Critique garantie sans spoilers de la saison 1 de The Boys, diffusée en 2019.
Avec Karl Urban, Jack Quaid, Laz Alonso, Tomer Kapon, Karen Fukuhara, Antony Starr, Erin Moriarty, Dominique McElligott, Jessie T. Usher, Chace Crawford, et Elisabeth Shue.
Les super-héros existent, mais ne sont pas pour autant aussi nobles et héroïques qu’on essaie de le faire croire. Après avoir perdu sa petite amie à cause de l’un d’entre eux, Hughie rejoint un groupe clandestin qui lutte contre les « supers » avec des méthodes musclées.
Boys are back in town
On les attendait, les voici : les p’tits gars de Billy Butcher sont arrivés ! Ce dernier, campé par un Karl Urban buriné, joue très vite la carte du psychopathe et s’avère particulièrement flippant.
A ses côtés, Hughie est interprété non pas par Simon Pegg – qui joue néanmoins son père – mais par Jack Quaid. Le comédien est parfait dans le rôle d’un personnage qui parait souvent totalement dépassé par cet univers de folie qu’il découvre.
La Crême (Mother Milk) et le Français, respectivement joués par Laz Alonzo et Tomer Kapon, ne peuvent pas se supporter mais fonctionnent bien ensemble. La Fille – Karen Fukuhara – est de son côté très inquiétante et la plupart du temps on se demande si elle ne va pas sauter à la gorge de quelqu’un !
Des « supers » peu recommandables
Face aux p’tits gars, on retrouve les Sept qui ne sont ni plus ni moins qu’une parodie de la Justice League mais avec au passage une critique grinçante des media et produits dérivés évoquant davantage le carton des production Marvel. C’est toute une industrie basée sur l’apparence et les faux semblants qui est ainsi passée au rouleau compresseur, mais avec aussi d’autres débouchés plus terre à terre et nettement plus sinistres.
Anthony Starr est juste parfait en Protecteur, tour à tour chaleureux et totalement cinglé, et à ses côtés les différents personnages qui usent et abusent de la position conférée par leurs pouvoirs sont très justement campés par leurs interprètes. Dominique McElligott est d’ailleurs très convaincante dans le rôle d’une Reine Maeve particulièrement usée.
Mais parmi les Sept se trouve aussi Stella (Starlight en VO), nouvelle venue interprétée par Erin Moriarty. Permettant de découvrir le monde des Sept tout comme Hughie permet de découvrir celui de leurs adversaires, le personnage au caractère bien trempé est intéressant et bien joué.
Parmi les personnages peu recommandables, on peut retrouver Elisabeth Shue dans un rôle de vice-présidente au service de la toute-puissante Vought. La comédienne est parfaite dans ce rôle, campant un personnage dont on ne sait jamais trop si on doit le détester ou le plaindre.
Bien fait, mais âmes sensibles s’abstenir !
Quand les bandes-annonces de la série laissaient voir une volonté de partir dans le même genre de délire trash que le comic book, on pouvait se douter que The Boys n’est pas une série familiale. Et effectivement, c’est bien le cas, la série est vraiment destinée à un public averti, très averti même. La série est donc très violente, avec des passages très gore : les corps explosent, les têtes volent ou éclatent, bref on vend du ketchup au litre ! En ce qui concerne les scènes plus intimes, là aussi c’est vraiment très cru. Mais on reste en-deçà de l’oeuvre de Garth Ennis qui avait été très loin.
Les effets spéciaux de la saison 1 sont très soignés, qu’il s’agisse donc de coller du sang et des cadavres mutilés partout ou de représenter les pouvoirs des « supers ». Qu’il s’agisse du Protecteur en plein vol ou des rafales de lumière de Stella, tout est vraiment très bien représenté et rien ne donne l’impression d’un budget étriqué ménagé avec des ruses grossières pour économiser un peu de sous.
Une adaptation plutôt lointaine
The Boys est une oeuvre à plusieurs niveaux de lecture, Garth Ennis allant au-delà d’un simple délire pipi-caca-sperme-sang pour au contraire livrer une histoire très bien construite savamment cachée derrière ces artifices outranciers qu’il utilise. A ce titre, on pouvait se demander si la série serait du même acabit, ou si au contraire elle serait plus édulcorée. Finalement, la première saison de The Boys n’est qu’une adaptation assez lointaine de son modèle. Certes on retrouve la fine équipe de Butcher, les Sept et Vought America (ici Vought International) et des éléments de l’intrigue des albums mais il y a beaucoup de différences. L’histoire de la saison a une chronologie différente et prend des directions surprenantes même lorsque l’on connait l’original sur le bout des doigts, avec certains parti-pris bien pensés, d’autres moins.
Les personnages sont aussi assez différents de leurs modèles, notamment les p’tits gars qui sont totalement dénués de super-pouvoirs en dehors de la Fille : Butcher est plus sombre et torturé dès les premières minutes, Hughie moins gentillet et surtout le Français est passé du barge lunaire à un trafiquant d’armes compilant tous les clichés sur les caïds de banlieue (et lorsqu’il parle en VO il appelle Butcher « Monsieur le charcutier » au lieu du terme plus exact de « Monsieur le boucher »). Les Sept sont aussi assez différents, avec notamment un Protecteur plus calculateur que son modèle et avec des motivations totalement inédites. Quant à Annie / Starlight elle est plus affirmée que dans les comics, ce qui à l’image de Hughie gomme le parallèle entre ces deux gentils naïfs qui s’en prennent plein la tête en apprenant la vie au prix fort. Enfin il y a des absents, comme la Légende et Terreur, et pour le moment les seuls « supers » que Butcher et ses collègues affrontent sont les Sept, même si Tech Paladin est évoqué au détour d’un dialogue.
L’autre grosse différence entre cette première saison de la série et le comic book concerne le ton général des épisodes : là où l’humour très noir et trash de Garth Ennis était omniprésent, les épisodes ont certes quelques petites touches d’humour noir de temps en temps – souvent aux dépends du même personnage d’ailleurs – mais cela reste globalement plus sérieux même si l’approche est plutôt décalée. Et c’est dommage, car l’humour potache de The Boys version Dynamite faisait partie de son charme.
En conclusion
Adaptation plutôt lointaine du comic book d’origine, cette première saison de The Boys est réussie même si on pourrait déplorer de ne pas retrouver le même humour décapant qui faisait tout le charme du travail de Garth Ennis et Darrick Robertson.
https://www.youtube.com/watch?v=06rueu_fh30
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