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Le lundi c’est librairie ! #311

Le lundi c'est librairie !


Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de quatre albums édités par Panini Comics.

Au programme : Postal t1, Black Widow t2, Power Man & Iron Fist t2 et Daredevil t3.

Postal tome 1
Postal t1 - Juillet 2017

Panini Comics
Collection Bet of Fusion Comics

192 pages – 18€
Juillet 2017 – Cartonné

Matt Hawkins / Bryan Hill
Isaac Goodhart

Bienvenue à Eden, une ville bâtie par des criminels mais où aucun crime n’est autorisé. Lorsque le postier Mark Shiffron, souffrant du syndrome d’Asperger, découvre le corps sans vie d’une femme, il va se lancer dans une enquête qui va lui faire prendre conscience des secrets de la ville.
(Contient les épisodes US Postal 1-8, inédits)

Il est parfois des récits qui passent un peu sous le radar, noyés dans la profusion de titres proposés par les éditeurs, mais qui en fait sont véritablement excellents. Le premier tome de Postal est de ceux-là.

Matt Hawkins et Bryan Hill nous livrent en effet une histoire très réussie, utilisant avec intelligence un concept qui a pourtant toutes les chances d’être périlleux : une petite ville où ne vivent que des criminels. Tous les clichés et poncifs sont en effet à craindre, et même s’il faut être honnête et reconnaître que les auteurs ne les ont pas tous esquivés ce premier tome est vraiment très bien ficelé.

Le personnage principal, Mark, est quant à lui très bien caractérisés : il est en effet assez fréquent que le syndrome d’Asperger soit utilisé à tort et à travers, ce qui peut donner des versions assez caricaturales d’un trouble qui n’a vraiment rien de plaisant. Sans prétendre être un spécialiste en la matière, je pense néanmoins que l’approche choisie par les auteurs est plutôt dans le vrai concernant le syndrome, et le personnage de Mark semble dépeint avec beaucoup de justesse.

Ce premier tome est captivant de bout en bout, c’est simple on ne voit pas le temps passer à sa lecture tandis que les pages s’enchaînent. L’univers mis en place par les auteurs est très intéressant, et ouvre des perspectives qui ne le sont pas moins pour la suite de l’histoire.

Du côté du dessin, signé Isaac Goodhart, là aussi nous sommes gâtés. L’ambiance sombre de l’histoire est en effet très bien rendu par le style de l’artiste, qui nous gratifie de planches très réussies.

Un excellent album, qui exploite son concept avec beaucoup d’efficacité.




Black Widow tome 2
Black Widow t2 - Août 2017

Panini Comics
Collection 100% Marvel

128 pages – 15€
Août 2017 – Cartonné

Mark Waid
Chris Samnee

Tome 2/2
Natasha doit jouer un jeu dangereux si elle veut détruire la nouvelle version de la Chambre Rouge. Deux figures de son passé vont l’aider… ou la trahir ?
(Contient les épisodes US Black Widow (2016) 7-12, inédits)

Après un premier album très réussi, il est temps de retrouver l’intrépide Veuve noire dans la suite et fin des aventures qui lui sont consacrées.

Comme dans le premier tome, Mark Waid montre sa maîtrise de son sujet et de son personnage : l’histoire est en effet très soignée, avec une Veuve noire (oui je sais il faut dire Black Widow mais bon hein…) dont la caractérisation est en tous points conforme avec le personnage qu’on a l’habitude de croiser au détour d’une page. Natasha n’est pas un enfant de chœur, elle l’a déjà montré à de multiples reprises et ce n’est pas parce qu’il y a pire qu’elle qu’il faut non plus l’absoudre de ses actions passées plus que discutables. L’auteur reste cohérent sur cette vision du personnage, et glisse même par un subtil retcon un épisode vraiment peu flatteur de son passé sans que cela ne vienne contredire ce qu’on sait de son histoire.

L’album contient plusieurs histoires menées tambour battant, avec une très bonne utilisation du personnage de Natasha dans un registre qui lui va comme un gant : l’espionnage saupoudré d’action. Je suis juste un peu déçu qu’une intrigue secondaire qui se construisait doucement se voie assez brutalement abrégée, comme si l’auteur avait dû changer ses plans. Mais en dehors de cela il n’y a rien à redire, Mark Waid connait son boulot et le montre une fois encore avec un album aux histoires très soignées et qui se lit d’une traite. Pour le coup, c’est dommage que la série s’arrête, car même si sa fin est plutôt propre (nous n’avons pas une fin à l’arrache avec des choses en suspend) avec une telle qualité on en redemande.

Je ferai juste un petit aparté concernant la traduction : on va dire que je tape toujours sur les mêmes, mais la personne qui officie sur cet album livre un travail tout juste correct, avec au passage une jolie faute de conjugaison et un recours intermittent à des tics de langages malheureux qui lui sont caractéristiques.

Le dessin est de son côté une fois de plus assuré par un Chris Samnee toujours aussi inspiré. Ses planches sont dessinées avec élégance, et sa mise en page est très efficace. A noter que les tentatives de mimétisme entre le personnage de papier et son interprète à l’écran ne sont plus au programme.

Un très bon album, auquel je reproche juste d’avoir un peu sabordé son intrigue secondaire.




