Comme quand j’étais môme… vous propose aujourd’hui la chronique d’un numéro de Strange.

Strange 193 a été édité par Lug en janvier 1986 et contient des récits signés John Byrne, Roger Stern & John Romita Jr et Dennis O’Neil & William Johnson.

Janvier 1986… Pas mon mois préféré à cause d’un deuil dans ma famille… Mais par un drôle de clin d’oeil du destin (ou une simple coïncidence), il se trouve que cela a coïncidé avec la mort de Guardian dans les pages de la Division Alpha et comme John Byrne a pas mal écrit sur le sujet cela m’a beaucoup aidé à faire mon deuil. Je garde donc un souvenir assez particulier de cet épisode, mais par contre un excellent souvenir des épisodes de l’Araignée dont le premier m’avait beaucoup amusé (j’y pense souvent d’ailleurs). L’épisode de Daredevil aussi m’avait bien plu, après une période que j’avais moins appréciée.

La Division Alpha – Cauchemar !(Byrne)

Guardian est mort. Ca y’est, c’est fait, John Byrne a tué le chef de son équipe de super héros dans le numéro précédent. La mort étant souvent une sorte de passage obligé pour les super héros (« Si t’as jamais ressuscité t’as raté ta vie » pourrait presque être un slogan chez nos héros préférés), on pourrait penser que cela aurait été traité assez rapidement. Il n’en est rien, car l’auteur a choisi de traiter le deuil de son entourage, à savoir ses équipiers bien sûr mais surtout sa veuve Heather. La situation est traitée avec tact, en montrant dans quel état se trouve Heather mais sans en faire de trop non plus. Heather Hudson a du caractère, et elle le prouve en trouvant la force de continuer sa vie malgré le drame terrible qui la frappe. C’est aussi l’occasion pour John Byrne de montrer un aspect peu reluisant des équipes gouvernementales, les hautes instances étant toujours promptes à oublier ceux qui ont tout donné pour elle. C’est un épisode solide, forcément pauvre en action mais très bien écrit.

La partie graphique, également signée John Byrne, est tout aussi réussie. On retrouve bien entendu son style reconnaissable au premier coup d’oeil, et les visages sont particulièrement soignés.

A noter que la version présente dans ce numéro de Strange est censurée : il manque en effet deux pages, ce qui se sent un peu au niveau du cauchemar qui ouvre l’épisode.

L’Homme Araignée – Les songe-creux ! (Stern / Romita Jr)

Ca nous arrive à tous de rêvasser sur ce que pourrait être notre vie si elle était différente, et c’est sur ce sujet que Roger Stern nous propose un épisode particulièrement rafraichissant (je ne sais pas si c’est volontaire de la part de Lug de l’avoir mis après celui de la Division Alpha mais si c’est le cas c’est bien joué). Nous voici donc partis au sein des rêveries de Felicia Hardy, J Jonah Jameson, Mary Jane Watson et Peter Parker. C’est très amusant, limite parodique par moments, mais il ne faut pas négliger le fond derrière les facéties de l’auteur. Felicia a soif d’aventures, Jameson aimerait que l’on prenne sa croisade au sérieux, Mary Jane culpabilise à propos de sa soeur et Peter Parker souffre du syndrome de l’imposteur. Alors oui lu au premier degré, par de jeune lecteurs principalement, c’est un épisode rigolo mais en y réfléchissant bien c’est le portrait de quatre personnes qui ne sont pas heureuses dans leurs vies et c’est un peu triste.

La partie graphique signée John Romita Jr est de son côté très soignée. Le dessin des vilains qui prennent la pause ne manque jamais de me faire rire quand je le revois.

L’Homme Araignée – Interruptions (Stern / Romita Jr)

Un peu de sérieux maintenant avec la suite de l’enquête de l’Araignée sur les agissements de son nouveau pire ennemi : le Super Bouffon. Roger Stern nous remet dans le bain d’une véritable croisade du Tisseur pour trouver qui est ce dangereux individu et l’empêcher de nuire. Mais au final son enquête va le mener dans une toute autre direction, dont on aura la suite au prochain numéro… L’épisode est plaisant à lire, avec toujours une partie consacrée à la vie privée de Peter Parker qui est tout sauf reposante… On apprécie au passage un cameo de l’inénarrable Frog Man, toujours très drôle en apprenti super héros gaffeur.

L’intrépide Daredevil – A vue de nez ! (O’Neil / Johnson)

Après son séjour au Japon et un ultime face à face avec le Tireur, Daredevil ne baisse pas sa garde et se retrouve dans une situation difficile : il doit protéger Foggy Nelson – en grand danger – mais ses blessures l’en empêchent. Dennis O’Neil illustre très bien les frustration du personnage qui se sent impuissant, et nous livre ici un récit malin et bien ficelé avec une conclusion très bien trouvée. La présence de la Veuve noire est un plus non négligeable de l’épisode, montrant une fois de plus la forte complicité des deux héros malgré leur rupture.

La partie graphique, signée William Johnson, est quant à elle correcte mais sans plus. La Veuve noire est magnifiquement dessinée, mais pour le reste c’est pas mal mais sans plus. Et j’avoue que je n’aime pas trop le rendu graphique de Foggy Nelson à cette période…