Aujourd’hui, je vous propose de nous intéresser à UniversComics : Le mag’ avec une interview de José Maniette, son rédacteur en chef.
Depuis quelques mois, le magazine gratuit UniversComics : Le mag’ a été lancé par José Maniette, créateur du blog UniversComics. Ce dernier a accepté de nous accorder une interview, où il parle de son site, du magazine… et de comics !
Bonjour José, peux-tu te présenter pour les lecteurs de Watchtower Comics ?
Je m’appelle donc José Maniette, j’ai 45 ans, je suis enseignant d’italien mais aussi traducteur de bandes dessinées; je m’occupe du blog UniversComics et de l’organisation de différents événements culturels liés au média (les comics!).
Depuis quand lis-tu des comics ?
Dans la mesure où j’ai appris à lire avec des comics et que ça s’est produit à la maison pendant que d’autres infortunés allaient à la maternelle (que moi je n’ai pas fréquentée, message spécial pour Emmanuel M) ça doit donc faire un peu près 41/42 ans que je lis des comics… ça commence à faire long.
Quels sont tes séries et auteurs préférés ?
Ça peut paraître bête de répondre ça mais je n’ai pas vraiment de préférence : je peux adorer un personnage sur le moment et puis m’en détacher complètement si le cycle narratif suivant n’en vaut pas la peine. Globalement c’est vrai toutefois que j’apprécie particulièrement les héros urbains comme le Punisher ou Daredevil, ainsi que les histoires plus intimistes, pas forcément là où il y a de la baston à toutes les pages.
Mon personnage préféré est un héros italien italien du nom de Zagor, qui est édité par Sergio Bonelli Editore (en France autrefois dans Yuma, chez Lug puis Semic)
Avant le magazine UniversComics, il y a ton site UniversComics. Comment t’est venue l’envie de le créer ?
UniversComics (tout attaché) c’est un blog. En fait au départ je m’en servais juste pour noter quelques idées puis y retrouver des pistes de lecture, concernant ce que j’avais aimé ou pas dans ces dernières; et puis à force d’encouragements et de retours positifs (et pourtant ça n’était pas terrible) j’ai fini par accorder plus d’importance à ça, au point que le blog devient plus sérieux, puis se transforme en association qui organise des événements comics.
Je ne pourrai pas te dire quand j’ai commencé vraiment, j’en ai perdu le souvenir, il y a une dizaine d’années je pense.
Tu as ensuite lancé un magazine gratuit sur les comics. Comment l’idée est-elle née ? Est ce quelque chose dont tu avais envie depuis longtemps ?
J’ai fini par ressentir une certaine lassitude avec le format blog. Comme j’adore lire la presse également, j’avais ce projet qui me trottait dans la tête de créer une revue, qui puisse intéresser tout le monde, aussi bien des lecteurs chevronnés que des néophytes qui voudraient en savoir plus. N’ayant pas les moyens de monter une vraie structure disponible en kiosque ou magasin spécialisé, il me restait à proposer quelque chose sur Internet.
L’idée définitive est venue durant le confinement; il faut dire qu’on avait pas mal de temps pour réfléchir à ce qu’on voulait faire, alors forcément dans le lot des projets confinés, il y en a bien quelques-uns qui devaient aboutir!
Concrètement, comment se déroule la création d’un numéro du magazine UniversComics ? Combien de temps cela prend-il ?
Impossible de répondre précisément à cette question, disons que le magazine commence dès les deux-trois premiers jours du mois et que son bouclage se termine en général quelques heures avant sa publication. Bref ça peut être 2 ou 3 heures par jour pendant quelques jours, et puis plus rien pendant 48 heures, tout dépend aussi du rythme auquel avance la petite équipe qui écrit les articles.
Je m’occupe de la mise en page de ce que je reçois, bien que n’étant pas graphiste, ce qui explique le côté un peu indigent de cette dernière. Mon petit plaisir c’est quand je reçois la cover définitive montée par Benjamin Carret, qui est lui par contre un très bon graphiste, mais aussi un excellent dessinateur.
Comment se passe la collaboration avec les personnes qui travaillent avec toi sur le magazine ? Comment sont choisis les sujets traités par chacun ?
C’est une collaboration qui ferait pâlir d’envie les dirigeants du MEDEF. En effet je parviens à leur demander une prestation mensuelle tout en ne proposant aucune rémunération. Le Grand Patronat en rêve depuis des décennies. La petite équipe qui s’est constituée autour du #1 est composée d’Alexandre Chierchia, de mon frère Eddy Maniette (du podcast BD Le Bulleur) et de Anthony Huard (qui officie aussi chez Comicblog).
