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Le lundi c’est librairie ! #316

Le lundi c'est librairie !


Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de cinq albums, édités par Panini Comics, Delcourt Comics, Glénat Comics et Mana Books.

Au programme : Moon Knight t3, Invincible t22, Black Magick t1, Letter 44 t5 et Deus Ex Universe – Dissidence.

Moon Knight tome 3
Moon Knight t3 - Janvier 2018

Panini Comics
Collection 100% Marvel

112 pages – 14€
Janvier 2018 – Cartonné

Jeff Lemire
Greg Smallwood

Tome 3 sur 3
Le moment de vérité est venu : qui est Moon Knight ? Qui est Marc Spector ? Le héros va-t-il réussir à dompter sa folie ou sombrera-t-il dans les machinations de Khonshu ? (Contient les épisodes US Moon Knight (2016) 10-14, inédits)

Après deux excellents albums où Jeff Lemire a montré sa grande maîtrise du personnage complexe qu’est Moon Knight, il est temps de clore cette histoire avec ce troisième et dernier tome.

Je l’ai déjà écrit, Moon Knight est un personnage qui n’est pas simple à utiliser du fait de ses particularités qui font qu’il est relativement facile pour un auteur de tomber à côté. Jeff Lemire n’a pas hésité à prendre ces particularités à bras le corps dans cette histoire, laissant souvent planer le doute sur la réalité de ce qu’on lit et de ce que traverse le personnage.

Ce troisième tome, qui conclut donc cette nouvelle aventure de Moon Knight, est tout aussi passionnant que les précédents. Le passé du personnage est revu sous une perspective différente, l’auteur se permettant de l’ajuster ici et là pour le mettre en adéquation avec le reste de son récit même s’il n’est cependant pas question que de ce passé. Ca aurait pu partir dans tous les sens, mais la grande maîtrise de Jeff Lemire fait que son histoire est racontée avec beaucoup de justesse et on ne voit pas du tout le temps passer lors de la lecture de cet album.

Du côté du dessin, après les audaces du tome précédent avec des styles différents suivant les parties du récit, c’est à Greg Smallwood de conclure la série avec son talent habituel. Les planches sont très réussies, et l’ambiance très spéciale de l’histoire est très bien restituée.

Un excellent album, qui termine l’histoire avec une grande efficacité.




Invincible tome 22
Invincible t22 - Janvier 2018

Delcourt Comics
Collection Contrebande

144 pages – 15.95€
Janvier 2018 – Cartonné

Robert Kirkman
Ryan Ottley

Pendant que Mark, Eve et Terra profitent de leur nouvelle vie sur la planète Talescria, Thraqq parvient à s’échapper. Avec la perspective d’une guerre, certaines questions laissées en suspens trouvent des réponses, des conflits sont résolus et une porte se ferme… tandis qu’une autre s’ouvre.

Un des points forts de la série Invincible par rapport à des histoires plus classiques de super-héros est le fait que Robert Kirkman n’hésite pas à tout bouleverser dans son univers, ce qui est d’autant plus facile qu’il en a la maîtrise. Et cet album ne fait pas exception.

Je ne vais pas spoiler, ce serait criminel vu la qualité de l’album. Mais on peut dire que l’auteur joue la carte du bouleversement d’une façon très originale et met son personnage principal dans une situation pour le moins difficile. Comme souvent, le ton est plutôt sérieux avec quelques petites touches plus légères, mais la lecture de la dernière partie de l’album a tout d’un coup de poing dans l’estomac vu sa teneur.

Cet album est une grande réussite, avec une très bonne utilisation des idées mises en place dans cette nouvelle phase de l’histoire de Mark Grayson. Cela propulse une nouvelle fois la série dans une direction inattendue, avec des perspectives intéressante pour la suite et bientôt fin des aventures d’Invincible. Cet album n’a en fait qu’un défaut, celui d’avoir le même goût de trop peu que les autres tomes de la série.

Côté graphisme, la série roule comme une horloge grâce au talent de Ryan Ottley. L’artiste est toujours en grande forme et livre des planches réalisées avec beaucoup de soin, et un grand sens du dynamisme.

Côté bonus, le traditionnel sketchbook commenté est de la partie, et je pense que vous avez compris ce que m’inspire les conversations de l’équipe créative…

Un excellent album, qui remet une nouvelle fois la série sur de nouveaux rails avec de très bonnes idées.




