Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de cinq titres édités par Glénat Comics.
Au programme : Bitch Planet t2, Croquemitaines t2, Harrow County t3, Nailbiter t3 et Silver t1.
Bitch Planet tome 2 | |
Glénat Comics 160 pages – 16.95€ Kelly Sue DeConnick |
Série en cours
Enchaînée par la loi. Tombée pour la Justice.
Dans le futur, le monde est gouverné par le diktat des hommes. Les femmes qui ne se plient pas aveuglément à leur volonté sont envoyées manu-militari dans l’établissement auxiliaire de conformité, une prison spatiale tournant en orbite autour de la Terre et répondant au doux nom de… BITCH PLANET ! Alors que les « bitches » doivent tout juste se remettre de la mort de Meiko, leur arme secrète lors du match de Mégaton, une enquête est lancée pour élucider son passé. Comment cette jeune ingénieure prometteuse a-t-elle pu basculer et devenir une véritable tueuse ?
Après un premier tome très réussi, il est temps de retrouver la série de Kelly Sue DeConnick et ses personnages non conformes dans un second album.
L’autrice ouvre le bal avec un épisode centré sur Meiko, personnage qui a connu un sort tragique dans le tome précédent. L’épisode permet de comprendre ce qui s’est passé dans sa vie avant Bitch Planet, et ce récit s’avère assez dur. C’est une histoire tragique, parfaitement racontée sans en faire de trop, et même si on devine assez vite ce qu’il va se passer, une fois qu’on y est confrontés ce n’est pas pour autant que ça passe plus facilement à la lecture.
Kelly Sue De Connick reprend ensuite le court de son histoire, et on se rend assez vite compte que le flashback du premier épisode n’était pas anodin (je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler). L’autrice nous livre une nouvelle fois une histoire dure et sans concessions, délivrant au passage un message fort sur la condition féminine en allant très loin à propos de ce que doivent endurer ses personnages. Ce second tome s’avère tout aussi intéressant que le premier, avec une succession d’événements bien trouvée et une galerie de personnages bien pensée. On ne peut que se demander jusqu’où on va aller, en tout cas il est clair que cette série est résolument pessimiste et la notion d’espoir en est tout à fait absente. Il se passe en effet beaucoup de choses désagréables dans cet album, et les personnages ont beau être des femmes fortes pour la plupart il est clair qu’elles doivent beaucoup encaisser au fur et à mesure des différentes (mauvaises) surprises concoctée par une autrice qui a décidé de ne rien leur épargner.
La partie graphique, signée Valentine De Landro, est de son côté très réussie. Le style de l’artiste, qui va droit à l’essentiel pour la représentation des personnages et des décors, est aussi percutant que l’histoire.
Côté bonus, nous avons droit à quelques publicités qui appuient le discours de Kelly Sue Deconnick en insistant sur la condition des femmes dans son récit.
Un très bon album, tout aussi réussi que le premier.
Croquemitaines tome 2 | |
Glénat Comics 128 pages – 17.95€ Mathieu Salvia |
Série en cours
Les monstres, ça n’existe pas que dans la tête des enfants…
Passionné de lecture, Elliott a toujours eu une préférence pour les histoires de Croquemitaines, ces créatures monstrueuses qui, la nuit, se cachent dans l’ombre ou sous le lit pour effrayer les petits enfants. Il n’imagine pas à quel point elles vont changer sa vie… Témoin du meurtre sanglant de ses parents, il va découvrir qu’en réalité, les Croquemitaines existent bel et bien et que des codes très précis régissent leur existence. Lorsque l’un des plus puissants d’entre eux, le « Père-la-mort », se met en tête de le protéger, Elliott va se retrouver plongé dans un terrible conflit au cœur d’un univers aussi terrifiant que fascinant et dont il devient l’enjeu principal. Par une sombre nuit orageuse, le destin d’Elliott va s’accomplir…
En bonus : les dessous de la création de l’œuvre, des informations additionnelles sur le background et la mythologie des Croquemitaines, des recherches graphiques et une galerie d’hommages exclusifs par des grands auteurs du 9e art !
Dans le premier tome, nous avons fait connaissance avec un univers où les monstres de l’imaginaire des enfants existent et se combattent entre eux. Il est maintenant temps de passer à la suite et fin de cette histoire, toujours sous la plume de Mathieu Salvia.
Après la présentation des Croquemitaines, l’auteur va plus loin en nous en apprenant davantage sur le mystérieux sauveur d’Elliott. Il plane toujours une ambiance de mystère dans ce second et dernier tome de l’histoire, mais le lecteur sera satisfait en trouvant des réponses à ses interrogations. Cette seconde partie est tout aussi réussie que la première, avec une exploitation bien pensée des Croquemitaines et de tout le folklore qui va avec. Nous avons donc affaire à des créatures redoutables et effrayantes, qui se livrent des combats sans merci et le tout à leur niveau qui se situe bien au-delà de celui des humains.
