Pour ce quarante et unième numéro de la rubrique Autres bulles, nous allons vous parler du premier tome d’un triptyque.

Au programme : Patriarchy tome 1 par Sylvain Runberg, Anna Saveg et Belen Ortega, édité par les Editions Caurette.

 

Après une adaptation de roman en BD chez Philéas, Autres bulles vous propose un album édité aux Editions Caurette.

 

 

Europe, 2077, cinquante ans après le premier conflit nucléaire mondial. Un monde en ruine a vu l’avènement d’un nouveau régime autoritaire : « Le Protectorat », une dictature masculiniste affirmant la supériorité naturelle des hommes sur les femmes. Mais depuis un ancien parc d’attractions transformé en forteresse, le clan des Valkyries lutte contre l’oppression, offrant un havre de paix et de résistance à celles qui les rejoignent. C’est là que vont s’affronter Sigrid et Kahina, autour de deux visions du monde qui les mèneront à un conflit dont l’enjeu sera l’avenir de ces femmes libres.

 

C’est dans un monde désolé que se déroule l’histoire racontée par Sylvain Runberg et Anna Saveg : une apocalypse nucléaire a eu eu lieu, balayant d’un revers de main la civilisation humaine. Ça pourrait être assez banal comme pitch (espérons que ça reste fictionnel d’ailleurs…) mais les auteurs ont ajouté une nuance qui a son importance : comme c’est une présidente qui a lancé les hostilités donc cela a déclenché en retour la formation d’une société fortement misogyne où les femmes ne doivent jamais retrouver le pouvoir.

C’est dans ce contexte que débute cette histoire, avec deux factions : le Protectorat d’un côté et les Valkyries de l’autre. Forcément, la situation est particulièrement tendue, et tandis que chacun(e) tente de tirer son épingle du jeu les rebondissements s’enchainent.

 

 

Racontant les tensions au sein même des factions, avec des rivalités et des alliances de circonstance parfois très inattendues, cette première partie du triptyque annoncé pour un premier cycle pose avec efficacité les bases de l’univers de désolation de ce récit post-apocalytique. Les auteurs prennent soin de mettre en avant les spécificités de leur récit, qui le différencient d’autres histoires sur les lendemains d’apocalypse. L’idée de mettre en scène une séparation entre les hommes et les femmes sur fond de rancune apocalyptique est excellente, et des thèmes très actuels peuvent être traités à travers le prisme post-apocalyptique de Patriarchy.

Le premier tome de Patriarchy est très intéressant, ne souffrant d’aucun temps mort grâce à une narration efficace qui fait avancer l’intrigue tout en prenant le temps d’informer le lecteur pour ne pas le perdre en route. Il y a quelques surprises qu’on ne voit pas vraiment arriver dans ce premier tome, qui est en tout cas suffisamment alléchant pour donner envie de poursuivre l’aventure.

 

 

Côté graphisme, les planches de Belen Ortega sont très soignées, avec un rendu très efficace du contexte post-apocalyptique de Patriarchy. Cette nouvelle société, bâtie sur les ruines de l’ancienne, est bien représentée en intégrant justement des endroits provenant de l’ancien monde et qui sont utilisés différemment. La colorisation d’Amparo Crespo est quant à elle tout à fait appropriée pour souligner l’atmosphère du récit.

Côté personnages, l’artiste a opté pour un style impliquant les codes du dessin asiatique, notamment au niveau des yeux.

 

Le premier tome de Patriarchy est intéressant, posant les bases d’un univers bien pensé au travers d’un récit bien rythmé.

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