Black Magick tome 1
Black Magick t1 - Janvier 2018

Glénat Comics
Collection Comics

160 pages – 17.50€
Janvier 2018 – Cartonné

Greg Rucka
Nicola Scott

Flic ou sorcière, tout est une histoire de vocation
Rowan Black travaille à la criminelle de Portsmouth. En bonne flic, elle a pas mal de choses à cacher. Dont une en particulier : c’est aussi une sorcière. La nuit, elle participe à des rituels secrets – quand ils ne sont pas interrompus par le boulot. Le jour où elle est appelée en urgence pour régler une prise d’otage, Rowan découvre que le criminel connait sa véritable identité. Et qu’il n’est sans doute pas le seul. Alors que la lumière se fait sur son passé, l’avenir de Rowan devient soudain beaucoup plus obscur…

Que ce soit dans Wonder Woman, Gotham Central ou Queen & Country, Greg Rucka a déjà par le passé montré son talent pour nous proposer des histoires avec des personnages principaux féminins qui soient des personnages forts. C’est également le cas avec cette nouvelle série.

Vue de loin, Rowan Black semble être une policière en civil comme il en existe beaucoup, si ce n’est qu’elle a de spécial qu’elle est une sorcière. Partant de ce concept plutôt bien trouvé, l’auteur brosse le portrait d’une femme à la personnalité bien trempée qui se retrouve impliquée dans une histoire pour le moins étrange. Nous oscillons donc dans ce premier tome à la frontière de deux mondes, à savoir le monde réel (et donc l’enquête policière associée aux événements qui touchent l’héroïne, dépeinte avec l’efficacité coutumière de Greg Rucka dans le domaine) et le monde de la magie, avec une ambiance nettement moins terre à terre.

L’interaction entre les deux parties de la vie de Rowan, ses deux vies même pourrait-on dire, est traitée intelligemment et montre qu’on peut tout à fait dépeindre une personne faisant partie de la police et ayant des capacités surnaturelles sans qu’il ne soit obligatoire que ces capacités soient mises au service de cette activité officielle. En fait le personnage de Rowan illustre ce qu’il se passe quand ses deux vies sont compartimentées mais finissent par entrer en collision l’une avec l’autre.

Ce premier tome est assez dense, l’auteur laissant supposer qu’il a encore pas mal de tours dans son sac et nous réserve encore une bonne dose de surprises pour la suite de la série. La narration est efficace, avec beaucoup de rebondissements et des zones d’ombres qui sont suffisamment bien dosées pour donner une ambiance de mystère au récit sans pour autant frustrer le lecteur en lui donnant l’impression qu’on le maintient dans le noir.

Graphiquement, nous sommes gâtés avec des planches magnifiques de Nicola Scott. Non seulement les dessins sont superbement réalisés, mais en plus le parti pris de les réaliser en nuances de gris à l’exceptions des effets magiques qui eux sont en couleurs est une excellente idée et le rendu est très bon.

La partie bonus de l’album, outre une classique galerie d’illustrations, contient également des textes relatifs à la sorcellerie se déroulant au seizième siècle. Leur présence permet de renforcer l’atmosphère magique de l’album.

Un excellent album, captivant et magnifiquement illustré.




Letter 44 tome 5
Letter 44 t5 - Janvier 2018

Glénat Comics
Collection Comics

128 pages – 16.95€
Janvier 2018 – Cartonné

Charles Soule
Collectif

Ils sont peut-être le dernier espoir de l’humanité
Envoyés pour enquêter sur une structure alien dans la ceinture d’astéroïdes, les membres du Clarke espéraient faire de grandes découvertes, établir un premier contact, mais surtout rester en vie le plus longtemps possible. Ils sont tous montés à bord en sachant pertinemment que ce ne serait qu’un aller simple. Pour certains, c’était un choix. Pour d’autres, une chance.
Construit en one shots réalisés par des guests de talent (Joëlle Jones, Drew Moss, Ryan Kelly, Alise Gluškova, Langdon Foss), ce nouvel opus de Letter 44 nous fait découvrir les origines de l’équipage du Clarke, ainsi que celles des mystérieux Constructeurs…

Jusque là, les albums de Letter 44 ne nous ont donné les éléments que l’on avait besoin de connaître pour suivre l’histoire tout en laissant certaines choses dans l’ombre. Avec ce tome, il est temps d’y remédier.

