Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de trois albums édités par Panini Comics, Delcourt Comics et Glénat Comics.
Au programme : X-Men – La résurrection du Phénix, Solo t4 et Curse words t1.
X-Men – La résurrection du Phenix | |
Panini Comics 136 pages – 18€ Matthew Rosenberg |
Des indices apparaissent soudainement aux quatre coins de la planète mais les X-Men hésitent : est-ce bien le retour de Jean Grey ou bien est-ce le Phénix qui vient consumer la Terre ? Un casting cinq étoiles de dessinateurs dans lequel on trouve Leinil Francis Yu et Carlos Pacheco !
(Contient les épisodes US Phoenix Resurrection (2017) 1-5, inédits)
Alors qu’elle est décédée depuis pas mal d’année, voilà que Jean Grey – la vraie, pas un double, un clone ou une version jeune – fait à nouveau parler d’elle.
C’est à Matthew Rosenberg qu’échoit la difficile mission de ramener Jean Grey sous les feux de l’actualité. Difficile, car écrire sur le Phénix n’est pas une chose aisée (d’autres se sont cassés les dents dessus) et surtout un personnage important comme Jean Grey dont la vie et la mort ont été au coeur de sagas majeures des X-Men n’est pas forcément simple à traiter. Mais en tout cas l’auteur s’en tire vraiment très bien.
On le sait, chez les super-héros la mort est tout au plus une mauvaise grippe chez les mortels « ordinaires », voire même un passage obligé, donc depuis le temps que Jean Grey était mise de côté on pouvait bien se douter qu’elle finirait par revenir, ou du moins qu’un récit centré sur la possibilité de ce retour verrait le jour. Dans cet album, les pistes sont subtilement semées dès le départ pour nous faire comprendre ce qui arrive, un peu à la manière du célèbre récit Les X-Men et les jeunes Titans.
Il y a pas mal de très bonnes idées dans cet album, qui traite avec beaucoup d’efficacité ce sujet compliqué. Il n’est pas question de jouer la carte de la simplicité, ne serait-ce que par respect pour le personnage et la thématique qui l’entoure. Mais ce n’est pas pour autant que l’histoire est alambiquée ou blindée de référence obscures à destination des lecteurs connaissant sur le bout des doigts l’univers mutant de Marvel.
Simple sans être simpliste, l’histoire est passionnante et accessible tout en respectant le personnage et son univers. Certes, la solution que Matthew Rosenberg pour parvenir à ses fins est nettement moins roublarde que celle employée dans les années 1980, mais elle est bien trouvée et l’histoire tient vraiment bien la route. Sans être non plus l’histoire ultime qui va révolutionner le monde des comics, La résurrection du Phénix traite son sujet avec sérieux pour un très bon résultat, et c’est toujours agréable d’avoir une bonne histoire des X-Men à lire.
Du côté du graphisme, nous avons droit à une prestation collégiale pour mettre en images cette histoire. Les artistes à l’oeuvre sont inspirés, ce qui nous permet de profiter de planches très soignées et agréables à regarder.
Un très bon album, bien ficelé et agréable à lire.
Solo tome 4 | |
Delcourt Comics 80 pages – 14.95€ Oscar Martin |
Solo est mort. Abandonné, son fils adoptif et disciple, Legatus, décide de chercher sa propre voie de survie et de rallier d’autres animaux à celle-ci. Mais les humains ne vont pas le laisser faire…
Au décès de son mentor, Legatus le chien décide d’explorer de nouvelles voies de survie, construisant ainsi sa propre légende. Autour de lui se réunissent des « adeptes » de toutes les espèces cherchant à coexister dans le monde cannibale. Mais cette nouvelle faction fait peur aux humains : si Legatus est un leader, ses fidèles sont une armée représentant un danger qu’il faut rapidement écraser..
Après un troisième tome conclusif, on pouvait penser que c’en était terminé pour l’univers post-apocalyptique de Solo. Mais on peut voir avec ce quatrième opus que ce n’était pas vraiment le cas.
Oscar Martin nous offre en effet une nouvelle aventure se déroulant après la conclusion du cycle tragique terminé dans le troisième tome, mettant en scène un autre personnage qui ressemble fortement à Solo. Sur les traces de Legatus, dont le nom n’est évidemment pas anodin, nous voici repartis dans ce monde post-apocalyptique où la notion même d’espoir est loin d’être acquise.
Pour cette nouvelle histoire, Oscar Martin explore de nouvelles pistes et thématiques sans pour autant renier le cadre très dur de l’univers de sa série. Même si l’action et la violence ne sont pas absents, il est également question de foi et de ramener l’espoir. Il est également question de rédemption, de donner un sens à sa vie après avoir laissé la violence la dominer, thématiques certes classiques mais qui ne sont pas forcément celles que l’on s’attendait à voir dans ce thème.