Power Man & Iron Fist tome 2
Power Man & Iron Fist t2 - Septembre 2017

Panini Comics
Collection 100% Marvel

112 pages – 14€
Septembre 2017 – Cartonné

David Walker
Sanford Greene / Flaviano / Scott Hepburn

Iron Fist est en prison. Que va faire Danny face aux criminels qu’il a fait enfermer ? Luke Cage ne va-t-il pas commettre l’irréparable en faisant évader son ami ? Et retrouvez les héros durant un Noël très particulier !
(Contient les épisodes US Power Man & Iron Fist (2016) 6-9 et Sweet Christmas Annual 1, inédits)

Même si le fait de faire revenir au premier plan le duo Luke Cage / Danny Rand semble plus ou moins lié à son apparition sous forme de série TV, ce second album montre une fois de plus que si c’était vraiment le cas l’auteur n’a pas choisi la façon la plus simple de surfer sur l’exposition télévisée des personnages.

En effet, David Walker n’opte pas du tout pour une utilisation des deux héros urbains dans la lignée de leur version télévisée (au contraire de Brian Michael Bendis qui de son côté semble remettre le personnage de Jessica Jones dans un contexte plus proche de ses aventures sur le petit écran) mais pour une approche plus légère. Comme dans le premier tome, nous avons donc droit à des histoires racontées sur un ton plutôt décalé (comme en témoignent la quasi-obsession de Luke Cage pour les expressions de remplacement pour les gros mots ou un casting plutôt improbable de second rôles) même si le fond est souvent tout ce qu’il y a de plus sérieux même s’il est traité avec dérision.

Civil War II est par exemple au sommaire de l’album, avec un tie-in plutôt bien fichu qui montre les dommages causés à la communauté super-héroïque par ce nouveau conflit fratricide. Mais le reste de l’album n’est pas en reste, les différentes histoires sont également intéressantes et l’approche choisie permet de bénéficier d’un moment de lecture agréable. L’histoire de Noël est cependant un peu barrée, avec une trouvaille bien pensée sur le mythe du Père Noël.

On pourra en tout cas apprécier sur tout l’album des caractérisations efficaces de Luke et Danny, avec des dialogues percutants et des vannes qui font mouche. Je n’aurai que deux (petits) bémols : le running gag sur les gros mots devient lourd à force, tout comme l’utilisation très intensive de petits panneaux introductifs pour tous les personnages (j’ai tendance à penser qu’au bout de trois épisodes si on ne sait pas qui est qui, alors on ne lit que d’un oeil…).

Du côté du dessin, le style des trois artistes à l’oeuvre est dans la même logique que le scénario. En effet, nous somme dans un trait qui ne se veut pas réaliste, et met en avant le côté un peu décalé de la narration sans toutefois aller jusqu’au cartoon ou la parodie.

Un très bon album, qui remplit fort bien son office de divertissement.




Daredevil tome 3
Daredevil t3 - Novembre 2017

Panini Comics
Collection 100% Marvel

128 pages – 15€
Novembre 2017 – Cartonné

Charles Soule
Ron Garney

Daredevil et Blindspot sont sur la piste d’un tueur en série aux pratiques ignobles. Les deux justiciers vont très vite découvrir que le meurtrier possède un secret lié à d’autres héros de l’univers Marvel.
(Contient les épisodes US Daredevil (2016) 10-14, inédits)

Dans ce troisième tome, Charles Soule place le protecteur de Hell’s Kitchen dans une situation on ne peut plus difficile : la traque d’un tueur en série.

Ce genre d’exercice est souvent périlleux, non seulement pour le personnage mais aussi pour son auteur : il est en effet très facile de partir dans le grand n’importe quoi, le tueur en série étant souvent propice aux clichés en tout genre largement nourris par une surexploitation dans la fiction. Charles Soule évite cependant les écueils potentiels en livrant un récit efficace de la traque d’un tueur absolument terrifiant.

L’auteur en profite d’ailleurs pour montrer qu’il a bien fait ses devoirs en faisant appel à un épisode du passé de Daredevil, en relation avec l’intrigue en cours (je n’en dis pas plus pour éviter les spoilers, d’ailleurs attention au résumé sur la quatrième de couverture). Ce troisième tome est très intéressant, avec une bonne dynamique du duo Daredevil / Blindspot et une utilisation judicieuse du status quo actuel de l’Homme sans peur.

Ce dernier est d’ailleurs montré sous un jour qui ne lui est pas forcément favorable : on voit une fois encore les limitations que son handicap posent à son activité de super-héros, même si habituellement elles sont atténuées par ses pouvoirs. En tout cas même s’il est clair que nous sommes toujours un bon cran en-dessous du run de Mark Waid qui est venu juste avant, la vision de Daredevil par Charles Soule est loin d’être inintéressante et les péripéties qu’il inflige à son personnage sont bien pensées.

Du côté du dessin, les planches de Ron Garney sont très soignées et contribuent à installer cette ambiance angoissante qui transpire des mots de Charles Soule. Le style de l’artiste est en effet très efficace pour dépeindre à la fois l’horreur (sans en faire des tonnes non plus) et les scènes d’action qui sont nombreuses dans cet album.

Un excellent album, sombre et efficace.





C’est tout pour aujourd’hui !

mdata

Franck – Fondateur et rédacteur en chef de Watchtower Comics. Tombé dans la marmite des comics quand il était petit, et n’a aucune intention d’en sortir. Lecteur éclectique : Marvel, DC, indé… Kryptonite : Les figurines de Baby Groot

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