Cette conclusion s’avère en tout cas tout à fait satisfaisante, et même si certaines choses sont un peu prévisibles elles n’en sont pas moins intéressantes et bien amenées, et au final nous avons droit à un récit touchant et particulièrement agréable à lire. Croquemitaines fait décidément partie des bonnes surprises de l’année en matière de comics, atteignant un grand niveau de qualité.
Du côté du dessin, le style de Djet est toujours aussi efficace et ses planches sont très réussies. Le trait de l’artiste, nourri de plusieurs influences, est en parfaite adéquation avec le scénario de l’album, et son dynamisme est tout à fait approprié pour les scènes d’action.
Côté bonus, le sommaire de l’album est complété par un cahier graphique très complet, où nous pouvons voir les différents stades de différentes planches au cours de leur réalisation. Un cahier hommage, signé de plusieurs illustrateur, est également au programme.
Un excellent album, qui conclut parfaitement une histoire très bien ficelée.
Harrow County tome 3 | |
Glénat Comics 128 pages – 14.95€ Cullen Bunn |
Série en cours
On vous a dit que l’horreur pouvait être belle ?
Le garçon décharné tente de comprendre les mystères de son passé, et Emmy enquête sur une ancienne demeure en décomposition. Pendant ce temps, un serpent malveillant sème la folie et la malice dans l’esprit des résidents de Holler. Seule Bernice parvient à lui résister grâce à l’aide du ténébreux Lovely Belfont. Mais ce soutien ne va-t-il pas la confronter à un danger plus terrible encore ?
Après deux tomes où Cullen Bunn a une nouvelle fois fait preuve de son talent, il est temps de retrouver l’univers horrifique de Harrow county et de connaître à nouveau la peur.
Car c’est bien de peur dont il est question une nouvelle fois au travers des différentes récits qui composent ce troisième album. L’auteur sait en effet parfaitement comment effrayer le lecteur avec des histoires effrayantes, dans un registre qui n’a pas besoin de recourir aux artifices du gore pour faire dresser les cheveux sur la tête du lecteur. L’horreur est insidieuse, se glisse dans chaque recoin des histoires et place le lecteur dans une sorte de transe dans laquelle il reste effrayé pendant tout le temps de sa lecture.
Le premier récit, qui se concentre sur le mystérieux garçon écorché, est touchant en plus d’être effrayant. Cullen Bunn est habile dans sa narration, en faisant véritablement ressentir au lecteur ce que doit endurer ce pauvre garçon. Quant aux autres récits, ils sont également efficaces et leur atmosphère qui sent la sorcellerie et l’horreur est idéale pour se faire peur en lisant l’album le soir. L’univers que l’auteur a mis en place dès le premier tome est très cohérent, et cet album est tout aussi efficace que ses deux prédécesseurs pour nous offrir un moment de lecture de qualité, pour peu que l’on ne soit pas réfractaire au côté horrifique de la série.
Du côté du dessin, les différentes parties sont illustrées par des personnes différentes. En plus des planches Tyler Crook, qui a déjà œuvré sur les tomes précédents, nous avons en effet droit à des dessins de Carla Speed McNeil (première partie) et Hannah Christenson (dernière partie). Les styles des trois artistes sont radicalement différents, servant donc le contexte horrifique de trois façons différentes, mais en tout cas la qualité est au rendez-vous avec des prestations soignées.
Côté bonus, nous avons droit à un sketchbook annoté par les trois artistes de l’album. Ce sketchbook est vraiment intéressant pour voir les méthodes de travail en oeuvre dans ces pages, et l’évolution des dessins depuis les premiers traits de crayon jusqu’au résultat final.
Un excellent tome, idéal pour jouer à se faire peur.
Nailbiter tome 3 | |
Glénat Comics 128 pages – 15.95€ Joshua Williamson |
Série en cours
Le diable passe à table !
Buckaroo, Oregon. Alors qu’il enquête sur la disparition de son meilleur ami, l’agent Nicolas Finch de la NSA fait équipe avec le diable en personne : Edward Nailbiter, tueur psychopathe réputé pour dévorer les ongles de ses victimes. Ensemble, ils découvrent que cette affaire a sans doute un lien avec le fait que cette petite bourgade paumée des États-Unis a vu naître 16 des pires serial killer de l’Histoire. La clé de cette morbide énigme se cache-t-elle dans l’esprit malade de Nailbiter ?
Depuis son premier tome, Nailbiter est une histoire hors norme. La notion de serial killer est en effet exploitée d’une façon assez peu commune, et ce n’est pas avec ce troisième tome que cela va changer.