Il y a également une très jolie référence à Blade runner dans ce tome (ma scène préférée en plus !) et la métaphore Christique n’est jamais très loin non plus (elle est même franchement explicite), mais tout ceci n’est jamais lourd ou gratuit. Oscar Martin utilise ces thématiques avec beaucoup de naturel, enrichissant son récit sans pour autant asséner brutalement des vérités avec brutalité en direction du lecteur.
En tout cas, même si comme pour les trois premiers tomes la lecture de ce nouvel opus est assez dure du fait du caractère très sombre de l’univers de la série, ce tome est vraiment très intéressant. On ne s’ennuie pas en lisant les aventures de Legatus, et cette ambiance vraiment envoûtante propre à la série n’a pas son pareil pour capturer le lecteur et ne lui laisser d’autre choix que de poursuivre sa lecture d’un bout à l’autre de l’album.
Du côté du dessin, c’est également Oscar Martin qui officie et le résultat est vraiment superbe. Qu’il s’agisse des paysages désolés de son monde post apocalyptique ou de ses personnages insolites (notamment les animaux aux silhouettes humains sans pour autant renier les traits de leurs espèces), les dessins sont superbement réalisés.
Un très bon album, à l’ambiance envoûtante.
Curse Words tome 1 | |
Glénat Comics 160 pages – 15.95€ Charles Soule |
Son meilleur tour ? Leur avoir fait croire qu’il allait sauver le monde !
Un magicien fait son apparition dans les rues de New York. Il s’appelle Wizord et prétend venir d’un autre monde pour nous sauver des forces maléfiques qui veulent notre destruction. Il serait même le plus grand magicien de tous les temps ! Ou peut-être pas… Peut-être que Wizord ment depuis le début et que c’est lui, la force maléfique. Ou peut-être qu’il est juste venu pour passer du bon temps dans notre monde, beaucoup plus agréable que le trou d’où il vient. Véritable magicien ou charlatan, où est la vérité ?
La magie est un thème plutôt glissant, car il peut s’avérer difficile de la traiter sans sombrer dans la facilité ou le grand n’importe quoi. Fort heureusement, ce n’est pas le cas ici.
Avec ce premier album inaugural de sa série, Charles Soule ajoute une nouvelle corde à son arc en racontant l’histoire d’un magicien venu d’ailleurs. L’auteur se permet au passage quelques excentricités, comme l’insolite personnage qui accompagne Wizord, mais ce n’est pas pour autant que Cursed Words est une série humoristique, loin de là même.
L’auteur nous offre en effet un récit malin sur le thème de l’imposteur, avec un personnage ambigu dont on ne sait pas trop quoi penser de prime abord. Le lecteur est d’ailleurs directement jeté dans le grand bain avec l’histoire qui commence après l’arrivée de Wizord sur Terre, puis ensuite le cadre est progressivement expliqué. Le cynisme du personnage et quelques petites touches d’humour plutôt discrètes allègent un peu le récit, où on trouve aussi quelques critiques plus ou moins discrètes sur notre société.
Riche en scène d’action et en passages étranges du fait de l’utilisation de la magie, ce premier tome est bien ficelé et permet de faire connaissance avec l’univers de la série. Certes, il y a encore pas mal de choses à expliquer, mais au terme de ce premier album on a déjà les grandes lignes qui permettent de saisir l’intrigue sans se sentir largué sans que toutefois l’auteur n’ait déjà grillé toutes ses cartouches en abattant son jeu trop tôt.
Il y a en effet encore des choses inexpliquées qui ont largement de quoi susciter la curiosité du lecteur, et ce pas uniquement parce que l’on souhaite savoir comment Wizord peut se débrouiller au sein du chaos qui l’entoure. A la fin de l’album, passionnant d’un bout à l’autre, les mystères restants sont suffisamment importants pour donner envie d’en lire davantage, en plus de cette ambiance très réussie qui contribue elle aussi à l’envie de continuer à suivre les aventures de Wizord.
La partie graphique, signée Ryan Browne, n’est pas en reste : les planches sont très soignées, et c’est un vrai plaisir de regarder les dessins. L’univers étrange de Wizord est parfaitement rendu, qu’il s’agisse du rendu de sa magie sur Terre ou de l’autre monde dont il est question dans cet album.
Un excellent album, qui exploite parfaitement son concept. Vivement la suite !
C’est tout pour aujourd’hui !
J’ai également lu Legatus ce week-end et j’ai beaucoup aimé (j’ai découvert la série avec ce tome).
Par contre, je n’ai pas repéré la référence dont tu parles…
Le monologue final de Roy Batty est présent à la page 14 😉
Tu sais quoi ? Quand il parle de « larmes sous la pluie », je me suis dit que j’avais déjà entendu un truc similaire mais ça ne m’est pas revenu…
Cette scène de la BD est vraiment très émouvante, tout comme celle du film.
Oui c’est clair que c’est vraiment un moment fort !
Oscar Martin est en dédicace à la Fnac de La Défense aujourd’hui…