Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de trois albums édités par Panini Comics.
Au programme : Elektra renaît à la vie, Iron Fist intégrale 1974-75 et La sorcière rouge t3.
Elektra renaît à la vie Edition 20 ans Panini Comics | |
Panini Comics 128 pages – 16€ Frank Miller |
Couverture par Alessandro Barbucci
Elektra est morte. Matt Murdock, alias Daredevil, le sait puisqu’il l’a vue mourir dans ses bras. Mais à présent il en doute. Et si la Main essayait de la ressusciter ? L’un des récits cultes sur le personnage d’Elektra par son créateur : Frank Miller.
(Contient les épisodes US Elektra Lives Again OGN et Daredevil 181, publié précédemment dans l’album MARVEL ICONS : ELEKTRA PAR MILLER)
A l’occasion de ses vingt ans, Panini Comics nous propose des éditions spéciales de certains de ses titres. Avec cet album, c’est la redoutable Elektra que l’on retrouve sous la plume de son créateur Frank Miller.
L’album s’ouvre avec un classique : la mort d’Elektra. Frank Miller met en scène la mort de la redoutable tueuse des mains de Bullseye (le Tireur pour les vieux dans mon genre), cristallisant ainsi la haine inextinguible entre ce dernier et Daredevil. L’épisode est toujours aussi efficace, avec une utilisation impeccable de tous ses personnages et des scènes à faire froid dans le dos. On notera au passage que la version de Strange, en plus d’être censurée, montrait Daredevil sous un meilleur jour que dans sa version originale, et c’est cette « vraie » version de Daredevil qui est présente dans ces pages.
Côté graphisme, cet épisode reste bien des années plus tard toujours aussi réussi et n’a pas pris une ride. Frank Miller (en duo avec Klaus Janson) signe des planches efficaces, et son style nerveux fait des merveilles.
Nous entrons ensuite dans le vif du sujet : Frank Miller n’a en effet pas fini de tourmenter ce pauvre Matt Murdock (il suffit de voir ce qu’il lui a fait subir dans Born again pour voir à quel point il peut lui en faire baver) en faisant intervenir Elektra, Bullseye et la Main. Le ton n’est pas le même que dans le premier épisode : ce dernier n’était déjà pas bien gai, là l’histoire est encore plus sombre, plus glauque. On retrouve néanmoins l’habileté de Frank Miller pour raconter des histoires mettant en scène le diable de Hell’s Kitchen, et le récit s’avère tout à fait prenant.
Page après page, le lecteur est pris au piège par l’implacable mécanique narrative de Frank Miller : impossible d’en décrocher sans savoir ce que l’auteur veut nous raconter, sans savoir comment tout ceci va se terminer. Cet album fait donc partie de ces récits qu’on dévore d’une traite, et tout comme la première partie la seconde n’a pas pris une ride ni perdu de sa force malgré le passage des années.
Du côté du dessin, il y a un sacré décalage avec le premier épisode. Frank Miller est en effet en duo avec Lynn Varley et le résultat est vraiment très différent. Certes, de l’eau a coulé sous les ponts (on passe de 1981 à 1990) et les styles ont évolué entre temps. On retrouve bien sûr la patte de Frank Miller, mais le rendu est parfois assez déconcertant et j’avoue pour ma part avoir une préférence pour le graphisme du premier épisode tout en reconnaissant que celui du reste de l’album n’est pas déplaisant pour autant.
Pour finir, édition spéciale oblige je vais dire un mot sur la couverture : signée Alessandro Barbucci, elle est vraiment joliment réalisée et rend vraiment justice au personnage d’Elektra.
Un excellent album, envoûtant et passionnant.
Iron Fist L’intégrale 1974-75 | |
Panini Comics 248 pages – 32€ Chris Claremont / Roy Thomas / Len Wein |
La vie du petit Daniel Rand bascule quand sa mère et son père meurent alors qu’il n’a que neuf ans. Secouru par des moines de la légendaire cité de K’un-Lun, Danny devient à dix-huit ans, un maître des arts martiaux doté d’un poing de fer, d’où son surnom Iron Fist. Il retourne alors aux États-Unis, bien déterminé à se venger et à éliminer l’assassin de ses parents !
(Contient les épisodes US Marvel Premiere 15-25 et Iron Fist (1975) 1-2, publiés précédemment dans les revues STRANGE (Semic) 67-74, TITANS (Semic) 12-15 et 1 inédit)
Il y a des rééditions qu’on n’attend plus, et qui finissent par arriver au moment où on s’y attend le moins. Madeleine de Proust de toute une génération bercée au Lug, voici donc enfin rééditées les aventures d’Iron Fist, qui firent les beaux jours de Strange et Titans.
