C’est ce mois-ci que s’achève l’arc Les origines secrètes de Tony Stark, qui redéfinit le passé du héros à l’armure métallique. Je vous propose de revenir sur ces nouvelles origines signées Kieron Gillen.
Au cours de la longue carrière des super héros de chez Marvel, il arrive que l’éditeur procède à des retcon (abbréviation de retroactive continuity, ou continuité rétroactive). Le but est souvent de dépoussiérer un personnage afin de le mettre plus en phase avec son époque, et c’est ainsi que par exemple le cadre des blessures de guerre de Tony Stark est passé du Vietnam à l’Afghanistan au cours des années.
Prenant la suite de Matt Fraction sur le titre Iron Man, Kieron Gillen se lance lui aussi dans l’exercice périlleux du retcon et retouche donc lui aussi le passé de Tony Stark.
LA SUITE DE L’ARTICLE CONTIENT DES REVELATIONS SUR L’INTRIGUE (SPOILERS)
Dans la mythologie d’Iron Man, son père Howard Stark tient une place importante. En effet, ce dernier ne lui a pas seulement légué sa fortune et son usine, mais est également la cause des blessures profondes que Tony Stark garde au fond de sa psyché. Souvent dépeint comme un alcoolique violent, Howard est tout sauf un bon père et n’a même montré que du mépris pour son fils. Ce n’est pas pour rien que lors de différents passages oniriques l’ennemi que visualise Tony revêt les traits de ce père craint et détesté à la fois, et son alcoolisme a souvent été montré comme prenant racine dans leur relation difficile.
Dans Les origines secrètes de Tony Stark, Kieron Gillen montre un Howard Stark assez différent : aventureux et non dépourvu d’une certaine noblesse, Howard est bien loin de l’idée que l’on se fait jusque là du personnage à travers les souvenirs de son fils. Et très vite une révélation est faite par l’auteur : Tony Stark est le fruit de manipulations génétiques de la part d’un archiviste Rigellien rebelle, l’unité 451. Et là tout bascule : le génie de Tony Stark provient de manipulations génétiques et sa propension à créer des armures en découle également. Quand j’en suis arrivé à ce point de la lecture de l’arc, je dois avouer que j’étais fort en colère contre Kieron Gillen car cela ôtait beaucoup de choses à la personnalité de Tony Stark : une grande intelligence lui donnant de grands talents d’ingénieur et une attirance pour les chevaliers du temps jadis ayant inspiré son goût pour les armures. Cela faisait de lui quelqu’un de « spécial » et non simplement un humain se hissant au niveau des autres héros à super pouvoirs par la seule force de son intelligence…
Mais fort heureusement, Kieron Gillen n’est pas tombé dans ce travers. Avec le recul, cela se voit assez rapidement lorsque Tony ne peut pas piloter le Déicide qui est pourtant calibré pour lui. Et finalement, la révélation finale tombe dans l’ultime épisode publié dans Iron Man 10 en VF : ce n’est pas Tony qui a été altéré par 451 mais le véritable fils de Howard et Maria Stark, à savoir Arno Stark, et Tony est un enfant adopté pour servir de « leurre » pour éviter la vengeance du robot s’apercevant des agissements de Howard pour sauver la vie de son fils.
Même si ça fait beaucoup de révélations d’un coup (je ne l’ai pas vu venir !) je dois dire que je préfère cette approche à ce que je redoutais plus haut. Tony Stark garde donc ses caractéristiques et ne doit à personne ce qu’il est devenu, restant un self made man comme il l’a toujours été (oui je sais il avait la fortune de son père au départ mais vu qu’il l’a perdue plusieurs fois avant de rebondir je pense que le terme est approprié). Un frère caché cela peut sembler un peu gros, mais d’un autre côté vu l’enjeu il est compréhensible que les parents d’Arno Stark aient fait leur possible pour que ce frère soit absolument introuvable. On notera au passage l’utilisation du prénom Arno, hommage à l’Iron Man de 2020 (dans le très bon RCM Machine Man) qui n’est cependant pas un vrai Stark vu qu’il indique avoir acheté le nom.
Par contre du coup on peut encore voir l’influence du cinéma sur le comic book. Le Howard Stark dépeint au cinéma, notamment dans Captain America et (dans une moindre mesure) Iron Man 2, était difficilement compatible avec ce père alcoolique et violent dont je parlais plus haut. Mais plutôt que de tirer un trait sur le travail de ses prédécesseurs, Kieron Gillen a préféré lui donner une « bonne » raison pour sa déchéance. Ce n’est pas forcément très fin non plus, mais cela permet de travailler sur le passé de Tony Stark sans y aller au bulldozer en effaçant des années de continuité tout en raccrochant les wagons avec la version cinéma de Howard Stark.
