans sa parole, ne lui permettant pas de s’individuer, c’est-à-dire d’exisiter comme individu à part entière avec ses pensées et affects propres. Se situant comme le bon objet d’une mère sans faille, le jeune garçon n’accède pas à la castration, étape psychologique permettant de se situer comme sujet comportant des failles et attribuant aux personnes de son entourage des failles et lacunes structurantes. Ici la figure maternelle du jeune Edward Gein échappe à la castration, elle représente ainsi une mère-toute-puissante et écrasante. Le jeune garçon demeure quant à lui à une place tentant d’être le « bon objet » de sa mère. Là où les enfants accèdent à la notion d’ambivalence, c’est-à-dire cette idée qu’en chacun réside une part de bon et de mauvais, permettant à l’enfant d’aimer et détester son parent à la fois dans des moments distincts, ici le jeune Edward Gein est contraint à un amour absolu, sans ambivalence, envers la figure maternelle. Lorsque le jeune garçon tente d’émettre un avis différent qu’il rapporte de ses expériences à l’extérieur, Augusta Gein pose à la fois une interdiction et une culpabilisation tout en rappelant que ce qu’il lui fait « lui fait » du mal, à elle, actant cette absence de séparation. La phrase qu’elle prononce lorsque le jeune Edwrad rentre un peu plus tard parce qu’il est resté jouer avec un autre garçon illustre cela : « Comment oses-tu me faire une chose pareille » représente cette injonction d’interdiction, de culpabilisation et de non-séparation à la fois. Ces éléments conjugués favorisent l’émergence d’une structuration de la personnalité sur un mode psychotique.
DENI DES PULSIONS ET SEXUALISATION DES RAPPORTS HUMAINS
Les gestes affectueux que peut avoir le jeune Edward envers sa mère lui sont traduits comme des gestes sexualisés inconvenants. Lorsque le jeune garçon rentre d’un moment humiliant avec ses pairs, subissant leurs brimades voire leurs jeux sexuels, Augusta Gein lui rétorque « Arrête de me peloter, gamin ! » Cette attribution d’un geste sexualisé au jeune garçon envers sa mère correspond ici à une projection maternelle. Le jeune garçon exprime une intention affectueuse et un besoin de réconfort, sa mère le traduit comme un geste déplacé, à connotation sexuelle, engendrant dès lors une confusion des registres dans les relations mère-fils.
Cette projection des pulsions sexuelles à l’extérieur se trouve associé chez Augusta Gein à une projection de tous les mauvais aspects à l’extérieur. Le monde extérieur représente le monde sexualisé, mauvais, tandis qu’elle représenterait pour son fils le monde bon et vertueux. Cette représentation dichotomique du monde empêche le jeune garçon de symboliser ses affects, c’est-à-dire de pouvoir éprouver de façon sécure ses affects en pouvant les reconnaître et les nommer, ainsi qu’apprendre à en ressentir de plus complexes. Dans le cas d’Edward Gein, les affects demeurent pris dans une dichotomie bon/mauvais, avec le risque permanent de basculer du mauvais côté et de perdre l’amour maternel. Ultérieurement, cette confusion des registres perdurera dans les actes d’Ed Gein, l’affection et la pulsion, l’image maternelle et le sexuel demeureront liés là où ils auraient dû se construire de façon différenciée. Le caractère psychopathe d’attribution des pulsions à l’extérieur et de remplacer le refoulement de ses pulsions par la suppression de l’autre prend racine dans ces confusions.
Dès lors, les pulsions agressives et sexuelles étant niées, elles demeurent enfouies chez le jeune garçon. Par défaut de symbolisation, c’est-à-dire d’une capacité à les nommer et les exprimer de manière détournée, le jeune Edward Gein sera soumis à ces pulsions qui feront retour de façon brutale et imposée à lui-même sur un versant psychopathique.
