Stephen Strange, ancien neuro-chirurgien victime d’un grave accident, part pour un long voyage pour trouver le moyen de guérir ses blessures. Il se retrouvera aspiré dans le monde des arts mystiques et découvrira le monde sous un nouveau jour.
Second film de la Phase III de Marvel Studios, Doctor Strange (le titre n’est pas traduit en Français) avait de quoi inquiéter les spectateurs : les connaisseurs tout d’abord, pour qui le monde des arts mystiques de Steve Ditko semblait difficile à retranscrire au cinéma, mais aussi le grand public qui n’était pas forcément attiré par cette thématique autour de la magie.
Tout le monde peut être rassuré, car le film est très réussi et se hisse même dans le haut du panier des films de Marvel Studios. Benedict Cumberbatch montre une nouvelle fois l’étendue de son talent en campant un Stephen Strange semblant sorti tout droit d’un comic book, accompagné par un casting impeccable. On peut aussi apprécier le fait que le film durant un peu moins de deux heures, il ne souffre d’aucun problème de rythme sans non plus donner l’impression d’avoir été monté à la tronçonneuse.
Visuellement, le film est une grosse claque pour le spectateur. Les effets spéciaux sont superbement réalisés, avec des passages tour à tour psychédéliques et plus classiques où la magie est vraiment très bien rendue. Si vous avez l’occasion de le voir en IMAX 3D n’hésitez pas, c’est tout simplement bluffant ! En ce qui concerne l’adaptation, les libertés prises ne trahissent pas l’univers du Docteur Strange et même certaines choses assez surprenantes passent vraiment très bien.
Côté scènes post-générique, elles sont au nombre de deux : une juste après les crédits principaux du film, l’autre tout à la fin. Je vous conseille de ne pas les rater, elles valent le détour ! (surtout la première)
Doctor Strange est un film très réussi, qui donne corps d’une bien belle manière à un pan de l’univers Marvel qui n’était pas forcément aisé à adapter. Par contre même si le film est censé être tous publics, je ne suis pas sûr qu’il convienne à de jeunes spectateurs car certains passages ne sont pas forcément adapté pour de jeunes yeux.
LA SUITE DE L’ARTICLE CONTIENT DES REVELATIONS SUR L’INTRIGUE (SPOILERS)
L’histoire
Bien qu’utilisant un schéma assez classique, l’histoire est intéressante. Comme dans tout récit d’origines qui se respecte, elle prend des airs de quête initiatique en montrant comment suite à son accident Stephen Strange va devoir se reconstruire pour devenir quelqu’un d’autre et surtout comment sa perception de l’univers va devoir changer. Comme il est dit dans le film, Stephen Strange doit arrêter de regarder le monde à travers une serrure pour le voir comme il est vraiment.
Il est beaucoup question de pouvoir dans ce film, ou plutôt de son utilisation. L’Ancienne utilise un pouvoir d’origine maléfique (la Dimension noire) mais pour faire le bien, tandis que Kaecilius a des visées bien moins nobles. Et Stephen Strange ne finit par remporter la victoire qu’en agissant au mépris des règles de la nature (ce qui risque de lui coûter cher apparemment). La thématique principale du film tourne autour de la rédemption, d’un homme qui finit par se dépasser après avoir été arrogant et égoïste toute sa vie, mais on peut dire aussi que Doctor Strange raconte une chute vers le côté obscur, à savoir celle de Mordo.
Ce qui est en tout cas surprenant pour un film Marvel Studios (et donc un Disney), c’est que l’atmosphère et l’ambiance sont plus « adultes » que dans les autres films. On a tout de même une décapitation (en ombre chinoise mais quand même) dès le début du film, des passages un peu sanguinolents et le final montre des personnages qui sont neutralisés de façon assez peu jolie. Certes, ce n’est pas Deadpool mais ça surprend et du coup ça fait plus penser au premier Iron Man qui était dans le même registre. Du coup à l’heure où j’écris ces ligne, je suis encore hésitant à emmener mon fils le voir au cinéma.
