Pour ce quarante troisième numéro de la rubrique Autres bulles, nous allons vous parler d’une adaptation de roman en roman graphique.
Au programme : Le meilleur des mondes par Fred Fordham d’après Aldous Huxley, édité par Philéas.
Après le très drôle Shonen Avengers, nous nous penchons sur l’adaptation d’un classique de la dystopie à l’ambiance beaucoup plus sérieuse.
Le meilleur des mondes | |
Philéas 240 pages – 21.90€ Octobre 2022 – Souple Format 16.5 x 23.6 cm Fred Fordham |
Publié pour la première fois en 1932, Le Meilleur des Mondes est l’une des œuvres les plus vénérées et les plus profondes de la littérature du XXe siècle. Abordant les thèmes de l’hédonisme et du contrôle, de l’humanité, de la technologie et de l’influence, le classique d’Aldous Huxley est un reflet et un avertissement pour l’époque à laquelle il a été écrit, mais reste terriblement pertinent aujourd’hui.
C’est à un monument du roman dystopique que s’est attaqué Fred Fordham : l’adaptation en roman graphique du roman Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, source d’inspiration d’autres œuvres dystopiques sorties au fil des ans.
Dans le futur, la société vit au sein d’un « Etat mondial » très strictement contrôlé : les êtres humains naissent en laboratoire et reçoivent un conditionnement qui décidera de ce que sera leur vie, l’apprentissage de l’Histoire est prohibé car jugé « inutile » et la population qui passe son temps entre travail cloisonné, relations physiques sans attaches et divertissements narcotiques abrutissants vit dans le culte de l’être suprême Henry Ford. Il existe encore des secteurs baptisés « réserves » où vivent des « sauvages » en dehors des codes de cette société « idéale », avec leurs propres usages et coutumes.
Vu comme ça, Le meilleur des mondes a l’air particulièrement sombre… et justement c’est le cas car c’est une œuvre totalement désespérée qui nous est proposée ici. La présentation de cette société qui repose sur l’eugénisme et l’abrutissement de sa population n’est en effet pas vraiment attrayante, ainsi que celle des « réserves » qui vivotent sur les superstitions de l’ancien monde qui a visiblement été balayé lors du conflit mondial de trop.
Après une présentation de cette société à travers celle de plusieurs personnages qui ne rentrent pas vraiment dans le moule, Le Meilleur des mondes introduit le personnage d’un « sauvage » qui est amené à découvrir cette partie du monde que ses habitants jugent idéale. Comme on peut le soupçonner, cette confrontation entre les deux sociétés ne se passera pas forcément très bien.
Le meilleur des mondes est une œuvre très pessimiste, d’autant plus qu’elle sonne comme un avertissement prophétique contre le mur dans lequel se dirige la société… et ce qui est d’autant plus déprimant, c’est que cette histoire date de 1932 ! Lorsqu’on lit Le meilleur des mondes, on ne peut que faire un rapprochement avec certains travers de notre société et entendre résonner une phrase célèbre à propos de temps de cerveau disponible vendu à Coca Cola…
Le point de vue des différents personnages de cette histoire est intéressant, montrant ainsi des personnages qui ne s’intègrent pas dans un monde où l’individualisme a cédé face à une approche collective et abrutissante gommant ainsi toute velléité de remise en question. La confrontation des deux mondes est très bien mise en scène, montrant ainsi les travers de chacun d’entre eux.
Comme nous le disions plus haut, les thématiques de Le meilleur des mondes ont été vues ailleurs par la suite. Difficile en effet de ne pas se dire que L’âge de cristal (Logan’s run en VO) ou même Bienvenue à GATTACA n’ont pas été nourris à différents niveaux par cette histoire qui fait œuvre de précurseur, et les références peuvent même être encore plus directes comme dans Demolition man. Cela pourrait jouer en défaveur de Le meilleur des mondes car à l’instar de John Carter, qui avait été abondamment pillé par tout un pan de la pop culture avant d’être adapté au cinéma, le lecteur découvrant cette histoire avec cette adaptation en roman graphique pourrait être tenté de juger que ce n’est pas vraiment nouveau alors qu’en fait c’est cette histoire qui en a inspiré d’autres !
Le meilleur des mondes est une lecture passionnante, qui n’accuse absolument pas son âge alors que le roman original a près d’un siècle ! L’adaptation est très fluide, avec une bonne utilisation de la représentation de l’histoire sous forme graphique.
Signé également par Fred Fordham, le graphisme de l’album est soigné et reflète parfaitement l’ambiance très particulière de l’histoire. Les visages des personnages sont expressifs, ne laissant aucun doute sur leurs sentiments parfaitement représentés.
Adaptant une référence du roman dystopique, Le meilleur des mondes est un roman graphique passionnant servi par un graphisme soigné.
Watchtower Comics a besoin de vous !
Watchtower Comics est un site autofinancé et indépendant, qui vous offre depuis 2006 des contenus quotidiens sans publicité et des services gratuits.
Tout ceci coûte cher et nous avons besoin d'aide pour poursuivre notre activité.
Vous appréciez notre travail et vous voulez nous soutenir ? Faites un don sur notre page Tipeee !
Derniers commentaires