Concernant la phase de puberté et ses actes masturbatoires, Edward Gein subit aussi l’intrusion maternelle. Une scène le montre dans son lit se masturbant sur le schéma du système reproducteur féminin et sa mère lisant à voix haute les textes religieux de l’autre côté du mur l’interrompt pour lui faire part que « si c’est vraiment nécessaire, mieux vaut commettre le péché d’onanisme plutôt que de te salir les mains avec une mauvaise femme », ajoutant en aparté audible « J’aurais dû la lui couper ». La castration, étape symbolique où l’enfant renonce à être un sujet entier et admet manquer, engendrant un désir l’orientant vers l’autre, trouve ici une mise en scène non pas symbolique mais réelle. La mère d’Edward Gein non seulement s’introduit dans l’intimité sexuelle de son fils mais de plus ajoute que ces pulsions seraient à châtrer dans la réalité. Implicitement, la mère d’Edward Gein se situe comme la femme de son unique désir, puisqu’elle lui interdit les autres femmes « mauvaises », et qu’elle représente la seule « bonne » femme. Cela aura des effets sur la mise en place du désir sexuel d’Edward Gein visible dans une scène où, prenant soin de sa mère devenue impotente, il est amené à devoir la déshabiller. Cet acte produit un état d’excitation sexuelle chez le jeune homme à l’égard de sa mère, du fait de cette non distinction préalable maintenant Edward Gein dans une relation préœdipienne.
En outre, la mort d’Augusta Gein aura lieu lorsqu’elle sera témoin avec son fils d’une scène de dispute d’un couple non marié qui vient manifestement d’avoir une relation sexuelle. La femme peu vêtue sort de la maison poursuivie par l’homme, et ce qui choque mortellement Augusta Gein n’est pas la scène de violence en cours, mais la connotation sexuelle de cette scène, où elle voit « une traînée non mariée à moitié nue dans sa maison ». Cette scène sexuelle faisant irruption engendre le décès par mort cardiaque d’une Augusta Gein affaiblie. Le sexuel est ici bien associé pour Edward Gein au mortel, tant ces pulsions sont niées comme pouvant faire partie d’un individu sain.
A la mort de sa mère, Edward Gein vit un sentiment de solitude à la hauteur de la place qu’a pris sa mère. La mort forme une limite qu’il peine à accepter, ayant grandi auprès d’une mère n’ayant aucune limite et ne subissant aucune faille. Cette castration que représente la mort entre alors pour Edward Gein dans une part de déni de la réalité. Il tente en toute logique dans une perception subdélirante de faire revenir sa mère de la mort par la seule force de sa volonté. Echouant dans un premier temps à ramener le corps de sa mère à la vie, c’est alors par un effet de déplacement qu’il va la faire revenir. Face à ce deuil impossible, le monde est déserté psychiquement sans cette Mère toute-puissante qui ordonne son monde. Sa Mère est devenue pour Edward Gein synonyme de Dieu, et comme telle elle ne peut être soumise à la mort. Il devient alors l’instrument de son retour. Là où un deuil permet de symboliser cette séparation définitive, chez Edward Gein la séparation primordiale n’a pas eu lieu. Cette séparation ne comporte alors pas de sens et ne peut parvenir à une symbolisation satisfaisante. C’est donc là encore dans le réel qu’Edward Gein, instrument de ce fétiche maternel, va avoir lieu.
Prenant la place de l’instrument maternel, place qui lui évite un effondrement, Ed Gein va ainsi recourir à des femmes qui représenteront à la fois ces mauvaises femmes pouvant être tuées, et la seule bonne femme, sa Mère, pouvant être à nouveau incarnée. C’est ainsi qu’Ed Gein tue des femmes qu’il estime être des « putains de Babylone » et dans leur peau taille l’effigie de sa Mère-toute-puissante de retour à travers lui. Cela rejoint de fait le désir maternel primordial d’avoir une fille en tant que désir d’un objet pris dans un délire fanatique, une absence d’ambivalence et de mécanismes de séparation et d’autonomisation sur fond de violence conjugale. C’est bien sûr une conjonction très particulière de plusieurs éléments parmi ceux que nous avons mentionnés qui confèrent au désir maternel primordial cette portée et cette réalisation chez Ed Gein. Cela correspond dans le réel à ce qui symboliquement forme une introjection du parent. Chaque enfant intègre son parent comme une voix intérieure, un Surmoi notamment, ou un Idéal du Moi. Ici Ed Gein à défaut de cette symbolisation devient réellement sa mère. En devenant une représentation de celle-ci prise dans le délire et le passage à l’acte psychopathique conjugués, il fait de cette Mère et de lui-même à travers elle un unique objet d’amour morbide.