Les personnages
C’est à Benedict Cumberbatch que revient la difficile tâche de donner vie à Stephen Strange, et le comédien va au-delà de toutes nos attentes en étant un excellent Dr Strange. Il incarne tout autant le personnage que Robert Downey Jr est Tony Stark et livre une prestation époustouflante, même si on pourrait se dire que certains aspects de la personnalité de Strange ne sont pas si éloignés de celle de Sherlock Holmes. Le personnage évolue en tout cas tout au long du film, passant de l’arrogant chirurgien qui sait tout mieux que tout le monde à maître des arts mystiques à travers tout un cheminement où il doit se reconstruire. En tout cas sur le plan visuel, il faut reconnaître que le comédien est vraiment bluffant de mimétisme avec le modèle de papier de son personnage.
Tilda Swinton est de son côté dans le rôle difficile de la Sorcière suprême, difficile car vu que son personnage est très différent de son modèle (un vieux Tibétain) elle était attendue au tournant. La comédienne livre une interprétation impeccable, et du coup offre un certain côté ironique à son personnage qui était absent de la version d’origine de l’Ancien. Cette version du personnage est impeccablement réussie, et ses interactions avec Stephen Strange tour à tour savoureuses et émouvantes (surtout lorsqu’elle est sur le point de disparaître, si ce passage ne vous a pas touché vous avez le sang vert et des oreilles pointues).
Même constat pour le personnage de Mordo, campé par Chiwetel Ejiofor qui est plus que convaincant tout en étant très différent du Baron Mordo original. Ce sont au final les agissements des autres sorciers qui vont l’amener à devenir leur ennemi, mais à la base il est du bon côté et est un allié de Stephen Strange dans son combat pour empêcher Dormammu de mettre la main sur la Terre.
Christine Palmer, jouée par Rachel McAdams, est par contre un personnage passe-partout qui n’a pour fonction que d’être l’ex-petite amie du héros et même un ressort comique lors du sauvetage de ce dernier. La comédienne ne démérite cependant pas et joue très bien son rôle, c’est juste que son personnage est très interchangeable.
Et puisqu’on parle de ressort comique, comment ne pas penser à Wong (joué par Benedict Wong). Le personnage est très différent lui aussi de son modèle de papier, et est à la plupart de ses apparitions assez amusant lors de ses interactions avec le Docteur Strange.
Du côté des vilains, c’est Kaecilius qui affronte les protecteurs de la Terre. Mads Mikkelsen campe un personnage qui fait froid dans le dos, ne serait-ce que par son calme en toutes circonstances (et un vilain calme est beaucoup plus effrayant qu’un vilain très expansif). Le personnage est en tout cas assez classique, un vilain qui a de bonnes raisons de l’être et qui se fait flouer par son maître. Mais ça marche plutôt pas mal.
Et pour terminer, le grand méchant du film est Dormammu, qui est aux arts mystiques ce que Thanos est au cosmique. Le personnage, qui est principalement une grosse tête au design plutôt fidèle aux dessins de Ditko, est impressionnant et j’espère bien qu’on le reverra à l’écran.
Le film en général
Je ne suis pas assez compétent en cinéma pour juger de la qualité de la mise en scène du film, mais en tout cas rien ne m’a choqué. Le rythme du film est très fluide, et le fait qu’il dure une bonne demi-heure de moins que la plupart des films Marvel Studios fait qu’on ne s’ennuie pas une seconde. Il y a juste une coupure que j’ai trouvé un peu brutale à un moment, faisant penser que la scène était plus longue, mais rien à voir avec les montages charcutés d’autres films sortis cette année.
J’aurai par contre une petite réserve sur l’humour du film : oui les vannes fonctionnent plutôt bien (y compris le dialogue hilarant mais intraduisible entre Strange et Kaecilius) mais je trouve qu’à quelques moments c’est un peu de trop et j’aurais apprécié qu’il y ait un peu moins de « blagues » comme par exemple celles autour de la cape de lévitation. Cependant rien de répréhensible non plus, et ce n’est pas non plus la grosse déconne pendant 1h55.