Dans ce troisième album, Joshua Williamson joue une nouvelle fois avec les nerfs du lecteur, à plusieurs niveaux. D’abord avec une scène de violence absolument insoutenable (mais remarquablement bien illustrée), mais aussi en multipliant les fausses pistes. Il y a en effet des révélations dans ce troisième opus, mais aussi beaucoup d’impasses et de faux semblants. En fait, à chaque fois que le lecteur pense avoir le fin mot de l’histoire, il y a de fortes chances qu’il ait à nouveau glissé sur une peau de banane narrative et se soit fait promener par un auteur qui semble décidé à conserver le mystère le plus longtemps possible.
En tout cas, même si le lecteur se fait effectivement berner ici et là, l’auteur se fait pardonner en offrant une histoire complexe et très bien écrite. L’univers de la série, très glauque (certains passages font même penser à Tony Chu, mais sans une ombre d’humour ou de second degré), propulse le lecteur dans un monde de violence omniprésente où chaque personnage est susceptible de péter un plomb à la case suivante. Il en ressort un sentiment d’inconfort, car on ne sait vraiment pas à quel saint se vouer, mais en tout cas cela encourage à rester attentif car chaque détail a son importance. Les nouvelles questions consécutives à la lecture de ce troisième tome donnent en tout cas envie d’en savoir plus, et en ce qui me concerne je suis donc impatient d’avoir le quatrième tome entre les mains !
La partie graphique, signée Mike Henderson, est de son côté très réussie. On saluera la prestation de l’artiste sur la scène de violence dont je parlais plus haut, intercalant avec brio des tortures différentes dans une mise en page très maîtrisée.
Côté bonus, nous avons droit justement à des informations sur la genèse de cette scène, qui s’avère très intéressante.
Un excellent tome, au service d’une série dont la qualité reste constante d’album en album.
Silver tome 1 | |
Glénat Comics 240 pages – 17.95€ Stephen Franck |
Série en cours
Pour dérober l’argent des vampires, il lui faut une équipe en or
New York City, 1931. James Finnigan est un cambrioleur de génie. Son péché mignon ? Tout ce qui brille. Mais alors que son dernier boulot avant la retraite dégénère, cet as de la voltige tombe par accident dans une mystérieuse crypte sous les bureaux de la Fondation Harker. Il y fait une étonnante découverte : un lingot en argent issu d’un fabuleux trésor lié à une dangereuse légende en Transylvanie. Pour monter ce coup du siècle, il décide de rassembler une équipe des plus talentueux escrocs qu’il connaisse ! Rien ne va plus quand la fine équipe découvre qu’elle tente de dérober l’argent des vampires…
Depuis le Dracula de Bram Stoker, le mythe du vampire n’a de cesse d’être réinventé pour nous offrir de nouvelles histoires qui l’exploitent. Dans cet album, les vampires sont au cœur d’un récit de cambriolage pour le moins original.
Situant son intrigue dans les années 30, Stephen Franck se place d’emblée dans une époque qui a le parfum de l’aventure et des pulp’s. L’histoire semble assez simple de prime abord : un cambrioleur très doué dans son domaine qui monte une équipe pour dérober un fabuleux trésor. Sauf que quand on ajoute des vampires à l’équation, tout de suite, ça devient rapidement plus compliqué. L’univers des vampires est utilisé ici avec efficacité pour construire un récit bien ficelé, avec des personnages qui sont tout à fait terrifiants sans qu’il ne soit besoin d’entrer dans un gros délire bien gore. Les habitués de l’univers de Dracula apprécieront de retrouver des choses qui leur seront familières, mais le tout à une époque plus récente que dans l’oeuvre de Bram Stoker.
Ce premier tome, en plus de jouer son rôle d’exposition en présentant l’univers de l’histoire et ses personnages, emmène directement le personnage au cœur d’un récit haletant et sans aucun temps mort. Le lecteur se prend assez vite au jeu en suivant les aventures de James Finnigan et de son équipe, et ne peut que trembler à l’idée de ce qui les attend alors qu’ils s’en prennent à des adversaires qui sont tout à fait redoutables. Nous avons donc affaire à un album qui se lit très bien, avec un petit côté dépaysant qui n’est franchement pas désagréable.
La partie graphique est quant à elle également assurée par Stephen Franck. Le choix du noir et blanc pour raconter cette histoire est tout à fait judicieux, et son style colle parfaitement à l’ambiance générale du récit.
Le sommaire de l’album est complété par des bonus particulièrement intéressants : une partie sur l’évolution du scénario (il s’agissait d’un scénario de film à l’origine), des explications détaillées et illustrées sur la composition des pages et une galerie d’illustrations sont en effet au programme, et permettent au lecteur de véritablement entrer au sein du processus créatif.
Un excellent album, qui utilise judicieusement le mythe du vampire dans une histoire palpitante.
C’est tout pour aujourd’hui !
Merci pour tes retours…. Que du bon dans tout ça !!!
Oui il y a un bon niveau ! 🙂