On peut dire ce qu’on veut des adaptations ciné/télé des comics, elles ont au moins un avantage même pour leurs détracteurs les plus virulents : elles incitent les éditeurs à ressortir des séries qui sinon seraient restées dans les limbes. Dans cette première intégrale, nous retrouvons donc les premières aventures de Danny Rand, créé au cours des années 1970 en pleine vague du succès phénoménal des arts martiaux par Roy Thomas.
L’ambiance de ces pages est sommes toutes assez particulière : même si Iron Fist se situe dans l’univers Marvel (comme le prouvent ses rencontres avec différents personnages), on ne se situe pas dans une série de super-héros classique. L’ambiance martiale/mystique est au premier plan de ses aventures, même si cela tend à s’atténuer par la suite. Et chose étonnante : il faut attendre un bon moment avant de voir Iron Fist sans son masque, l’humain s’effaçant derrière sa mission et donc son personnage de héros venu de la lointaine K’Un-Lun.
Ce premier tome de l’intégrale, où se succèdent différents scénaristes (Chris Claremont n’arrive qu’à environ la moitié du livre), est plutôt réussi. Certes, cela a vieilli et les dialogues sont souvent datés. Mais cela fonctionne plutôt bien et c’est avec intérêt (malgré la traduction poussive) que l’on suit les péripéties qui frappent Danny Rand épisode après épisode. L’action est omniprésente, et comme on peut s’y attendre les arts martiaux sont eux aussi omniprésents. Par contre, si vous avez connu Iron Fist à travers l’excellente série de Matt Fraction vous risquez de ne pas y trouver votre compte car c’est vraiment très différent.
Du côté du dessin, là aussi c’est un festival avec différents artistes qui se succèdent à la suite de Gil Kane, co-créateur du personnage. D’ailleurs, même si John Byrne figure en bonne place sur la couverture il arrive encore plus tardivement que Chris Claremont sur le titre et son style n’a pas encore la maturité qu’il aura par la suite. En tout cas graphiquement c’est assez irrégulier, mais plutôt réussi avec en prime un petit côté agréablement démodé.
Un très bon album, qui permet de retrouver les débuts d’Iron Fist avec intérêt.
La Sorcière rouge tome 3 | |
Panini Comics 128 pages – 13€ James Robinson |
DERNIER TOME
Le voyage de la Sorcière Rouge l’emmène jusqu’en Serbie, où elle espère renouer avec ses racines gitanes. Elle y découvrira la vérité sur sa quête.
(Contient les épisodes US Scarlet Witch (2015) 11-15, inédits)
Après deux tomes qui ont redéfini le personnage de la Sorcière rouge, il est temps de se pencher sur la fin de ce cycle d’aventures peu communes.
Comme dans les deux albums précédents, c’est James Robinson qui signe le scénario. L’auteur déploie une nouvelle fois son talent pour dessiner les contours d’une nouvelle Wanda sans pour autant renier ce qu’on a connu jusque là. Le personnage, tout comme celui de Vif Argent, n’a pas été épargné par les scénaristes qui n’y sont pas allé de main morte pour enchaîner les retcon successives sur ses origines. Le dernier en date, qui boute la fratrie Wanda / Pietro hors de l’univers mutant où ils étaient installés depuis leur création, permet à James Robinson de reconstruire Wanda en se glissant dans les interstices des redéfinitions successives de son personnage.
Tout en restant dans le cadre des enquêtes sur fond de magie, l’auteur fabrique un passé pour son héroïne en faisant de son mieux pour recoller les bouts issus des différentes versions de ses origines et en essayant de gommer les contradictions au passage. Et force est de constater qu’il y parvient très bien ! Les idées qui sont à l’oeuvre dans ce troisième tome sont tout à fait brillantes et le personnage n’aura en fait jamais été aussi intéressant qu’il ne l’est sous la plume de James Robinson.
Les différentes parties s’enchaînent à un rythme effréné, avec une utilisation du concept qui pousse ce dernier dans ses ultimes retranchements. Si vous pensiez avoir tout vu en terme de magie chez Marvel, détrompez-vous car l’auteur va très loin et ses idées sont sommes toutes très originales. On appréciera au passage le dépoussiérage du personnage de Agatha Harkness, qui n’aura jamais été aussi vivante qu’une fois morte. La série aura été passionnante d’un bout à l’autre, et on ne peut lui trouver en fait qu’un seul défaut : celui de se terminer avec ce troisième tome, car avec une telle qualité on en redemande !
Passons maintenant au graphisme. L’un des clefs du succès quand on a affaire à une histoire de magie, c’est l’ambiance et ça Steve Ditko l’avait tout à fait compris quand il dotait le Docteur Strange de graphismes hors norme. C’était déjà le cas dans les deux tomes précédents, mais là une fois encore notre sorcière préférée est gâtée côté dessins : les artistes à l’oeuvre sont en effet très inspirés, et dans des styles parfois très différents mais qui ont en commun de plonger le lecteur dans une ambiance de magie presque palpable.
Un excellent album, qui termine en beauté une excellente série.
C’est tout pour aujourd’hui ! 😀
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