Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique d’un album édité par Delcourt Comics.
Au programme : Fondu au noir.
Fondu au noir | |
Delcourt Comics 400 pages – 34.95€ Ed Brubacker |
Un film noir dont les scènes doivent sans cesse être retournées… Un scénariste de cinéma traumatisé, alcoolique et détenteur d’un terrible secret… La mort suspecte d’une starlette… Un directeur de studio hystérique prêt à tout pour boucler ses films avant l’effondrement de l’âge d’or du cinéma. Fondu au noir est un thriller hollywoodien où il est question de course à la célébrité, de sexe et de mort !
Avec Fondu au noir, nous retrouvons le duo gagnant de Criminal et Fatale dans un registre qui leur va comme un gant : le thriller noir.
Dans cet imposant volume, Ed Brubaker nous raconte une histoire se passant à Hollywood à la fin des années 40 et contrairement à ce qu’on pourrait penser si on a une vision assez idéalisée du cinéma de cette époque c’est loin d’être une ambiance très saine. L’auteur nous montre en effet les coulisses peu reluisantes des studios de cinéma, sur fond de chasse aux sorcières avec le McCarthysme qui joue un rôle important.
Une fois encore, Ed Brubaker nous montre sa grande maîtrise des récits noirs, avec comme souvent sous sa plume un homme meurtri comme personnage principal. Le récit est sombre, désespéré même, avec un enchaînement de péripéties qui font que la situation des personnages peut sembler ne pouvoir que se dégrader. Hollywood est décrite comme une machine implacable qui broie ceux qui y travaillent, ce qui en ce sens n’est guère différent de la guerre quand on y pense et du coup le choix de faire du personnage principal un ancien combattant traumatisé n’est peut être pas un hasard.
Cette histoire est en tout cas tout simplement passionnante : comme le personnage principal, le lecteur prend le train en marche et tente de recoller les morceaux de cette histoire moins évidente qu’elle n’en a l’air. En plus de l’intrigue autour de la mort d’une starlette (et l’enquête qui va avec), Fondu au noir est aussi une critique particulièrement sévère du système Hollywoodien, et on peut raisonnablement penser qu’il y a pas mal de choses qui sont encore d’actualité de nos jours. En plus de faire intervenir ici et là quelques noms connu du monde du cinéma, Ed Brubaker glisse ici et là quelques allusions à d’autres personnalités de cet univers en les rebaptisant ou en modifiant subtilement leur histoire mais on devine assez rapidement qui est qui.
Du côté du dessin, Sean Phillips est tout aussi en forme que son compère scénariste. Les deux hommes sont en symbiose pour produire un récit à la fois très bien écrit et très bien illustré, l’ambiance très sombre du scénario étant très bien rendue par un graphisme particulièrement efficace. Il convient de saluer également l’excellente mise en couleurs signée Elizabeth Breitweiser, qui sublime les planches en leur donnant une patine antique qui colle parfaitement à la période dépeinte dans cette histoire.
L’édition de Fondu au noir est particulièrement soignée : le livre imposant, doté d’un marque-page en tissu, contient en plus de l’histoire une magnifique galerie d’illustrations où des visages très célèbres de l’âge d’or de Hollywood se succèdent. L’équipe créative a même signé une courte bande-annonce pour son projet, équivalent papier de ce qui se pratique pour le cinéma, et l’exercice est très intéressant.
Un excellent album, qui propose une histoire captivante dans une édition de qualité
C’est tout pour aujourd’hui !
Derniers commentaires