Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique d’un album édité par Panini Comics.
Au programme : Machine Man.
Machine Man | |
Panini Comics 440 pages – 36€ Jack Kirby / Marv Wolfman / Tom De Falco / Roger Stern |
X-51 est une machine gouvernementale qui a développé une conscience. Il est Machine Man, le ‘fils’ d’Abel Stack, et il protégera l’humanité même en étant pourchassé par les militaires.
(Contient les épisodes US Machine Man 1-19, Hulk 234-237 et Marvel Comics Presents 10, publiés précédemment dans les revues TITANS (Semic) 32-53 et 6 inédits)
Il se murmure dans les milieux autorisés qu’aujourd’hui serait le centenaire de la naissance d’un certain Jacob Kurtzberg, entré dans l’histoire des comics sous le nom de Jack Kirby. Pourquoi donc ne pas en profiter pour se pencher sur la réédition récente des aventures de sa création nommée Machine Man ?
Machine Man est un personnage qui est apparu dans le comic book 2001, L’Odyssée de l’espace sous le nom de Mister Machine. Puis son créateur Jack Kirby a ensuite travaillé sur une série consacrée au personnage qui a désormais le nom de Machine Man. Pour des raisons de droits, l’album ne commence qu’avec la série et non sa première apparition, mais ce n’est pas un souci pour comprendre l’histoire.
Sous la plume de Jack Kirby, nous suivons donc les aventures du robot X-51 alias Machine Man, un robot pensant persécuté par l’armée des Etats Unis qui veut le récupérer pour le détruire mais aussi par de mystérieux ennemis qui veulent par contre en faire d’autres exemplaires. C’est une quête d’identité qui constitue le thème récurrent de cette première partie, Machine Man essayant de s’accepter et de trouver sa place au sein d’une humanité qui ne l’apprécie guère, ce qui est une thématique assez classique chez les héros Marvel mais qui se trouve ici exploitée à son paroxysme vu la nature d’Aaron Stack (le nom donné à Machine Man par son créateur) : en effet, même s’il est redouté voire haï par ses pairs, un super-héros n’a qu’à retirer son masque et il est est un humain comme les autres (au moins en apparence) tandis que Machine Man lui est le seul de son espèce.
Jack Kirby laisse en tout cas une nouvelle fois s’exprimer son sens de la démesure : adversaire d’amplitude cosmique (Ten For) et surtout une infinité de gadgets tous plus insolites les uns que les autres pour le robot pensant. En fait, à chaque épisode ou presque le personnage fait preuve de nouvelles capacités, et se sort toujours des situations les plus inextricables grâce à un dispositif plus ou moins exotique. En tout cas, cette partie de la série est vraiment passionnante : Machine Man est un personnage fascinant, et ses différentes (mes)aventures sont très intéressantes à suivre. Le ton est résolument sérieux, malgré une ou deux touches d’humour dans le registre pince sans rire.
Graphiquement, Jack Kirby signe des planches de toute beauté avec son style inimitable. On observera en tout cas que l’artiste a opté pour une représentation assez rétro des aventures de Machine Man, car même si la série date du milieu des années 1970 on jurerait plutôt se trouver dans les années 1960 à la vue des dessins.
Cette première partie des aventures de Machine Man se termine par une rencontre crossover avec Hulk, signée Roger Stern et Sal Buscema. Rencontre classique de personnages Marvel, qui comme de bien entendu finissent par se taper dessus assez rapidement. C’est également l’occasion de voir deux parias se rencontrer, à la fois Hulk qui est pourchassé par l’armée depuis pas mal de temps et Machine Man qui même s’il est en meilleurs termes avec les porteurs d’uniformes à ce moment de sa carrière reste tout de même en marge de l’humanité du fait de sa nature artificielle. C’est plutôt bien fichu, avec une bonne utilisation du personnage de Machine Man qui s’avère être un adversaire redoutable face à un Hulk déchaîné. Côté dessin, Sal Buscema prend la relève de Jack Kirby avec des planches très réussies mais tout de même bien sages face à la démesure du King.
Après cette transition, nous voici dans la seconde partie de la carrière de Machine Man : écrite par Marv Wolfman (Steve Ditko est co-scénariste) puis Tom De Falco, cette partie fait rentrer Machine Man dans le rang. En effet, en faisant évoluer la volonté du personnage d’étudier ses semblables les scénaristes en font plus ou moins un héros « ordinaire » avec une identité secrète et une activité « normale ». Il y a même une volonté de s’affranchir du côté exubérant des excès de Jack Kirby en redéfinissant le personnage avec une réduction drastique de ses gadgets (il ne serait pas aberrant de penser que le discours sur la nature expérimentale du personnage concerne également l’aspect éditorial de la série). Il faut être honnête : cette partie n’est pas la meilleure du livre, même si elle tout de même très correcte (pour mémoire, Lug n’a pas publié la fin de la série suite au tollé des lecteurs). Les tentatives d’humour tombent assez souvent à plat, et les sautes d’humeur de Machine Man sont même assez pénibles. Mais ça se lit plutôt pas mal, et le niveau remonte même avec l’arrivée de Tom De Falco.
On notera en tout cas qu’une partie des éléments repris ultérieurement dans le superbe récit futuriste consacré à Machine Man tirent pas mal d’éléments de cette période, et vu que ces épisodes étaient inédits en VF cela a un petit côté « Pierre de rosette » pour les lecteurs de l’époque qui n’avaient pas forcément toutes les cartes en main lors de la parution du Récit Complet Marvel.
Une autre rencontre est au programme, cette fois avec une partie d’Alpha Flight (rencontre qui avait été évoquée le temps d’un dialogue dans la série). Cette rencontre est largement moins réussie que celle avec Hulk, et reste très classique.
Graphiquement, cette seconde partie est un bon cran en-dessous de la première : le style de Steve Ditko sied assez mal à Machine Man, et les planches ont un rendu assez moyen. Quant aux autres artistes qui interviennent dans cette partie de l’album, ils livrent une prestation correcte mais sans plus.
L’album propose quelques bonus : une petite histoire, des éditos de l’époque signés Jack Kirby et des planches en noir et blanc de ce dernier et Steve Ditko.
Un très bon album, dont la première partie signée par le King domine le reste.
C’est tout pour aujourd’hui !
Derniers commentaires