Côté effets spéciaux, je dois dire que je suis resté bouche bée tellement c’était réussi. La magie est superbement rendue avec des effets de toute beauté, que ce soit les passages « à la Inception » (largement surclassé pour le coup, mais bon les deux films n’ont pas le même âge non plus) ou d’autres qui sont tellement psychédéliques que je me suis même demandé s’il n’y avait pas eu une substance bizarre dans mon jus d’orange (la réponse est non au fait). C’est beau, c’est très bien fait et ça fait vrai, que demande le peuple ?
Quant au cameo de Stan Lee, il est très amusant quoique ça commence à faire un peu « passage obligé » désormais.
L’adaptation
L’adaptation est souvent le sujet qui fâche lorsqu’on se penche sur les films de Marvel Studios, et il faut être honnête, Doctor Strange prend certaines libertés non négligeables avec le matériau d’origine dont :
- L’Ancien n’est pas est un vieux Tibétain mais une femme de type caucasien
- Mordo est du bon côté avant de basculer suite aux événements du film (en fait Kaecilius est plus proche du Mordo du comic book) et est physiquement très différent
- Wong a une personnalité totalement différente
- L’Oeil d’Agamoto est une Pierre d’Infinité
Mais est ce que cela fait de Doctor Strange une mauvaise adaptation ? En fait non, car tout est dans ce mot : adaptation. Pas copie carbone, pas recopie aveugle, mais adaptation. Et ces changements ne trahissent pas l’esprit du comic book d’origine. Honnêtement, que l’Ancien soit un vieux Tibétain, une femme ou même un alien bicéphale mauve à pois verts qui lévite en faisant du hula-hoop la tête en bas ça ne change strictement rien au fait qu’il s’agit du mentor de Stephen Strange qui lui ouvre la voie des arts mystiques. Bon, j’avoue que l’Oeil d’Agamoto ça m’a fait bizarre, mais finalement ça a du sens pour être raccord avec l’univers Marvel cinématographique (par contre ça veut dire que quand Thanos va le récupérer pour le mettre sur son gant, Stephen Strange va perdre son jouet mais à mon avis il le vivra mieux que Vision quand il se fera piquer sa pierre).
On retrouve en tout cas les éléments les plus classiques de la mythologie du Docteur Strange, avec pas mal de namedropping (les bottes portées par Mordo sont sauf erreur de ma part celles de Hood) et quelques petits clins d’oeil qui ouvrent la voie à d’autres apparitions dans le même domaine (la mère de Nico des Fugitifs ou encore le frère de Frère Vaudou). Et visuellement, aussi bien le Docteur Strange « classique » que des déclinaisons plus récentes ne sont pas trahis par ce que l’on voit à l’écran, loin de là même.
En ce qui concerne la magie, l’approche est différente des comics. Dans le film, pas d’incantations et les personnage utilisent davantage d’artefacts (sauf erreur de ma part, les anneaux utilisés pour se déplacer sont un ajout du film). Cela fait davantage penser à une technologie avancée, ou du moins d’une autre dimension, qui peut être perçue comme étant de la magie (un peu comme les dieux d’Asgard version MCU qui ne sont « que » des extra-terrestres et non des dieux). Après tout, Arthur C Clarke a eu un jour ces mots tout à fait justes : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie« . Mais même si c’est bien le cas, ce n’est pas choquant en tout cas.
En conclusion…
Doctor Strange est incontestablement une grande réussite, donnant vie d’une bien belle manière à l’univers du Sorcier Suprême de Marvel. « Stephen Strange reviendra » nous promet-on à la fin du film… et bien avec une telle qualité il est le bienvenu pour revenir quand il veut !
le film et exélent un peu long au début.Je connais l’univers marvel je lisé Strange,novaet bien d’autres
Oui c’est clair qu’on est dans le haut du panier 🙂
Enfin vu et j’ai beaucoup aimé, tu as tout dit 🙂
En tout cas je trouve le personnage encore plus imposant dans Infinity War
Oui c’est clair qu’il y a un rôle important et qu’en seulement deux films il a pris beaucoup de poids dans le MCU.
Voilà, et même je trouve que juste au niveau de la caractérisation il est nettement plus impressionnant.