Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de trois albums édités par Panini Comics et Delcourt Comics.
Au programme : Black Panther par Christopher Priest t1, Hillbilly t1 et Kill or be killed t1.
Black Panther par Christopher Priest tome 1 | |
Panini Comics 280 pages – 17.50€ Christopher Priest |
Tome 1 sur 4
La Panthère Noire enquête sur un crime à New York sous l’œil attentif de l’agent Everett K. Ross. Mais pendant qu’il est aux Etats-Unis, T’Challa ne peut pas protéger le Wakanda contre ses ennemis… Retrouvez pour la première fois en librairie le run culte de Christopher Priest.
(Contient les épisodes US Black Panther (1998) 1-12 publiés précédemment dans les revues MARVEL KNIGHTS (V1) 1-13)
Comme il se murmure dans les milieux autorisés qu’un film à petit budget sortirait mercredi sur les écrans, il n’est pas du tout surprenant de retrouver des albums consacrés à la Panthère noire dans les rayons des libraires. Pas surprenant mais appréciable, ça oui !
Il s’agit en effet du début du run de Christopher Priest, paru à l’époque du sauvetage de Marvel à la fin des années 90 sous la houlette de Joe Quesada. Comme dans les autres séries du label Marvel Knights, le ton est nettement plus mature que dans les autres titres de cet époque et on sent une volonté de relever le niveau alors en chute libre via une écriture plus soignée.
Ce premier tome, dont le contenu avait été publié dans la défunte revue Marvel Knights (première du nom), permet donc de retrouver T’Challa dans des aventures qui le placent dans une position pas toujours facile entre ses rôles de souverain et de Vengeur (oui c’était pas encore ringard de dire Vengeur). L’ambiance est résolument marquée par l’action, avec des passages assez surprenants comme ceux mettant en scène Mephisto. La narration n’est également pas toujours linéaire, recourant massivement à la technique du flashback de par le récit du narrateur principal de ces épisodes.
Ce premier tome est vraiment très réussi, avec beaucoup de rebondissements et une utilisation très bien pensée du personnage paradoxal qu’est T’Challa. Ce dernier est en effet un personnage complexe, de par sa dualité souverain/héros mais aussi par l’héritage du Wakanda qui est un pays tiraillé entre tradition et modernité. Complexe mais intéressant, et Christopher Priest utilise avec beaucoup d’efficacité ce personnage pour construire des récits qui se lisent vraiment très bien. Et si vous lisez ce livre en venant du film, vous ne serez pas surpris d’y retrouver des petites choses qui ont fait leur chemin vers le MCU mais subtilement différentes (je pense par exemple à Everett Ross et une sombre histoire de pantalon).
Du côté du dessin, il y a plusieurs artistes à l’oeuvre dans cet album. La qualité est globalement bonne, même si certains épisodes sont plus réussis que d’autres.
Un très bon album, qui permet de redécouvrir des aventures passionnantes de T’Challa.
Hillbilly tome 1 | |
Delcourt Comics 96 pages – 15.95€ Eric Powell |
Rondel est un vagabond aveugle, qui en réalité comprend et voit le monde bien mieux que le commun des mortels. Rondel est un solitaire, armé d’un hachoir géant qui est finalement plus à l’aise auprès des créatures magiques et des sorcières. Il est même devenu pour beaucoup un héros de folklore pour ceux qui errent à l’orée du monde des rêves. Mais Rondel est également bien plus que cela…
Eric Powell n’a pas son pareil pour mettre en place des ambiances particulièrement étranges dans ses récits. Avec cette nouvelle série, il nous le prouve encore une fois.
Ce premier tome de Hillbilly permet tout d’abord de faire connaissance avec le personnage de Rondel, tandis qu’Eric Powell installe les bases de son univers. Dans une ambiance de dark fantasy, cette histoire se déroulant en des temps anciens est baignée de surnaturel avec un vagabond aveugle qui voit d’une façon assez insolite en étant armé d’un hachoir démesuré aux grands pouvoirs.
Eric Powell a déjà montré plusieurs fois son attachement aux personnages pas comme les autres, comme par exemple dans son très réussi Chimichanga qui était une véritable ode à la tolérance. C’est encore le cas ici, puisque Rondel est par définition un exclu rejeté par la société de son époque avant de devenir une sorte de légende. Ce personnage est mystérieux malgré une révélation de ses origines qui arrive assez vite, et son entourage est tout autant étrange que lui.