Même si l’arc en lui-même n’est pas forcément le meilleur d’Iron Man (il est trop long à mon avis), je trouve que cette pirouette sur les origines de Tony Stark est plutôt bien fichue et on peut alors envisager des développements intéressants sur Tony et son frère qui apprennent à se connaître, voire comme l’a suggéré Christian Grasse en fin de magazine se pencher sur les parents biologiques de Tony Stark.
L’avenir nous dira en tout cas ce que ces origines vont changer pour le personnage… 🙂
« Même si l’arc en lui-même n’est pas forcément le meilleur d’Iron Man (il est trop long à mon avis) » => c’est le problème du run de Gillen en fait. Tu verras celui d’après est encore plus long (moins d’épisode pourtant). Mais de bonnes choses.
Par contre, je ne voyais pas ça comme une intention de se rapprocher des films même au contraire… mais tu as réussi à me faire douter là d’un coup…
La décompression c’est le fléau des comics « modernes »… Sinon après c’est peut être moi qui ait interprété à tort et à travers mais ce revirement sur Howard Stark m’a tout de suite fait penser à sa version cinéma. Quoiqu’il en soit on a eu largement pire dans la catégorie « je vais sur papier ce qu’il y a sur papier » (oui Nick Fury je pense à toi) 🙂
Pour moi la meilleure relecture des origines d’Iron Man c’est celle de Kurt Busiek et Sean Chen.
Ils alliaient parfaitement modernité et classicisme.
Mais bon, c’est vrai qu’il date un peu.
j’avais peu apprécié les origines Ultimate du personnage et j’ai l’impression que ces nouvelles origines sont du même acabit (oui ce mot s’utilise encore). Et puis c’est vraiment tarabiscoté ! Alors que les origines « originales » étaient simples, concises et épiques. je sais que ça fait vieux c.. mais c’était mieux avant….
Il faudrait que je les relise tiens, Busiek je suis très client 🙂
Tout le monde se doute que c’est en fait le fils de Kang et de Gwen Stacy !
Et Nick Fury c’est son parrain !
Bonjour,
je suis contre toutes ces relectures des origines, on ne doit pas toucher aux origines, mettre cela au gout du jour n’a aucun sens, je le regrette dans le film que l’action du début ne se passe pas au Vietnam.
Le souci c’est que la chronologie élastique des comics est difficilement transposable à l’écran. Si Tony Stark avait été blessé au Vietnam, il aurait été bien plus âgé de nos jours…
Pourquoi vouloir que cela se passe de nos jours?
Je ne pense pas pour Howard… On voit qu il est un aventurier rien que dans SHIELD de Hickmann (et j ai des doutes sur avant).
Je trouve au contraire que Gillen s’éloigne pas mal de la version ciné avec cette histoire et l’aspect cosmique.
Il faudrait que je relise SHIELD tiens. Sinon à part l’aspect cosmique en effet, j’avais l’impression de retrouver Dominic Cooper dans cet arc, mais je peux me tromper. 🙂
Quoiqu’il en soit et quelle que soit la finalité de cet arc, j’ai en tout cas apprécié que l’on puisse jouer avec le passé de Tony Stark sans modifier les fondamentaux du personnage 🙂
C’est le partie de Marvel depuis les 60’s. Stan Lee demandait à ce que les dessinateurs fasse état de la mode etc etc..
Cela explique qu on ne fasse plus reference depuis longtemps au fait que Red Richards et Grimm aient rencontrés Fury durant la guerre de Corée..
Au départ, les astuces étaient plutôt de donner des explications scientifiques dans les 70’s (Fury qui explique la formule d infinité, Les FF qui sont rajeunis par une exposition à un rayon Skulls, Magnéto qui rajeunit..) mais dés les 80’s, le temps qui sépare de FF 1 à aujourd hui est devenu élastique avec les redites des origines.. d’où l’apparitions d aventures se passant dans les 50’s60’s avec Marvel Universe ou The Lost Generation). Puis avec les 90’s la généralisations des réécritures d’origines (ex Chapter One chez Spider-Man ou le Hulk de Byrne) s’est amplifiée.
De toutes façons il vaut mieux changer le cadre que de rester dans une période temporelle floue et bancale. Ca me fait penser au Petit Spirou, qui était censé se déroulé dans les années 50/60 au départ et où on a vu arriver des téléphones portables par la suite. Et dans Tintin, Hergé avait modernisé certains dessins, par exemple dans l’Ile noire.