Avant de parler de la suite du Nova évoqué la semaine dernière, nous allons faire un grand bond en avant dans le temps avec un récit qui me tient particulièrement à coeur.
Daredevil – Renaissance a été édité en mai 1988 par Bethy et contient un récit complet de Frank Miller et David Mazzucchelli.
En ce qui me concerne, mon premier contact (avorté) avec Renaissance date du printemps 1989. Alors frustré de ne pas avoir eu la suite des aventures de Daredevil dans Strange (l’éditeur ne pouvant plus rien publier de compréhensible en charcutant les épisodes), j’ai découvert les albums « Justice aveugle » de Comics USA dans une grande surface. Le temps de réunir quelques économies, il s’écoula plusieurs semaines et…les albums étaient introuvables. A l’époque je n’avais pas trop d’autre solution pour les trouver ailleurs (j’ai même tenté une commande chez un libraire, sans succès) et j’ai renoncé au profit de La quête de l’Oiseau du temps. Le temps à passé et bien des années plus tard je suis tombé sur l’édition Bethy de Renaissance. Avec la joie qu’on imagine, j’ai enfin pu lire l’oeuvre de Frank Miller en entier et sans le charcutage de Lug (j’avais eu un aperçu en feuilletant les Comics USA) et j’ai été conquis par cette excellente histoire. Renaissance est resté mon récit préféré de Daredevil après toutes ces années, et est pour moi le meilleur travail de Frank Miller sur du super héros.
Daredevil – Renaissance (Miller / Mazzucchelli)
Avec Renaissance, Frank Miller est allé très loin : non content de jeter en pâture l’identité secrète de Daredevil à son ennemi le Caïd par le biais d’une Karen Page en pleine déchéance (junkie et ancienne actrice porno), il mène Matt Murdock à la folie alors que son univers a été soigneusement broyé par un ennemi implacable. Mais comme son nom l’indique, Renaissance n’est pas que le récit de la descente aux enfers de Matt Murdock : c’est aussi celui de sa résurrection (au sens figuré, il n’est pas mort) alors qu’il a touché le fond de l’abime et du coup le combat contre Wilson Fisk prend une autre dimension, moins subtile et beaucoup plus bourrine. Le héros n’en sortira pas indemne, il n’a pas récupéré « sa vie » à la fin de l’histoire, mais il a retrouvé son grand amour et ensemble il tentent de soigner leurs blessures.
Renaissance est un récit passionnant à plus d’un titre, enrichissant la mythologie de Daredevil en introduisant notamment ses convictions religieuses ou encore le personnage de sa mère qui n’est pas morte comme on l’a longtemps cru. Le personnage de Ben Urich, témoin impuissant de la descente aux enfers de l’ami dont il a si longtemps gardé le secret et victime de sa propre intégrité morale, est également parfaitement bien exploité et reflète l’angoisse du lecteur qui ne sait pas trop ce qu’il va advenir de son héros. Mais ce qui ressort également de cette histoire est la haine viscérale que ressentent Matt Murdock et Wilson Fisk l’un pour l’autre. Une fois que le premier a compris que c’est le second qui est à l’origine de tous ses ennuis, il aura l’obsession de le terrasser. Et une fois que Matt Murdock commence à sortir la tête de l’eau, c’est Wilson Fisk qui aura comme obsession de le le détruire, allant jusqu’à lâcher un fou furieux nommé Nuke dans Hell’s Kitchen qui devient une zone de guerre.
Mais Renaissance est aussi un cadeau empoisonné pour les auteurs qui ont pris le relai de Frank Miller. Difficile de passer derrière un récit de cette envergure où toutes les fêlures psychologiques du personnage sont ainsi dévoilées tandis que sa santé mentale vole en éclats. A l’exception d’Ann Nocenti puis plus récemment de Mark Waid, les auteurs qui ont oeuvré sur Daredevil se sont retrouvés prisonniers du carcan de Renaissance, malgré leur talent (cela se sent notamment dans le run de Bendis). Cela reste en tout cas une histoire très forte, et à mon avis la meilleure histoire super héroïque de Frank Miller (je vais peut être me faire des ennemis mais je la trouve supérieure à Batman – The Dark Knight returns).