Ce premier tome est constitué de plusieurs histoires, donnant un peu l’impression d’un livre de contes dont le sujet serait toujours ce fameux vagabond au hachoir. Ces différentes histoires sont très agréables à lire, avec une omniprésence de magie et de surnaturel de par la présence de créatures étranges aux pouvoirs qui ne le sont pas moins.Une fois la lecture commencée, on est comme happé par cet univers qui fascine autant qu’il intrigue et il est difficile d’en décrocher. Ce début est vraiment très prometteur, et donne une grande envie d’en lire davantage !
Du côté du dessin, c’est un régal pour les yeux grâce au talent d’Eric Powell. Ce dernier n’a pas son pareil pour mettre en images des ambiances hors normes, le tout avec son style inimitable qui fait qu’on reconnait son travail au premier coup d’œil. La colorisation est de plus particulièrement réussie, contribuant à la mise en place de cette ambiance surnaturelle.
Le sommaire de l’album est complété par un cahier de croquis d’Eric Powell, largement commenté par ce dernier. Ce cahier est à la fois un régal pour les yeux et une véritable mine d’informations sur le processus de création de ce tome.
Un excellent album, qui nous emmène dans un univers à la fois insolite et fascinant.
Kill or be killed tome 1 | |
Delcourt Comics 128 pages – 16.50€ Ed Brubaker |
Après une tentative de suicide ratée, Dylan est sauvé par un démon, qui lui propose un marché. Il doit assassiner au moins un salopard par mois afin de gagner le droit de survivre. Et bien entendu, comme tout tueur, il va devoir pratiquer son premier assassinat, ce qui s’avère plus difficile que prévu… De plus, il se débat pour cacher ce secret qui met lentement sa vie en miette, ainsi que celle de ses proches.
Le duo créatif formé par Ed Brubaker et Ed Phillips a plus d’une fois fait preuve de son talent, et ce n’est pas cet album qui fera exception en la matière.
Dans ce premier tome, Ed Brubaker pose en effet les bases de son récit avec l’efficacité dont il est coutumier. On retrouve ici l’attachement de l’auteur pour des récits où les protagonistes en prennent plein la tête, au propre comme au figuré. Spécialiste du polar, l’auteur s’était déjà frotté au fantastique avec le succès qu’on connait dans la série Fatale et il montre une nouvelle fois sa maîtrise de ce genre pourtant pas évident à utiliser.
Dans un cadre assez sombre, avec un protagoniste broyé par un quotidien qui n’a rien de réjouissant, Ed Brubaker distille savamment ici et là des petites touches de fantastiques, tout en laissant dans ce premier tome suffisamment de marge de manœuvre à la sensibilité du lecteur. Vraie histoire fantastique ou récit d’une psychose particulièrement aiguë ? Pour le moment, les éléments que l’auteur nous donne permettent tout autant de pencher dans un sens que dans l’autre, et cette ambiguité donne un cachet tout particulier à ce début d’histoire.
Ce premier tome est en tout cas tout simplement passionnant, on est happés dès la première page sans avoir la possibilité de s’arrêter de lire tant que la dernière n’est pas atteinte. C’est peut être ça le super pouvoir de Brubaker en fait : prendre le lecteur en otage avec ses mots et ne pas le relâcher tant qu’il a des choses à dire ! L’ambiance est vraiment glauque, avec une caractérisation réussie du personnage de Dylan et une bonne mise en scène de sa descente aux enfers. Ce premier tome est captivant, et il est clair que le temps va paraître sacrément long jusqu’à l’arrivée de sa suite !
Du côté du dessin, Sean Phillips est toujours en osmose avec Ed Brubaker pour illustrer avec brio les mots de ce derniers. Les planches sont très joliment réalisées, et l’ambiance sombre et désespérée du récit parfaitement restituée.
Un excellent album, qui montre une nouvelle fois le talent du duo Brubaker / Phillips pour nous entraîner dans des histoires captivantes.
C’est tout pour aujourd’hui !
J’ai enfin lu mon exemplaire d’Hillbilly T01 ce week-end et j’ai beaucoup aimé ce mélange de folklore fantastique et de vieux Sud. Hâte de découvrir la suite !
Tu vas te régaler, la suite est encore meilleure 🙂