Pour récupérer un peu le retard pris sur les chroniques de revues, je compte zapper le mois d’octobre. Cependant, j’ai envie de revenir sur la refonte du personnage de Thanos opérée par Jason Aaron.
AVERTISSEMENT : CET ARTICLE VA FAIRE PLEIN DE REVELATIONS SUR L’INTRIGUE DE MARVEL UNIVERSE 1.
NE POURSUIVEZ PAS VOTRE LECTURE SI CELA EST UN PROBLEME.
Dans ce premier numéro de la nouvelle mouture de Marvel Universe, nous avons droit à Thanos Rising, dans laquelle Jason Aaron s’attelle à une tâche on ne peut plus délicate : raconter les origines de Thanos, personnage emblématique du cosmique à la sauce Marvel revenant sous les feux de l’actualité à la suite d’un cameo à la fin d’un certain film sorti en 2012.
Créé par Jim Starlin dans les années 70, Thanos est du propre aveu de son créateur très fortement inspiré par le Darkseid de Jack Kirby. Il y a d’ailleurs une anecdote amusante à ce sujet : au départ Thanos ressemblait plus à Metron mais alors que Jim Starlin proposait son personnage à Roy Thomas ce dernier lui a répliqué « Si tu dois copier un des New Gods, copie au moins Darkseid qui est le meilleur ! ». Le personnage a pris de l’ampleur au cours du temps, devenant une menace de premier ordre dans tout ce qui a trait au cosmique. Dans Thanos Rising, nous assistons à ce qui avait souvent été mentionné de façon assez évasive, à savoir les origines du Titan. Nous voyons donc comment il devient la menace redoutée de l’univers Marvel, et ses rapports avec son amour de toujours, à savoir la Mort…sauf que Jason Aaron se prend totalement les pieds dans le tapis et dépeint un Thanos qui n’a finalement que peu de rapports avec ce qu’on connait de lui.
Dépeint comme un nihiliste, Thanos a toujours voulu conquérir l’amour de la Mort et pour ce faire est allé très loin. Que ce soit en utilisant le cube cosmique (ce qui ne lui a guère porté chance) ou en annihilant la moitié de l’univers avec le Gant d’Infinité, la vie des habitants de l’univers n’a jamais eu une grande importance pour Thanos par rapport à ses plans, mais ce n’est pas pour autant qu’il est un véritable tueur en série psychopathe comme le dépeint Jason Aaron (même s’il est incontestable qu’il a un pet au casque). Dans les pages de Thanos Rising, que voit-on ? Un gentil Titan que sa mère à voulu tuer à la naissance et qui de pacifiste devient à la suite de la mort brutale de ses amis un psychopathe qui torture et dissèque ses victimes. Jason Aaron donne l’impression d’avoir voulu faire un émule de Dexter à la sauce cosmique, faisant de Thanos un « simple » cinglé qui aime découper ses victimes. Sans compter qu’on tombe une fois de plus sur le cliché qui consiste à faire du « méchant » une simple victime qui a mal tourné parce qu’il a eu des problèmes.
Et puisqu’on parle de sa santé mentale, voici un autre aspect de Thanos qui est saccagé (n’ayons pas peur des mots) par Jason Aaron : sa relation avec la Mort. Cette dernière, entité conceptuelle dans l’univers Marvel (comme Ordre, Chaos, Eternité, etc…) est montrée ici comme une entité capricieuse et sadique, qui s’amuse à faire de Thanos son jouet et qui en plus pourrait même être une hallucination de ce dernier. Du coup tout l’aspect mystique de la relation entre Thanos et son amour de toujours passe complètement à la trappe, effaçant de très jolis moments narratifs qui nous avaient été proposés sous d’autres plumes comme tous les efforts de Thanos pour ne serait-ce qu’entendre une seule fois la Mort lui répondre (alors qu’ici il pourrait plus souhaiter qu’elle se taise).
