Le lundi c’est librairie ! Au programme cette semaine : l’omnibus Coda, édité par Glénat Comics.
Coda Omnibus | ||
Glénat Comics 336 pages – 29.95€ Simon Spurrier |
Un barde rusé, une turbulente licorne et un destin exceptionnel. Oyez, oyez, le seigneur Noir a gagné ! La magie a été quasiment éradiquée de ce monde fantastique autrefois magnifique et majestueux. Dans cette contrée désolée, un mystérieux barde du nom de Hum, un homme de peu de parole qui marmonne plus facilement son prénom qu’il ne répond aux questions d’autrui, est en quête d’un remède pour sauver l’âme de sa bien-aimée, accompagné dans son périple par une licorne mutante au tempérament aussi fougueux qu’imprévisible. Si le barde doit sa survie à son bon esprit, il est bien en peine de prévoir les réactions de sa monture et encore moins de l’issue du combat qui l’attend. Emporté malgré lui dans la tourmente, Hum devra choisir au mieux ses alliés pour faire triompher le bien et remettre de l’ordre dans cet étrange monde en déliquescence.
Simon Spurrier, qui a déjà travaillé sur Dark Crystal, nous propose ici une histoire qui sort des sentiers battus.
La plupart du temps, lorsqu’on nous propose une histoire post-apocalyptique c’est un monde « ordinaire » qui a changé suite à une catastrophe et est transformé en un monde étrange. L’originalité de Coda, c’est qu’en fait le contexte post-apocalyptique vient se greffer sur un monde qui était déjà un monde de dieux et de magie avant.
Simon Spurrier raconte donc l’histoire d’un monde dévasté où les ressources magiques se sont taries, ce qui lui donne un contexte de désolation encore plus marqué et ne manquera pas de déstabiliser le lecteur. En effet, d’habitude il a quelques repères sur le « monde d’avant » vu qu’il ressemble souvent à son quotidien tandis qu’ici le « monde d’avant » est déjà radicalement différent de ce qu’il a pu connaître.
Au cœur de ce monde, on trouve un homme qui est animé par une quête même s’il refuse qu’on utilise ce mot. La première partie de cet imposant ouvrage est racontée avec l’appui d’un journal en cours d’écriture, tandis qu’une narration plus classique est utilisée pour la seconde. L’appui du journal permet à l’auteur d’apporter un peu d’aide au lecteur, un peu perdu dans ce monde étrange dans lequel il bascule immédiatement.
Outre la quête et les rebondissements qui vont avec (et donc les différentes sous-quête qui vont avec), différentes thématiques sont abordées au cours de cette histoire. L’une d’elles est particulièrement importante : le personnage principal a-t-il raison de vouloir faire changer sa femme ? Est-ce pour son bien à elle, ou bien parce qu’il n’accepte pas sa différence ? A travers le prisme du fantastique, c’est une thématique très réelle qui est abordée ici, facilement transposable dans un contexte plus terre à terre.
L’autre thème fort du récit tourne autour de la question suivante : est ce que la fin justifie les moyens ? Le personnage principal de Coda se livre souvent à des actes très discutables, qui ne sont guère différents de ce que font les « méchants » de l’histoire, en les justifiant au nom de ce qu’il estime être « juste ». De quoi alimenter une réflexion autour de cette question.
A noter dans Coda une petite référence qui sera peut être passée inaperçue mais qui sautera sûrement aux yeux des lecteurs ayant déjà joué aux jeux d’aventure de Lucasarts : il y a en effet un passage qui ressemble fortement à une séquence de The Secret of Monkey Island, et sans en dire de trop pour ne pas faire de spoiler disons que ça implique le sens de l’orientation du personnage.
L’histoire est captivante d’un bout à l’autre, grâce à un rythme efficace qui permet de ne jamais trouver le temps long malgré la taille de l’album. On rencontre des créatures étranges qui ont souvent des côtés amusants comme par exemple le squelette de dragon aux demandes insolites qui apparait dès le départ ou encore la licorne mal embouchée du personnage principal.
Coda est une vraie bonne surprise, qui revisite les codes du récit post apocalyptique et de la fantasy pour les mêler de façon originale et efficace. Il y a des scènes d’action, de la magie et des créatures à la fois étranges et imposantes. Le concept est brillamment exploité, et donne envie d’en lire davantage !
La partie graphique est assurée par Matias Bergara, qui relève haut la main le défi de donner vie à ce monde étrange. L’histoire étant en effet située dans un monde où le quotidien rime avec étrange, ce n’était pas forcément aisé que de mettre le récit en images. L’artiste est très inspiré, et les décors tout autant que les créatures mystérieuses qui hantent l’histoire sont très réussis.
Coda offre une dose d’évasion bienvenue en ces temps compliqués que nous vivons, et le graphisme joue pour beaucoup dans ce sentiment. Dès la première case, le lecteur est immédiatement emmené dans le monde de Coda grâce à l’efficacité du style de Matias Bergara qui le retiendra captif le temps de la lecture.
En ce qui concerne les bonus, le sommaire de l’album est complété par une carte et une abondante galerie d’illustrations et de couvertures.
Un excellent album, au concept original.
C’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous lundi prochain pour une nouvelle chronique.
Vu le contexte, le programme de la semaine prochaine n’est pas encore calé, donc ce sera la surprise lundi prochain !
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