Ce que j’apprécie c’est que chacun apporte une vision, un style, qui n’est pas forcément le même que celui du voisin, et du coup ça donne une pluralité de voix intéressante. Je propose un thème général et chacun est libre d’écrire quelque chose qui s’y rapporte, il n’y a pour l’instant jamais eu de problème, chacun est là aussi pour se faire plaisir en écrivant donc il y a très très peu de contraintes, pour ne pas dire pas du tout.
J’en profite au passage pour ajouter que la revue est ouverte à tous les collaborateurs qui se sentent poussés par l’écriture sur les comics, n’hésitez pas à me contacter.
Puisqu’on parle de sujets, comment décides-tu si un sujet a plus sa place sur ton site ou dans le magazine ?
Comme je viens plus ou moins de te le dire, il y a un sujet général, le tout est d’essayer de s’y tenir de loin ou de près, mais chacun à la liberté de faire ce qu’il veut… et comme les contributeurs sont à la fois intelligents et on une bonne culture comics ou BD, il y a aucun problème à l’horizon et je suis très heureux de les lire et publier!
Que penses-tu du marché des comics en France ?
Le marché des comics en France se porte bien, à condition qu’on accepte qu’il s’agit encore et toujours d’un microcosme. Par exemple débarquer en tant que petit éditeur dans l’ambition de devenir ultra riche serait aujourd’hui complètement absurde, ce qui n’empêche pas certains d’entre eux de se faire vite une place parmi les grands, grâce à des albums de qualité et de petit succès inattendus qui font plaisir (je parle par exemple de Hi comics, une belle révélation).
Mais dans l’ensemble j’ai toutefois l’impression que l’édifice reste fragile et sous la menace d’un retour de bâton. La crise actuelle du coronavirus par exemple a de quoi inquiéter si elle se prolonge tout l’hiver. Je suis aussi très intéressé par tout ce qui se fait par souscription; à défaut de toucher un très large public, c’est une manière d’arroser régulièrement les connaisseurs de publications très intéressantes qui n’auraient pas pu voir le jour ailleurs.
Bref il y a de la vitalité, il y a de l’envie de faire, c’est donc globalement très positif et intéressant, d’autant qu’on a aussi une vraie variété de sujets et de supports.
Apprécies-tu les adaptations de comics en films / séries ? Qu’est ce que tu y aimes, et qu’est ce que tu n’y aimes pas ?
Je suis très grand public à ce niveau-là, c’est-à-dire que même si jamais je me rends compte que le film ne vaut pas grand-chose, ça me fait tout de même plaisir de voir mes héros préférés adaptés à l’écran. Mieux vaut un truc très mainstream et pas trop profond que rien du tout. Après tout si ça en gêne certains, il suffit de ne pas aller le voir.
De toutes manières ces films sont pensés avant tout pour un grand public qui ne connait pas bien les super-héros, ils n’ont pas vocation à servir la soupe aux ultra fan depuis des décennies et à suivre fidèlement la « continuity », même si plus on adresse de clins d’œil à ce public, plus on se met dans la poche les Marvels Fans. Pour avoir grandi à une époque où il n’y avait absolument rien sur les écrans, je ne vais pas cracher dans la soupe, je me réjouis donc de (presque) tout ce qui est sorti ces dernières années.
Si tu ne devais choisir qu’un artiste et qu’un dessinateur de comics que tu pourrais rencontrer, qui choisirais-tu ?
Même si je ne suis pas du genre fan transi quand je rencontre les artistes, il y en a un que je souhaiterais vraiment pouvoir aborder, c’est Jeff Lemire, le Canadien. Je suis fasciné par la facilité qu’il a de développer des récits à la fois de grande envergure et totalement intimistes; de plus j’aime beaucoup son trait naïf, brut et en même temps très expressif. Si l’occasion se présente, j’essaierai de la saisir au vol. Lorsqu’il est venu à Angoulême, malheureusement je ne pouvais pas me déplacer.
Sinon un entretien avec Stan Lee serait sûrement un grand moment, mais ça voudrait dire que je ne suis plus en très grande forme, alors ça peut encore attendre quelques années, je ne suis pas pressé d’aller l’interviewer.
Merci beaucoup José pour tes réponses 😀
Vous pouvez retrouver chaque mois UniversComics : Le Mag’, dont quatre numéros sont d’ores et déjà disponibles.
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