Pour cette quinzième édition, Autres bulles se penche sur deux titres de la collection Flesh and bones de Glénat.
Escape this | |
Glénat Comics 128 pages – 9.99€ Stéphane Betbeder |
Trouveront-ils la clé pour s’en sortir ?
Quatre individus sans lien apparent, disséminés de par le monde, se retrouvent mystérieusement projetés dans la même pièce. Ici, les règles du jeu sont simples : ils ont une heure pour trouver comment en sortir. Sinon ils meurent. Bien qu’ils ne se connaissent pas, les prisonniers vont devoir mettre leurs ressources en commun pour résoudre les énigmes mortelles de cette escape room infernale et découvrir le lien qui les unit…
Les Escape game, qui consistent à s’échapper d’une pièce en résolvant des énigmes, sont particulièrement en vogue. Mais il suffit de peu de choses pour que le divertissement tourne au cauchemar.
Le récit de Stéphane Betbeder commence de façon assez abrupte : il nous présente en effet plusieurs personnages, qui n’ont à priori aucun lien entre eux et surtout connaissent visiblement une fin tragique… avant de se retrouver sans que l’on sache trop comment tous ensemble dans une Escape room ! Partant de là, l’auteur tisse un récit où le lecteur est tout aussi désorienté que les protagonistes de cette drôle d’histoire, et tout comme eux sursaute à chaque nouvelle péripétie. Les différentes énigmes sont d’ailleurs bien pensées, avec de très bonnes trouvailles dans le genre.
Le récit est assez dur, car les personnages doivent se livrer à des actes assez extrêmes pour survivre. L’auteur en profite pour glisser des choses très actuelles pour construire l’histoire des personnages, ce qui fait que certains passages ne sont pas forcément très gais non plus. En fait, tout cet album est sombre, car la mort est omniprésente dans cette histoire et ce à plus d’un titre même si je n’en dirai pas plus pour ne pas faire de spoiler.
En tout cas la construction de l’histoire est impeccable, avec une progression vers un dénouement surprenant mais bien trouvé. Le récit est angoissant, à chaque page on se demande jusqu’où l’auteur va aller pour martyriser ses personnages. Et surtout ce qui est intéressant, c’est qu’il y a beaucoup d’efficacité dans la livraison des clefs de l’intrigue au lecteur : on ne connait pas le fin mot de tout ceci dès le départ, il faut tout autant que les personnages avancer pour se voir donner quelques pistes avant que toutes les pièces du puzzle ne s’emboîtent. En fait on pourrait presque dire que le lecteur est tout autant prisonnier d’une escape room que les personnages de l’histoire et il en sort une fois que tout a été révélé.
Du côté du dessin, le trait de Feredico Pietrobon colle parfaitement à l’ambiance de l’histoire. Le noir et blanc sied fort bien à l’ambiance, et permet d’atténuer certains passages un peu sanguinolents même s’il n’y a rien non plus de vraiment dérangeant sur le plan graphique.
Un excellent album, mystérieux et captivant.
Winter station | |
Glénat Comics 128 pages – 9.99€ Christophe Bec |
Qui a dit qu’il faisait chaud en enfer ?
Lisa Langlois, jeune agent immobilier, est envoyée sur le projet de restauration d’une station de ski à moitié abandonnée dans la Sierra Nevada. Chalets délabrés, hôtels désaffectés, remontées mécaniques rouillées… le lieu est glauque à souhait. Seule femme au milieu d’ouvriers, isolée dans cet enfer de glace, Lisa se dit que les deux mois sur place risquent d’être interminables. D’autant que quelques jours après son arrivée, le cadavre d’un homme est retrouvé, égorgé. Visiblement, un psychopathe semble avoir élu domicile dans la station. Et Lisa pourrait bien être sa prochaine cible…
Une station de sports d’hiver, isolée dans la montagne : voilà de quoi servir de cadre à bien des histoires angoissantes. Et justement, c’est le cas dans cet album.
Christophe Bec utilise donc ce cadre sinistre pour nous livrer un récit où les rebondissements sont nombreux. Au début, il est un peu ardu de relier ensemble ce qui semble être des sous-intrigues différentes, mais au final tout est lié et cela s’avère très logique. Mais par contre, ce qui est dommage c’est que l’intrigue donne régulièrement l’impression de partir dans tous les sens. Au moins, cela a le mérite de brouiller les pistes mais du coup il est également plus ardu de rester bien focalisé sur l’histoire.
L’auteur n’a en tout cas pas fait les choses à moitié en ce qui concerne le côté sinistre de son histoire, avec un certain nombre (voire un nombre certains) de choses glauques. On dirait même que dans le domaine, il a poussé tous les curseurs vers la position maximale ! Mais cela sied parfaitement à son intrigue, et puisque justement l’objectif de cette collection est de permettre au lecteur de se faire peur le moins qu’on puisse dire c’est qu’il en a pour son argent.
Cet album est en tout cas plein de bonnes idées très bien exploitées, avec une exécution très cinématographique qui fait même penser que si une adaptation devait en voir le jour il suffirait quasiment de suivre la BD à la lettre comme fil directeur. Les surprises, très souvent désagréables, sont nombreuses et promptes à faire sursauter le lecteur en quête de sensations fortes.
La partie graphique est quant à elle assurée par Cristi Pacurariu, et s’avère tout à fait réussie. Le noir et blanc pour une histoire se passant dans un cadre neigeux est une bonne idée, et cela contribue à installer une ambiance angoissante.
Un très bon album, qui aurait juste gagné à partir un peu moins dans tous les sens.
Très bon choix, j’adore cette collection, je les ai (presque) tous !!!