Ce cinquième tome contient donc une collection de récits one-shot, revenant sur le passé des membres de l’équipage du vaisseau Clarke et celui des êtres mystérieux dont il est question dans la série. Charles Soule est le maître d’oeuvre de toutes ces histoires, qui permettent de mieux cerner les différents protagonistes de la série, et son style est aussi efficace que dans la série principale.

Les différents personnages qui figurent dans la série gagnent donc en épaisseur grâce à cette collection de récit, et on comprends même mieux certains passages de la série. Il est en effet plus aisé de comprendre les motivations des personnages en connaissant les événements de leur passé qui ont contribué à les façonner tels qu’ils sont, et qu’ils réagissent en conséquence.

Après la précipitation des tomes précédents, cette pause est salutaire et a tout du calme avant la tempête. Cela permet de se remettre en condition pour la suite de l’histoire, et en tout cas c’est véritablement passionnant. L’auteur raconte ici des choses difficiles sans en faire de trop, ce qui est particulièrement appréciable.

Du côté du dessin, chaque récit a son artiste et le résultat est globalement très bon. En fait, ironiquement j’ai préféré le graphisme de cet album à celui des précédents !

Un excellent album, qui enrichit avec efficacité l’univers de la série.




Deus Ex Universe Dissidence
Deus Ex Universe Dissidence - Janvier 2018

Mana Books
Collection Comics

128 pages – 14€
Janvier 2018 – Cartonné

Alex Irvine
John Aggs

La révolution est en marche !
2029. Deux ans après l’Incident, un acte terroriste aux répercussions mondiales, les Augmentés, des citoyens transformés par la technologie et libérés de leurs limitations physiques, sont au cœur de toutes les tensions. Profitant de ce climat de crise, un groupe d’extrémistes fomente une révolution menaçant de détruire toute possibilité de cohabitation… et c’est à l’agent Adam Jensen qu’il incombe de stopper une bonne fois pour toutes les dissidents.

Les jeux vidéo ont maintenant un univers tellement fouillé qu’il est tout à fait possible pour eux de l’enrichir dans d’autres médias, notamment en bandes dessinées. Voici donc un album qui se déroule dans l’univers des  jeux Deus Ex.

Au coeur de l’histoire de cet album se trouve la problématique du traitement de la différence : dans cet univers, le racisme s’exerce envers les Augmentés qui ne sont ni plus ni moins que des cyborgs qui se détachent de l’humanité dont ils faisaient auparavant partie. Les frictions entre les deux camps (pro et anti Augmentés) font que le quotidien de l’univers de cette histoire n’est qu’une gigantesque poudrière prête à exploser à la moindre étincelle.

Cet album raconte essentiellement une enquête menée par un Augmenté, le tout dans une ambiance très cyberpunk. Alex Irvine va droit à l’essentiel sans pour autant perdre le lecteur en route, en prenant soin de lui livrer les clefs nécessaires à la compréhension de son récit. L’histoire est passionnante, avec une bonne utilisation du contexte tendu autour de la condition des Augmentés. Les scènes d’action sont efficaces, et les capacités spéciales des protagonistes (du moins ceux qui en ont !) sont bien exploitées.

Se pose ensuite la question de l’accessibilité de cet album : est-il destiné à tout lecteur à la recherche d’une bonne histoire, ou uniquement aux fans du jeu ? Ne faisant pas partie de la seconde catégorie, j’ai pour ma part abordé cet album avec un esprit totalement vierge de toute connaissance de Deus Ex et cela ne m’a absolument pas posé de problèmes pour m’y plonger et apprécier l’histoire. Donc, je pense qu’on peut dire que cet album s’adresse vraiment à tous les lecteurs…

Le graphisme de cet album est quant à lui réalisé par John Aggs, et la qualité en est excellente. Les planches sont très joliment réalisées, et l’ambiance toute particulière de cet univers est vraiment très bien rendue.

La partie bonus de l’album est quant à elle plutôt bien fournie, avec des fiches sur les personnages principaux de l’histoire et une galerie d’illustrations particulièrement soignées.

Un excellent album, qui traite efficacement des problématiques intéressantes.




mdata

Franck – Fondateur et rédacteur en chef de Watchtower Comics. Tombé dans la marmite des comics quand il était petit, et n’a aucune intention d’en sortir. Lecteur éclectique : Marvel, DC, indé… Kryptonite : Les figurines de Baby Groot

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