Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de trois albums édités par Delcourt Comics.
Au programme : Solo t3, Monstress t2 et Dead inside.
Solo tome 3 | |
Delcourt Comics 128 pages – 16.95€ Oscar Martin |
C’est le combat final pour Solo. Dans une ultime épreuve de force, le plus grand des guerriers va devoir affronter les pires des ennemis pour secourir l’amour de sa vie.
Revenant d’une chasse peu fructueuse, Solo rentre dans son camp pour découvrir que Lyra a été enlevée par les humains. N’écoutant que son courage, le héros va alors s’embarquer dans une course désespérée et suicidaire pour sauver celle qu’il aime. En chemin, il affrontera de nombreux adversaires mais se découvrira également un précieux allié, un disciple…
Depuis le premier tome, Solo est une série qui ne ressemble à nulle autre. Maintenant que nous en sommes au troisième et ultime tome des aventures de Solo, il est temps de voir comment tout ceci se termine.
De tome en tome, Oscar Martin a entraîné le lecteur sur les traces de son personnage principal dans un univers post-apocalyptique qui ne ressemble pas à ce qu’on a l’habitude de voir dans ce contexte. Il est maintenant temps de voir comment l’histoire se termine, et à ce titre ce troisième tome est particulièrement poignant.
L’ambiance est en effet très sombre, ce qui n’est guère surprenant vu que la thématique post-apocalyptique n’est pas propice à un festival de coussins péteurs, et la lutte de Solo pour accomplir sa quête puis tout simplement survivre est sommes toutes touchante. Dans un climat de grande violence, le lecteur suit donc le personnage au fil de ses (mes)aventures et sursaute à chaque péripétie.
Ce troisième tome de Solo a des airs de Mad Max, ce qui là encore n’est pas surprenant vu le contexte, mais le mélange humains/animaux anthropomorphes en fait une version originale et efficace. L’action est très présente, mais pas sans une touche d’émotion bien dosée et redoutablement efficace (la fin est en effet assez dure pour ne pas refermer le tome avec l’œil vraiment sec). Cette série aura été une découverte vraiment originale, et une très bonne exploitation du concept de survie dans un monde qui a été dévasté par l’apocalypse.
Du côté du dessin, Oscar Martin nous livre des planches très joliment dessinées. Son univers insolite est parfaitement représenté avec des dessins qui lui donnent vie d’une bien belle manière, et les différentes espèces qui cohabitent au fil des pages sont croquées avec un style très efficace. Le style un peu cartoony de l’artiste, qui permet en outre de voir cohabiter des humains et des animaux anthropomorphes avec davantage de naturel qu’un style plus classique, atténue un peu certaines scènes qui auraient pu s’avérer insoutenables avec un trait plus réaliste.
Un très bon album, qui termine la série avec efficacité et dignité.
Monstress tome 2 | |
Delcourt Comics 160 pages – 16.50€ Marjorie Liu |
Après avoir survécu au massacre entre les humains et les Arcaniques, Maika Demi-Loup partage un lien psychique avec un monstre aux pouvoirs incommensurables. Elle doit affronter un fantôme issu de son passé, qu’elle pensait disparu. Maika, Kippa et Ren décident de se rendre à Thyria à la recherche de réponses…Pour finalement découvrir et devoir faire face à une nouvelle terrible menace.
Après un premier album passionnant où Marjorie Liu avait posé les bases d’un univers fascinant, il est temps de retrouver Maika Demi-Loup dans la suite de ses aventures. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que rien ne lui sera épargné dans un second opus mené tambour battant et riche en péripéties.
Piochant toujours dans la mythologie, qu’elle soit orientale ou non (un passage m’a évoqué l’Odysée d’Homère, mais peut être aussi qu’il s’agit de mythes qui se ressemblent), Monstress fait avancer l’intrigue dans ce second tome où bien des choses nous sont dévoilées. L’atmosphère mystique de la série est résolument unique, baladant le lecteur dans une rêverie où des créatures étranges se succèdent page après page.