Du côté du dessin, nous avons également droit à une prestation époustouflante de David Mazzucchelli. Je reste marqué par cette image de Daredevil pendant son combat contre Nuke, alors qu’il remet son costume pour la première fois depuis le point d’orgue de sa déchéance, à savoir l’explosion de sa maison.
Un dessin qui m’a marqué pendant toutes ces années, et d’ailleurs j’en ai un poster dans mon bureau. 😉 Les planches de Renaissance sont vraiment superbes et contribuent à faire de cette histoire un très grand moment de la carrière de Daredevil.
Franck , tu devrais essayer de trouver l’édition panini (le n°8 de « Les grandes sagas) , il manque une page dans l’édition Bethy.Page présente dans les éditions Glénat et panini et qui a une réelle importance sur la portée religieuse de l’histoire.
Que tu trouves cette histoire meilleure que TDKR , quelque part ça ne me choque pas(et c’est un fan hardcore de la chauve-souris qui l’écrit) .Batman n’a pas attendu Miller pour être « Dark et torturé » (Il l’était à ses débuts , il l’était avec O’Neil/Adams après la période sixties), pour DD c’était différent.Le personnage n’avait jamais été exploité de cette façon , DD oscillait entre le comique et le chiant pour moi.Il n’ y a eu que la période Colan avec la veuve noire qui soit intéressante à mes yeux sur cette série avant la période Miller dessinateur puis scénariste.
DD est plus intéressant en héros Hard Boiled dans les quartiers de Hell’s Kitchen que contre des vilains fantaisistes ou cosmiques.
Essaie de trouver la version « les grandes sagas » , tu devrais pouvoir le trouver ou d’occasion sans trop de difficulté , et après Lug et Bethy , tu auras enfin une version non charcutée.;-)
En fait j’ai aussi l’ominibus DD par Miller donc j’ai déjà la version complète. Mais je reste plus attaché à mon album Betth pour des raisons sentimentales 🙂
OK !
J’avais la version complète en Glénat , mais les couvertures ont eu « la maladie » de cette collection.Le plastique des couvertures qui plissent.Cool que panini ai fait une version abordable hors omnibus.Puis Nicole Duclos à la trad’ , pas de problème je prends !
Correction: »Essaie de trouver la version « les grandes sagas » , tu devrais pouvoir le trouver NEUF ou d’occasion sans trop de difficulté » (« Caffeine caffeine a little speed is all i need ») 🙂
Yep il manque une pieta (Matt dans les bras de Maggie).
Bon pour moi c est le meilleur recit superheroique en univers partagé.
Non seulement DD y est magistral mais Cap America qui apparait à la fin est magitralement mis en scene (scenar et graphiquement).
Apres je suis pas d accord avec toi ni Holdwig…
DD était déjà sur la pente du polar avec McKenzie (d ailleurs encore scenariste sur les 1ers Miller et parfois avec Wolfman (Deathstalker et Copperhead par ex).
D autre part le cadeau empoisonné aura été long mais aura eu 2 embellies:
-La periode Nocenti qui pour moi est la meilleure aprés les periodes Miller.. Si l atmosphere est noire, son runa une personnalité.. ira plus loin avec la religion et d autres éléments (femmes…)
-La periode Kesel qui etait trés sympa avec Nord au dessin et déjà avait le parfum de Waid… trop tôt surement…
Pour Born Again, il y a aussi la version comics USA en 4 tomes (non censurée mais traduit le TP US d’époque (qui expurgeait toutes references a d autres histoires). Pour cette histoire, le debut avec le gladiateur est pas mal trasformée…. et puis il y a l Omnibus Panini.
J’ai failli la prendre par nostalgie la version Comics USA, je l’ai vue la semaine dernière 🙂
moi j’ai l’omnibus de Panini comme ca….
J ai été un peu décu par la trad.. pas qu’il y ait des erreurs mais à certains moments.. on dirait qu il a fallu s’eloigner de la précédente… cat l’arrivée des vengeurs…. est un peu surprenante quand on met VO et VF à coté (et donne moins ..) (la partie « une voix qui pourrait commander les dieux… .. et le fait! »)
Elle est un peu moins réussie qu’avant en effet.