Critique de Venom, garantie sans spoilers.
Avec Tom Hardy, Michelle Williams, Riz Ahmed, Scott Haze, Reid Scott et Jenny Slate.
Après avoir tout perdu, le journaliste Eddie Brock se retrouve lié à une créature venue d’un autre monde. Ils sont… Venom !
Une gestation compliquée
Le moins qu’on puisse dire, c’est que cela n’aura pas été facile pour Venom d’arriver sur le grand écran. Déjà présent dans Spider-Man 3 malgré le fait que Sam Raimi n’en voulait pas, il a été envisagé à cette époque de lui consacrer un film solo. Puis la franchise a été rebootée, et là aussi il est envisagé de mettre en place un univers partagé et de donner sa chance à Venom. Et puis la franchise est re-rebootée avec Spider-Man qui s’en va dans le giron de Marvel Studios (Captain America : Civil War, Spider-Man : Homecoming, Avengers : Infinity War).
Mais il en faut plus pour décourager Sony Pictures, qui finit enfin par donner vie une nouvelle fois à Eddie Brock sur le grand écran. Tom Hardy prend donc la suite de Topher Grace pour incarner Eddie Brock dans un univers… sans Spider-Man ! Mais le film titille le fan en permanence avec un name dropping particulièrement poussé, et le choix de faire opérer Venom loin de New York entretient suffisamment le flou pour permettre une greffe future du personnage chez Marvel Studios. Le flou est même tellement présent que les responsable des différentes entités concernées (Marvel Studios et Sony Pictures) se sont contredits à plusieurs reprises lors de la promotion du film.
Venom ou pas Venom ? Telle est la question
Quand on décide d’adapter Venom sans Spider-Man, on peut se dire que l’adaptation sera forcément très libre. Les origines du personnage sont donc revisitées, en évacuant toute référence à Spider-Man, mais en conservant quelques fondamentaux et là aussi un certain degré de flou permet de rétropédaler ultérieurement sur l’absence du Tisseur.
Même chose pour le méchant du film : Carlton Drake est directement issu des pages de Spider-Man et de celles de Venom, mais ne sont conservés que quelques éléments de base. Malheureusement, le personnage perd son côté « méchant de cartoon » qu’il avait sur papier et s’avère assez transparent finalement.
En ce qui concerne Eddie Brock / Venom, l’adaptation est pour le moins curieuse car on a davantage l’impression d’un mélange entre Venom et Toxin (rejeton de Carnage, lui-même rejeton de Venom) : cela se sent particulièrement avec les échanges entre Eddie et son symbiote, qui font largement penser à ceux entre Toxin et son hôte, ainsi que le côté « brave type aux méthodes extrêmes » qui appartient davantage à ce dernier. Il faut dire aussi que l’absence de Spider-Man ôte un trait essentiel à Venom : la haine du symbiote et d’Eddie Brock envers le Tisseur est l’essence même du personnage, et donc il a bien fallu la remplacer par autre chose. Et puis les anti-héros, ça marche bien comme l’a montré Deadpool…
Le film donne d’ailleurs pas mal l’impression de lorgner vers le mercenaire taré de la Fox, ne serait-ce que par ses tentatives d’humour noir. Ca marche de temps en temps, mais faire du Deadpool sans le côté débile de ce dernier et sans les vannes pipi/caca qui vont avec ça marche beaucoup moins bien.
Le show du symbiote
Le symbiote de Venom est un vrai défi à représenter à l’écran : le résultat était déjà plutôt pas mal à l’époque de Spider-Man 3, mais la technologie évoluant avec les attentes du public, il fallait bien passer la vitesse supérieure pour représenter cet être étrange au cinéma.
Le rendu visuel de Venom est particulièrement réussi dans ce film, même si le côté assez lisse/caoutchouteux du symbiote surprend un peu au début. Forcément, puisqu’il n’y a pas de Spider-Man tous les aspects archachnéens du personnage sont évacués : en plus de l’absence du fameux symbole blanc, Venom version cinéma s’oriente davantage vers un personnage simiesque par ses attitudes et sa démarche avec même un clin d’oeil à King Kong !
Côté interprétation, par contre c’est moins la fête. Les comédiennes et comédiens sont soit transparents (les trois quarts d’entre eux), soit pas forcément super convaincants comme Tom Hardy, ce qui est gênant lorsque c’est la vedette du film. Rien de scandaleux non plus, mais ça reste tout de même très moyen sur ce plan et même côté écriture des personnages il manque le petit quelque chose qui ferait qu’on se sentirait concernés par ce leur arrive.
En conclusion
Sans être la purge décriée ici et là, Venom est simplement un film moyen qui se regarde mais sans plus. Au moins sur le plan visuel le symbiote est très convaincant, et la première scène post-générique vend du rêve !
Suis-je plus indulgent car il s’est fait bâcher de partout sur le net ?
Peut être car j’avoue que ce film n’est pas la purge à laquelle je m’attendais. Il a des défauts mais qui ne m’ont pas fait sortir de l’histoire. Il y a de bonnes scènes d’action et de castagnes et des interactions intéressantes entre les personnages (Eddie avec Venom, Eddie avec son ex). Il y a aussi une relecture plus ou moins fidèle du matériel de base mais ça on en a l’habitude.
Les fans de comics reprochent d’avoir un film bancal de Venom, du à l’absence de Spiderman… Comme tu le dis, tout le monde sait que l’essence même du personnage, c’est sa relation amour/haine avec Peter Parker…
Donc oui je suis complètement d’accord avec ça mais j’ai réussi à passer outre et j’ai passé un plutôt bon moment au final ^^
C’est super si le film t’a plu ! 🙂 En fait c’est entre autres le jeu de Tom Hardy qui m’a sorti du film…