Thanos, personnage emblématique de l’univers Marvel qui fascine autant qu’il effraie devient donc sous la plume de Jason Aaron un banal serial killer doté de grands pouvoirs et qui a probablement des hallucinations. On peut se plaindre de pas mal de retcon dans l’univers Marvel mais là c’est vraiment un saccage d’un personnage dans une histoire d’origines qui n’a finalement que peu d’intérêt car un tel personnage est bien plus intéressant en gardant sa part de mystère (un peu comme Wolverine en fait).
Le pire c’est que c’est Jason Aaron qui nous a pondu ce massacre. Cela aurait été le premier tâcheron venu, à la limite on ne se serait pas sentis trompés sur la marchandise. Mais de la part d’un si bon auteur, franchement cela surprend et déçoit en même temps. Est-ce que l’auteur s’est contenté du service minimum ou est ce qu’il a obéi à des consignes éditoriales pour faire un personnage plus « adaptable » ? Je n’en ai aucune idée, mais je dois dire que cette première déception sur un travail de Jason Aaron me reste sérieusement en travers de l’estomac et je n’ai qu’une envie : oublier ces origines très dispensables.
Comme toi je suis pas satisfaits…
Ce qui me dérange est pas de « trouuver une excuse » au personnage… A contrario je n ai pas aimé quand Ennis dans Born fait du Punisher un tueur parceque il est un tueur.. je preferais la version Grant ou Baron ou Potts qui le voyait basculer lentement (avec même un passé d’apprenti pretre)..
Ce qui me gène dans les 2 cas, c est justement la bascule….
Que le personnage soit un monstre depuis toujours ou qu il ait une « excuse » par rapport à son passé.. tout est un cliché.. Ce qui me gène c est de passer entierement de l un à l autre en oubliant la construction opérée avant…
Le punisher qui est avant tout humain me semble mieux fonctionner dans un basculement qui est aussi un bascumement suite à la guerre du vietnam..
Thanos qui fricote avec des entités archetypales fonctionne d autant mieux en archetype lui-même…
C’est bien vu en effet, c’est clair que passer d’un côté de ou de l’autre peut faire bizarre. C’est aussi pour ça que j’ai toujours eu du mal avec le « gentil » Magneto.
Je suis d’accord avec Fred, dans l’absolu tous les schémas sur « l’ascension du méchant » ont déjà été éprouvés. Ce qui fait la différence, c’est l’écriture et les choix scénaristiques. Et sur ce point je te rejoins Franck, avec peut-être un poil moins de véhémence.
Je ne comprends pas que Jason Aaron se soit enfoncé dans du médicalo-barbare (en gros) en ne travaillant jamais le côté mythique qui est propre à Thanos. Il y a du Krona chez lui, dans sa volonté de percer les mystères de l’univers (et c’est pas dans le gosier des lézards que l’on trouvera la réponse si vous voulez mon avis).Un choix d’autant plus étrange que le bonhomme travaille cette thématique chez Thor.
Et tu as parfaitement raison sur la caractérisation de la mort. Chez Sterlin, c’est un avatar tangible, alors qu’Aaron suggère que c’est une simple projection, symbole de la folie de Thanos. Et là je n’adhère pas du tout. On peut qualifier Thanos de tout ce que l’on veut, mais la folie ne s’applique pas au personnage.
Et en plus c’est pas très joli.
On va vite oublier tout ça…
Je dois dire que ma véhémence est à la hauteur de ma déception. J’attendais beaucoup de Jason Aaron sur ce titre, j’aime beaucoup ce qu’il fait en général (que ce soit en polar ou en super slip) et franchement je ne m’attendais pas à un tel carnage.
Le souci est peut etre dans le pitch de la série… avais t on besoin d une « origine » quand elle se résume vite…
Je te rejoins sur le caractère inutile de ces origines…
Et dire qu’ils voulaient nous vendre ça en deux parties au départ ^^
Je vous rejoins. C’est vraiment une déception.
Franchement, je ne vois pas qui pourrait avoir envie de lire d’autres histoires de Thanos si c’est son premier contact avec le personnage.
Nous sommes d’accord…