Le lundi c’est librairie !

Aujourd’hui, nous vous proposons la chronique de trois albums édités par Delcourt Comics.

Au programme :

• Dark Ride tome 3
• Adastra in Africa
• Somna

Chaque lundi, nous vous proposons dans notre rubrique Le lundi c’est librairie !  la chronique de titres parus en librairie. Il peut tout aussi bien y avoir des titres très récents ou des avant-premières que des albums sortis moins récemment.

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Dark Ride tome 3

Maintenant que Sam sait comment le « Diable » est entré dans Devil Land, il s'intéresse de plus près à la première création de son père, l'attraction connue sous le nom de Mon Âme au Diable , afin de tenter de sauver sa fille, mais aussi de déterminer quel sera l'avenir du parc.

• Éditeur : Delcourt Comics
• Collection : Contrebande
• Prix : 17.50€
• Date de sortie : 08/01/2025
• Format : Couverture cartonnée, 112 pages
• Auteur(s) : Joshua Williamson / Andrei Bressan
• EAN : 9782413083047

     

 

Après un second tome riche en révélations, voici venu le temps non pas des rires et des chants mais plutôt des maléfiques aventures des personnages de Dark Ride.

Joshua Williamson conclut donc son histoire, en donnant au lecteur les ultimes clefs de cette version maléfique de Walt Disney. L’heure n’est donc plus aux suppositions ou aux théories, mais bel et bien aux faits !

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’auteur ne s’économise pas pour cette dernière partie de son récit. Mais du coup ces derniers épisodes donnent un sentiment de précipitation, comme s’il était temps de conclure et qu’il n’avait pas vu le temps passer. Ce n’est pas gênant en soi, mais ça surprend. De même, une intrigue secondaire tombe un peu comme un cheveu sur la soupe et au lieu de l’épicer cela la rend un poil moins digeste.

En dehors de ces quelques petits détails, le concept tourne toujours à plein régime et la lecture de cet ultime tome est très agréable. La fin est surprenante, mais s’avère être efficace et on peut apprécier que l’auteur ait maîtrisé un sujet pas forcément facile à tenir sous contrôle tout au long de son histoire. En tout cas, les lecteurs de Dark Ride risquent de regarder différemment les parcs d’attraction lorsqu’ils les visiteront par la suite !

Au dessin, on retrouve Andrei Bressan qui signe une nouvelle fois une bien jolie prestation. L’artiste est en grande forme et donne vie avec brio au monde sombre du parc d’attraction démoniaque imaginé par son collègue scénariste. Bien entendu, il reste quelques cases goûtues mais rien de trop méchant non plus.

Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par une postface signée de l’équipe créative ainsi que par une galerie d’illustrations.

Un excellent album, qui termine en beauté cette histoire même si quelques points sont perfectibles.

Adastra in Africa

Adastra in Africa met en scène une jeune déesse exilée qui se rend dans un village africain et s'efforce d'apporter le salut à cette région frappée par la famine. C'est l'histoire passionnante d'une étrangère qui tente d'utiliser ses propres méthodes non traditionnelles pour aider un peuple fier à retrouver sa vitalité, sans compromettre l'héritage et les valeurs de la tribu.

• Éditeur : Delcourt Comics
• Collection : Outsider
• Prix : 15.50€
• Date de sortie : 23/10/2024
• Format : Couverture cartonnée, 52 pages
• Auteur(s) : Barry Windsor-Smith
• EAN : 9782413080879

     

 

L’arrivée d’une déesse en Afrique peut prendre un tour tout à fait surprenant, comme nous le découvrons dans cette oeuvre semblable à nulle autre.

Comme précisé par l’éditeur, Adastra in Africa a une genèse peu commune : il s’agissait en effet à l’origine d’une suite du magistral Lifedeath de Barry Windsor-Smith, mais cette histoire est finalement restée en sommeil un moment dans un tiroir avant de prendre la forme que nous découvrons dans cet album.

Nous suivons donc la jeune princesse Adastra, qui bien entendu fait fortement penser à Tornade (ce qui est logique vu l’explication écrite ci-dessus). Adastra doit parvenir à aider la population africaine du village où elle a trouvé refuge, sans pour autant remettre en question le libre arbitre de cette population.

L’aide de l’Afrique par des étrangers est un sujet complexe, sur lequel des auteurs ont pu se casser les dents en ne sachant pas doser l’interventionnisme des protagonistes ou en sombrant – souvent involontairement – dans l’infantilisation des populations locales. Ce n’est nullement le cas ici.

