Cela fait quelques temps que j’ai en ma possession Batman Arkham Origins. Voici maintenant ce que je pense de ce nouveau volet de la série Arkham.
Il y a quelques années, Batman Arkham Asylum avait fait grand bruit en devenant la référence des adaptations de personnages de comics en jeu vidéo (d’un autre côté, à part les jeux Lego la concurrence était plutôt faible). Un second opus, Batman Arkham City, a continué sur la même lancée en proposant une suite très améliorée des aventures de Batman. Arkham Origins, comme son nom l’indique, se situe avant les deux autres volets. Toujours édité par Warner, ce jeu est cette fois développé par Warner Games Montreal au lieu du studio Rocksteady qui a conçu les deux premiers. Est-ce que ce troisième volet est à la hauteur de ses prédécesseurs ? Je dirais oui et non.
L’histoire se passe donc au début de la carrière de Batman, qui est considéré comme une légende urbaine. La police de Gotham City est corrompue jusqu’à la moelle, l’intègre Jim Gordon n’étant pas encore à sa tête. Batman doit lutter contre de mystérieux adversaires particulièrement redoutables, dans une histoire riche en surprises. Contrairement aux deux autres volets, on ne trouve pas Paul Dini au scénario, et cela se sent. En effet, même si l’histoire est plutôt bonne (sans toutefois atteindre le niveau des récits de Dini), il y a de gros soucis de cohérence : Batman se retrouve à utiliser des gadgets qui seront « découverts » dans Arkham City (et qui sont pour le coup plus pratiques que les versions ultérieures), voire d’autres gadgets similaires à ceux qu’il inventera plus tard et qui donc le dispenseraient en toute logique d’utiliser d’autres versions plus tard. De même, l’aspect « légende urbaine » est ambigu, car les vilains semblent tous bien connaître Batman et ne pas être surpris de le croiser. Du coup l’histoire a continuellement le cul entre deux chaises et fait office de prequel boiteux, le terme « Origins » étant pour le coup assez mensonger.
Le jeu en lui même est agréable à jouer, les joueurs des deux autres volets retrouvant rapidement leurs marques et pouvant rapidement profiter des améliorations du système de jeu. Nous avons en effet droit à un mode détective très complet, permettant d’utiliser des scènes de crime pour comprendre ce qui s’est passé, une grande carte de jeu et je trouve que le système de vol plané avec les plongeons est plus souple. Mais en fait cette continuité est également là ou le bât blesse : Arkham Origins fait plutôt penser à un super DLC pour Arkham City qu’à un jeu complet, en reprenant pas mal de choses de ce dernier (mêmes armes appelées autrement ou simplement maquillées, situations similaires…). Manque de chance, il coûte le prix d’un jeu complet…
Du point de vue technique, le graphisme (sur XBox 360) est joli et à mon avis plus réussi que les deux précédents volets. Le personnage se contrôle bien, et la musique est tout simplement excellente (je conseille de jouer au casque, immersion garantie). Par contre je trouve vraiment ahurissant que certaines cinématiques (surtout celles liées à la Batwing) soient très saccadées. On ne me fera pas croire qu’au cours du processus de validation personne ne s’est rendu compte que ces cinématiques – qui reviennent souvent – étaient aussi saccadées.
Et puisqu’on parle de points qui fâchent, parlons justement de ce qui m’est resté en travers de la gorge : le jeu est bourré de bugs. Oui vous avez bien lu. En voici une liste non exhaustive :
- Une mission annexe qui ne se complète pas parce que l’adversaire disparait (oui oui il se volatilise) et du coup il est impossible de la recommencer pour la boucler.
- Des gels du jeu totalement aléatoires
- Des personnages qui fusionnent avec les décors dans les missions d’infiltration, devenant ainsi intuables (mais pouvant toujours vous canarder)
- Des objectifs de mission qui n’apparaissent pas toujours
- Un ascenseur qui disparait pendant qu’on cherche les bonus, coinçant totalement le joueur et sauvegardant en plus à ce moment là (vive le cloud pour ne pas recommencer au début)
Si vous êtes curieux, allez donc jeter un oeil sur le site de WB Games, le contenu des différents patches est édifiant.
Franchement, un produit avec autant de bugs c’est absolument inacceptable. En plus les corrections tardent à arriver, et je suis assez irrité quand je vois des messages de l’équipe support nous « remerciant pour notre patience » tandis que l’on guette l’arrivée des patches (le patch pour corriger la plupart des soucis sur XBox est encore en validation au moment où j’écris ces lignes). Pour avoir pas mal d’années de développement sous le coude, je sais pertinemment que cette activité est particulièrement complexe et qu’un jeu vidéo est de nos jours une grosse machine. Mais là on dirait vraiment que l’équipe de WB Games Montréal a récupéré le code source développé par Rocksteady, cassé plein de trucs en le modifiant et s’arrache les cheveux pour réparer. Cela donne une image d’amateurisme peu compatible avec un jeu de cette envergure.
Concernant le multijoueur, je n’ai pas pu le tester vu que j’ai jamais eu assez de personnes en ligne pour le lancer. Et concernant les DLC, en dehors de ce qui est disponible avec le jeu (le pack Deahstroke notamment) il faut faire l’acquisition d’un « season pass » qui donnera droit à différents contenus (dont une nouvelle campagne solo) au fur et à mesure de leur sortie. Franchement, payer 19€ pour avoir au début un tout petit peu de contenus (2 au début, puis quelques skins) et attendre ensuite que l’éditeur daigne mettre le reste en ligne, je trouve ça vraiment scandaleux. Déjà que je n’adhère que modérément au concept des DLC, là je suis franchement hostile à ce concept de « DLC à crédit » qui repousse les limites de l’exploitation du joueur.
En dehors de tous ces points négatifs, j’ai tout de même beaucoup apprécié de revêtir une nouvelle fois la tenue de Batman dans le traditionnel mélange d’énigmes, de combats (plus nombreux cette fois) et d’infiltration de la série Arkham avec quelques trouvailles plutôt bien vues vers la fin du jeu. La durée de vie est plutôt élevée, avec pas mal de quêtes annexes que l’on peut compléter pendant ou après l’histoire principale. Mais franchement, ce n’est vraiment pas un produit fini, au mieux une beta version sortie à la hâte dont les joueurs sont une fois de plus les testeurs bénévoles. Si je peux vous donner un conseil, c’est d’attendre avant de l’acheter car non seulement il sera moins cher mais en plus il y aura peut être enfin tous les patches en ligne.
Deja à 40€ sur PS3 à la Fnac.
Les packs DLC sont en promo sur le PSN.
Acheté pas encore joué.
Un seul mot pour l’achat de jeu video ne necessitant pas le multi-joueur: patience!
Pour les « DLCs à crédit »: quelle différence avec une souscription d’une intégrale PhotoniK?
D’habitude je suis d’accord avec toi, je n’achète que très rarement des jeux en jour 1 (et je privilégie l’occasion). Mais bon là y’avait la statue ! 🙂
Sinon pour le DLC la situation est très différente de la souscription. Dans le cas de cette dernière, il s’agit d’une précommande d’un produit fini et de surcroit par une petite structure qui a besoin de ces précommandes pour lancer le projet. Là il s’agit non seulement d’une grosse structure, mais en plus d’un jeu « en kit » (le principe du DLC) et là on paie pour un contenu qu’on a par petits bouts car il n’est sûrement même pas fini. Double dose de kit en somme…