Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de deux albums édités par Glénat Comics.
Au programme : Polar t2 et Sukeban Turbo.
Polar tome 2 | |
Glénat Comics 176 pages – 15.95€ Victor Santos |
Série en cours
La vengeance est un plat qui se mange froid…
Laissée pour morte dans les eaux de l’Arctique avec un impact de balle dans la tête, Christy White est secourue par un homme mystérieux. Alors qu’elle demande réparation, celui-ci lui apprend comment reconstituer les bribes de son passé de tueuse. Ils ont tenté de la refroidir, mais ils auraient dû finir le job. Car maintenant, le feu qui anime Christy s’est ravivé et a fini de la décongeler : elle est à point pour faire brûler le monde entier !
Le premier tome de Polar avait été une agréable surprise, Victor Santos nous concoctant une histoire de vengeance classique mais bien ficelée. On retrouve donc ce thème pour cette nouvelle histoire, mettant en scène un nouveau personnage.
Dans ce récit, Victor Santos nous raconte donc l’histoire de Christy. Enfin au départ il nous raconte surtout comment elle se reconstruit pour exercer sa vengeance, car on ne sait rien d’elle. On suit donc ce personnage dans une histoire assez glauque, et on en apprend par petites touches sur ses motivations puis son passé. L’histoire est bien ficelée, l’auteur jouant habilement avec les frustrations du lecteur en ne lui donnant des réponses qu’au compte-gouttes. C’est vraiment une ambiance de polar hard boiled qui nous est proposées là, et tout du long on se demande comment l’auteur va faire se finir cette histoire très sombre. On notera au passage que l’auteur s’est amusé à glisser des références dans son récit : l’un de ses personnages s’appelle Corbucci (comme Sergio Corbucci, réalisateur de westerns spaghetti et de films avec Bud Spencer et Terence Hill) et l’autre Buchinski (le vrai nom de Charles Bronson, et le personnage est dessiné avec les traits du comédien). C’est un détail, mais ça m’a amusé. 🙂 En tout cas ce second tome est tout aussi réussi que le premier, avec une histoire intéressante qui se lit d’une traite.
Le sommaire est complété par deux récits : l’un nous permet de retrouver Black Kaiser et le second (très court) est centré sur un policier de l’histoire principale. C’est en tout cas très intéressant, et le premier surprend par la présence de couleurs.
Du côté du graphisme, on retrouve le même style que dans le premier tome. Victor Santos nous livre des planches qui font tour à tour penser à Eduardo Risso ou Frank Miller, avec le même parti pris graphique que dans le premier tome qui consiste à ne représenter que la couleur rouge en plus du noir et du blanc. Cela donne un résultat vraiment très joli, et donc des planches agréables à regarder. Par contre j’ai trouvé ce tome plus gore que le premier, rien d’insurmontable non plus ceci dit (je rappelle que je suis une petite nature en la matière).
Côté bonus, nous avons droit à un cahier de croquis très instructif. Il est juste dommage par contre que le format de l’album tasse un peu les pages explicatives, qui auraient gagné en lisibilité dans un format plus grand.
Un très bon album, tout aussi réussi que le premier.
Sukeban Turbo | |
Glénat Comics 144 pages – 17.95€ Sylvain Runberg |
Série en cours
Quand Akira rencontre la série TV Girls…
Shelby Buckman, lycéenne newyorkaise de 17 ans, a déjà connu un parcours sulfureux. À la tête d’un gang de filles surnommées les « Sukeban Turbo », référence à un mouvement féminin radical japonais des années 1980, Shelby revend cocaïne, MDMA et amphétamine aux hipsters de Brooklyn pour le compte de Jared, un jeune caïd de 25 ans. Le look branché et la jeunesse de Shelby et ses copines leurs ouvrent toutes les portes des soirées tendances de la ville qui ne dort jamais, et la clientèle qui va avec. Toute son existence, Shelby n’a connu que le chaos. Et elle ne s’imagine pas vivre autrement. Mais bientôt, sa vie va prendre un autre tournant… La rédemption est-elle au bout du voyage ?
Cet album est une création originale de Glénat Comics, qui propose une déclinaison occidentale d’un phénomène Japonnais qui se nomme les Sukeban. Sylvain Runberg nous raconte le destin de deux personnages à l’apparence très dissemblables (une jeune lycéenne chef de gang et un chanteur de boys band) mais au final les trajectoires de ces deux personnes ne sont pas si disjointes que ça.
Outre les Sukeban, cet album fait penser à Orange Mécanique par certains de ses aspects violents (et certains passages font directement penser au film) mais aussi au classique La fureur de vivre qui dépeignait déjà en son temps une jeunesse paumée. Car c’est bien de ça dont il s’agit, de jeunes qui se réfugient dans la violence et les excès pour exister à leur façon. C’est un récit dur et sans concessions que nous propose l’auteur, avec en prime un portrait au vitriol du show business mais de toutes façons personne n’est dupe de ce qui se trame dans les coulisses du monde du spectacle.
Les personnages sont très bien caractérisés, et l’histoire se lit avec beaucoup d’intérêt même s’il faut reconnaître que ce n’est pas bien gai, voire même qu’il s’agit d’un récit totalement désespéré. Je dois reconnaître que certaines scènes de violence m’ont mis mal à l’aise, surtout car nous sommes ici dans un cadre particulièrement vraisemblable et ce qui se passe dans ces pages pourrait très bien se produire « pour de vrai ». Le ton est résolument sérieux, avec une absence totale d’humour et c’est aussi bien car cela aurait été déplacé vu le sujet traité.
La partie graphique, signée Victor Santos, est quant à elle très réussie. L’artiste met un style dynamique au service de l’ambiance de l’histoire, et son trait dépeint parfaitement le scénario de cet album. La colorisation est également très efficace pour refléter le côté pessimiste et glauque de l’histoire.
En ce qui concerne les bonus, nous sommes gâtés dans cet album. Outre un très intéressant dossier sur les Sukeban au Japon signé Romain Grosjean, nous avons droit à une interview des auteurs de l’album ainsi qu’à un cahier de croquis et des planches à différents stades de réalisation (noir et blanc puis essais de couleurs).
Un très bon album, dur mais captivant.
C’est tout pour aujourd’hui !
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