Le 28 septembre dernier, un très beau livre intitulé Nos années Strange est sorti en librairie, pour le plus grand bonheur des lecteurs de comics.
Sébastien Carletti, co-auteur du livre avec Jean-Marc Lainé, a eu la gentillesse de répondre à quelques questions à propos de cet ouvrage.
Q : M. Carletti bonjour, et merci d’avoir accepté cette interview. Pouvez-vous vous présenter pour les lecteurs de Watchtower Comics ?
R : Bon, déjà « M. Carletti », c’est mon papa. Moi c’est Sébastien :-). Je suis né en 76, je vis à Paris. Comme beaucoup je suis passionné depuis toujours par l’imaginaire en général, et je cultive les trésors d’enfants de la génération 70/80.
Q : Comment est venue l’idée de Nos années Strange ?
R : Avant de parler d’idée je mettrais en avant l’envie. L’idée a traversé l’esprit de nombreux amoureux du sujet, peut-être encore plus « connaisseurs » que le duo que nous avons formé avec Jean-Marc. Mais notre envie a été très forte, et a pu faire que l’idée se matérialise.
Q : Vous êtes deux auteurs à avoir travaillé sur cet ouvrage, vous-même et Jean-Marc Lainé. Comment vous êtes-vous réparti le travail ?
R : J’ai pris l’initiative de contacter Jean-Marc sur les recommandations de Jérôme Wicky. Je ne connaissais Jim qu’à travers son travail. Il a un bagage bien plus important que le mien, aussi lorsqu’il a été question que nous soyons co-auteurs alors que je n’avais qu’une « valisette » sous le bras, on peut dire que j’étais « dans mes petits souliers ». En quelques jours j’ai pu avoir confirmation que j’avais en face de moi un gros travailleur, érudit, organisé, carré, ouvert, pragmatique. Le rêve.
Un chemin de fer a été assez vite pondu. Et la répartition s’est faite assez naturellement, en fonction de la valeur ajoutée de chacun. J’allais donc dans une premier temps me charger de tâcher de convaincre l’éditeur (Flammarion), et entamer des discussions pour l’exploitation de la marque « Strange ». Une fois le chemin de fer terminé, il a été évident que Jim allait assumer une grande partie de la responsabilité du rédactionnel (70%). J’allais donc me charger de la constitution de la base iconographique et de l’architecture de la maquette, en plus de la partie rédactionnelle restante. On pourrait dire que le « fond » de l’ouvrage est en majorité le fruit du travail de Jim, et que pour la forme, ce fut ma mission, sans pour autant négliger le fond des chapitres consacrés à tout ce qui est « hors papier » (TV, Cinéma et produits dérivés).
Q : Combien de temps a pris la réalisation de ce livre ?
R : Environ un an. Comme nous avons mis l’accent sur « l’organisation » dès l’origine, le déroulement a été plutôt fluide. Les impairs ont été gérés. Le maquettiste à l’origine devait être Moscow Eye (http://www.france-comics.com/article.php3?id_article=4872). Lorsqu’il a réalisé qu’il ne pourrait nous suivre jusqu’au bout, il a trouvé un remplaçant avant même de nous parler de son désistement. Bref, un comportement pro, trouver une solution avant d’évoquer le problème. Pour ma part, faire ce bouquin n’a eu aucun impact sur ma vie « normale », tant personnelle que professionnelle, par exemple, ce qui n’a pas été le cas de mon premier projet.
Q : « Nos années Strange » est préfacé par Alexandre Astier. Comment s’est-il retrouvé impliqué dans le projet ?
R : J’ai fait la démarche de prendre contact avec lui. Je lui ai adressé un exemplaire de « Nos jouets 70-80 », qu’il a apparemment apprécié, avec un petit mot lui demandant s’il serait d’accord pour préfacer le prochain, en lui précisant le sujet. Ses premiers mots (écrits) ont été « carrément, je le fais ! ». Et il l’a fait. Et on a adoré. On le remercie à nouveau, d’ailleurs !
Q : Vous êtes déjà co-auteur d’un très bel ouvrage intitulé « Nos jouets 70-80 », ne seriez vous pas un grand nostalgique ? 😉
R : C’est assez ambigu. Je suis à la fois partisan du « li fet met » (ce qui est passé est mort) tout en m’attachant à conserver des traces du passé. Disons que j’aime l’idée de participer à des projets qui fédèrent autour d’une culture populaire commune, et qui génèrent une « émotion positive ».
Q : Dans « vos » années Strange, quelle était votre série préférée ?
R : L’Araignée, Rom et la Division Alpha. J’avais aussi un gros faible pour Photonik. Son alter-ego bossu, son menton formé de deux pointes…
Q : Etes-vous lecteur de comics plus contemporains, et si oui quelles sont les séries que vous suivez ?
R : Pour les comics « super-héroïques », je ne suis plus vraiment de séries régulières. En fait, depuis longtemps j’aime beaucoup deux choses : les « origin stories » revisitées (comme « Secret Origin » sur Superman, de Geoff Jones et Gary Frank), et les digressions (souvent « transgressives ») du genre « Marvel Zombies » ou « Old Man Logan ». Et tout ce qui est signé Busiek. Avant, j’étais un ayatollah de la continuité, au point de pondre une « théorie » concernant les crossovers DC / Marvel (et les mettre dans la continuité de chaque univers, malgré des évènements comme Crisis). Ca a même donné un site (en 1997/1998 je crois). Maintenant, je suis dans l’acceptation : « mon » Spider-Man ne sera pas celui des enfants des années 2030. Niveau dessins, dès que c’est du Alan Davis, mon œil est attiré.
Sinon, pas très original, mais je suis « Walking Dead » en VF.
Q : Maintenant que Nos années Strange est en rayon, quels sont vos projets ? Avez-vous un prochain ouvrage en préparation ?
R : On va déjà voir comment celui-ci fonctionne. Mais oui, j’ai d’autres projets. Jim aussi, of course. Mais il est trop tôt pour en parler.
Merci beaucoup Sébastien pour vos réponses à nos questions.
Merci à vous de consacrer du temps à nous trouver suffisamment dignes d’intérêt pour rédiger des questions :-)…
super sympa!Les questions sont classiques mais appropriées,les réponses vont de paire.C’est « émouvant » de constater que « notre » génération a une vraie identité,et que nous étions des précurseurs.
@Adam Warlock : Merci 🙂 Je vais essayer de progresser dans l’art difficile de l’interview 🙂
J’en profite pour signaler que les coquilles présentes à l’origine ont été corrigées depuis. 🙂