Barry Windsor-Smith, qui a d’ores et déjà traité le sujet aux côtés de Chris Claremont du temps des X-Men, montre ici sa maîtrise totale de ce sujet difficile. Il met donc en confrontation les bonnes intentions d’une déesse décidée à aider les gens et la complexité de ne pas pour autant priver ces derniers de leur fierté et de leur culture. Dans le vrai monde de la vie de tous les jours, c’est aussi quelque chose de compliqué d’ailleurs.

L’auteur nous livre une histoire magistrale, où règnent une certaine poésie et une noblesse dans la narration. C’est tout simplement brillant, avec des dialogues efficaces et une façon de raconter tout à fait pertinente. Que vous aimiez ou non Barry Windsor-Smith, cet album mérite d’avoir sa chance de figurer dans votre bibliothèque !

Le graphisme de cette oeuvre, également signé Barry Windsor-Smith, n’est pas en reste car il est tout simplement prodigieux. Magnifié par le format de l’album, le dessin sonne aussi juste que les mots de l’auteur et l’élégant noir et blanc permet d’éviter de l’affaiblir avec une colorisation qui aurait pu perdre de son éclat avec les ans.

Côté bonus, une interview d’Adastra complète le sommaire de l’album.

Un excellent album, où le lecteur peut profiter d’une lecture empreinte de poésie sur un sujet difficile mais parfaitement maîtrisé par son auteur.

Somna

Un village anglais en pleine période de chasse aux sorcières au 17e siècle. Ingrid y est mariée à Roland, le chef des inquisiteurs. Il est entièrement dévoué à sa cause et délaisse sa femme, frustrée de ne pas voir ses simples besoins assouvis. Chaque nuit, elle retrouve une forme fantomatique qui l'entraine dans une spirale érotique où elle apprend à trouver le plaisir, en dépit de la honte qui l'assaille au réveil.

• Éditeur : Delcourt Comics
• Collection : Contrebande
• Prix : 25.50€
• Date de sortie : 13/11/2024
• Format : Couverture cartonnée, 192 pages
• Auteur(s) : Becky Cloonan, Tula Lotay
• EAN : 9782413084990

     

 

Lors d’une chasse aux sorcières, de curieux rêves faits par une des habitantes du village va avoir des conséquences inattendues.

Le point de départ de Somna, que nous devons au duo Becky Cloonan & Tula Lotay, est pour le moins surprenant car les autrices nous entrainent d’entrée de jeu dans les rêves d’Ingrid, mariée au chef des inquisiteurs d’un village du XVIIe siècle. Et ces rêves… ne sont pas vraiment pour tous les publics ! (la mention « pour lecteurs avertis » sur la couverture n’est pas là par hasard).

L’histoire de Somna est en effet fortement teintée d’érotisme, ne serait-ce qu’à travers cette curieuse connexion onirique entre Ingrid et une créature surnaturelle qui semble décidée à pousser la jeune femme dans ses derniers retranchements du point de vue de sa sexualité. Il faut dire aussi que vu l’époque les femmes ne sont pas vraiment gâtées dans ce registre…

C’est en effet un point fort de ce récit : une dénonciation du patriarcat implacable qui régnait à cette époque, où la sensualité des femmes était exclusivement pilotée par les hommes. En outre, tout comportement un peu hors norme était le plus souvent le chemin le plus court vers le bûcher ! Là dessus les autrices ont parfaitement fait leurs devoirs et livrent une reconstitution tout à fait fidèle et implacable de la réalité de ce siècle.

Par contre là où le bât blesse, c’est qu’on peine un peu à comprendre ce que Becky Cloonan et Tula Lotay veulent raconter. En dehors de ce qu’elles dénoncent, elles oscillent entre un thriller – avec une enquête sur les événements du village – et une histoire fantastique liée aux rêves d’Ingrid. La fin est par ailleurs frustrante, car la conclusion ne livre pas facilement au lecteur les ultimes clefs d’un récit intrigant. Fort heureusement, cet album est sauvé de l’oubli par un atout de taille : son dessin.

En effet le graphisme de Somna est quant à lui le vrai point fort de cet album. Réalisé à la fois par Becky Cloonan et Tula Lotay, le dessin est divisé en deux parties distinctes avec des styles très différents. Les deux styles, qui s’appliquent au « quotidien » et à la partie onirique du récit, sont très complémentaires et s’avèrent parfaitement réussie. La partie onirique est quant à elle tout simplement sublime, et par ailleurs c’est la partie la plus explicite du récit.

Du côté des bonus, nous avons droit à une galerie d’illustrations particulièrement fournie.

Un très bon album, qui est principalement sauvé par son magnifique graphisme même si le propos des autrices est quant à lui très pertinent.

C’est tout pour aujourd’hui !

Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.

Le sommaire de la prochaine chronique sera consacré à un ou plusieurs albums, rendez-vous la semaine prochaine !

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