La tonalité de ce second tome est en tout cas résolument sombre, flirtant allègrement avec un contexte horrifique par moments. L’autrice n’hésite pas à mettre en scène des créatures tout à fait effrayantes dans un contexte souvent angoissant, sans non plus franchir la limite qui sépare son histoire d’un récit d’horreur plus classique. L’histoire est en tout cas solide et passionnante, avec une intrigue bien construite autour de la quête de sa jeune héroïne.
Le premier tome constituait déjà en lui même une très bonne introduction à cet univers, et ce second tome lui succède avec beaucoup d’efficacité pour exploiter les bases mises en place précédemment. Une fois encore, on se demande jusqu’où Marjorie Liu va aller et ce qu’elle nous réserve pour la suite, car la fin de ce tome est particulièrement mystérieuse et ouvre des perspectives intéressantes pour l’avenir.
Du côté du dessin, la tonalité orientale de l’histoire est également très présente. Sana Takeda livre des planches très joliment illustrées, avec un talent certain pour donner vie aux créatures particulièrement étranges qui figurent dans ce récit, effrayantes ou non.
Un excellent album, offrant au lecteur un voyage dans un univers onirique et fascinant.
Dead inside | |
Delcourt Comics 128 pages – 16.95€ John Arcudi |
La division en charge des crimes en milieu carcéral au bureau du shérif du comté de Mariposa enquête sur un crime commis à l’intérieur d’une prison. Avec un nombre limité de suspects qui – de plus – ne peuvent pas s’enfuir, on peut penser que l’affaire sera vite réglée… Mais ce n’est pas vraiment le cas, comme va le découvrir l’inspectrice Linda Caruso.
Avec cet album, John Arcudi entraîne le lecteur dans une atmosphère de polar dans une ambiance particulièrement sombre. En suivant son personnage principal, on se retrouve en effet au cœur d’une intrigue de meurtre qui n’est pas aussi simple qu’elle en a l’air.
Sombre est en tout cas le terme qui correspond le mieux à cette histoire : toute notion même d’espoir est totalement absente de ces pages, dont l’ambiance m’a même fait penser à Scalped par moments. L’histoire est en tout cas palpitante, avec une intrigue qui tient la route et une progression dans les révélations qui est très efficace.
Dead inside est une histoire violente, qui comme son pitch ne l’indique pas ne se situe pas uniquement en milieu carcéral même s’il s’agit du coeur de son intrigue. On retrouve des éléments assez classiques des récits de ce type, agencés avec efficacité par un John Arcudi très inspiré qui nous livre ici une histoire qui sort suffisamment des sentiers battus pour ne pas que le lecteur ne se sente en pleine redite. Il y a en tout cas pas mal de très bonnes idées dans cette histoire, et elles sont intelligemment exploitées ce qui ne gâche rien.
Le graphisme de Dead inside est quant à lui signé Toni Fejzula, et d’entrée on s’aperçoit que son style n’est pas classique. En effet, l’anatomie de la plupart des personnages est volontairement exagérée (c’est expliqué dans les bonus), ce qui donne un cachet assez caricatural à l’ensemble sans toutefois aller jusqu’à un train cartoony. C’est assez insolite, car ce genre d’exagérations serait plus prévisible sur un récit humoristique, mais Dead inside est paradoxalement totalement dépourvu d’humour. En tout cas cela rend vraiment bien, et confère à cet album un style particulier.
En plus d’une galerie de couvertures, le sommaire de l’album est complété par un sketchbook annoté par Toni Fejzula. Ce sketchbook est très instructif et permet de comprendre les choix esthétiques opérés par l’artiste pour le graphisme de l’album.
Un excellent album, âpre et dur mais passionnant.
C’est tout pour aujourd’hui !
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