CONCLUSION : LES PROPOS D’ED GEIN APRES L’ARRESTATION
Ed Gein présente ainsi manifestement une personnalité psychotique trouvant des mécanismes de compensation sur un versant psychopathique. Souffrant d’un manque de culpabilisation et de symbolisation, Ed Gein peine à expliquer ses actes. Il souffre aussi manifestement d’une déficience intellectuelle due notamment à son vécu dans un contexte très peu stimulant et le coupant d’interactions extérieures. Sa personnalité psychotique engendre ainsi une attribution de ses actes comme relevant de décisions autres que le siennes. Il dira ainsi « Parfois je me demande comment Dieu a pu me prendre ma mère et laisser ces horribles femmes vivre. Puis je me dis que c’est peut-être Dieu qui m’a fait les tuer. Parce qu’elles étaient mauvaises et que tel était leur sort. » Ed Gein raisonne à partir de pensées issues de ses convictions et pensées subdélirantes. Le caractère psychopathique de son comportement s’est déclenché après la mort de sa mère, comme moyen de compensation et de réalisation de ses fantasmes. C’est la conjonction des deux aspects, psychotique sur un versant psychopathique qui forme le caractère dangereux d’Ed Gein. Sa psychose était auparavant inoffensive et engendrait ses seules souffrance et détresse. La manifestation psychopathique s’est mise en place comme moyen de compensation pour éviter un effondrement de sa personnalité. Il est possible d’envisager que la construction délirante de ses enveloppes corporelles a formé pour Ed Gein un moi-peau de substitution, au sens d’une enveloppe sécurisante évitant le morcellement de sa personnalité après le décès de sa mère.
Ainsi, ses révélations et dépositions sont vécues comme extérieures à lui-même, sans qu’il n’y ait véritablement de manipulation au sens pervers. Ses actes sont psychiquement subis par Ed Gein, sans symbolisation et de fait avec une difficulté à pouvoir leur attribuer une intention.
EPILOGUE
Cette autopsie psychologique d’Ed Gein à partir du roman graphique est de fait une fiction, puisqu’elle repose sur un récit d’auteurs. Elle repose néanmoins sur des éléments véritables de compréhension de la psychologie humaine. Un article ne suffit pas à faire le tour exhaustif de tous les éléments contenus dans cette affaire du « Boucher du Wisconsin », mais ils permettent d’en fournir quelques coordonnées possibles de compréhension. S’il n’y a pas de psychogénèse, au sens où des évènements identiques peuvent engendrer chez deux sujets des effets, cet article forme une tentative d’autopsie psychologique, c’est-à-dire de reconstitution permettant d’éclairer les éléments psychologiques ayant amené aux faits qui sont dans le roman graphique mentionné. En outre, la folie et les actes des tueurs en série n’ont pas fini de fasciner tout un chacun, en écho avec ses propres pulsions enfouies, comme un miroir déformant que l’on regarde un instant pour se persuader qu’elles sont bien extérieures à soi. Mais ces situations parlent du genre humain, et de comment les pulsions, les désirs contrariés, les pensées et injonctions peuvent l’amener à sombrer dans une folie ravageuse guettant tout un chacun, et que chacun préfère imaginer très éloignée de soi tout en trouvant une part de fascination dans ce miroir déformant.
Les planches illustrant cet article sont issues de Ed Gein – Autopsie d’un tueur en série par Harold Schechter et Eric Powell, version française éditée par les Editions Delcourt. Vous pouvez cliquer sur ces planches pour en voir une version agrandie.
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vraiment très intéressant cet article.
GG
Merci 🙂