Le lundi c’est librairie ! vous propose la chronique de trois albums édités par Panini Comics, Urban Comics et Delcourt Comics.
Au programme : Banner/Cage/Ghost rider/Punisher par Corben, Black hammer présente Doctor Star (en avant-première) et Chimichanga t2.
Banner / Cage / Ghost Rider / Punisher par Corben | |
Panini Comics 312 pages – 36.95€ Azzarello / Way / Ennis |
Richard Corben, Grand Prix d’Angoulême 2018, est l’un des artistes les plus marquants de la bande-dessinée. Chez Marvel, il a signé de nombreuses œuvres saisissantes et a participé à quatre reprises à des séries mettant en scène les héros de la Maison des Idées. Retrouvez ici ses mini-séries Banner et Cage, signée par Brian Azzarello, ses deux épisodes de Ghost Rider (Daniel Way) ainsi que Punisher : The End par Garth Ennis.
(Contient les épisodes US Banner (2001) 1-4, Cage (2002) 1-5, Ghost Rider (2006) 6-7 et Punisher The End, publiés précédemment dans les albums 100% MARVEL : HULK BANNER, CAGE, GHOST RIDER 4 et MARVEL DELUXE : PUNISHER (MAX) 7)
Au sommaire de cet imposant volume, quatre récits signés de différents auteurs mais tous illustrés par Richard Corben.
On commence avec une histoire de Brian Azzarello sur Hulk, et comme souvent avec l’auteur l’histoire est bien sombre. La dualité Banner / Hulk est bien traitée, et les touches d’humour noir allègent l’histoire sans pour autant casser l’ambiance. On peut vraiment mesurer le drame de l’existence de Banner, enchaîné à Hulk sans aucune échappatoire, et le potentiel de destruction de ce dernier. On notera d’ailleurs qu’un point important de l’histoire a été repris par Marvel Studios au détour d’un dialogue de film, montrant les influences multiples des adaptations de films. L’histoire est vraiment intéressante, avec un final très dur.
On passe ensuite à Luke Cage, toujours sous la plume de Brian Azzarello. C’était à l’époque l’occasion de dépoussiérer le personnage pour faire oublier ses débuts en jaune avec une tiare. Dans une ambiance urbaine hip hop, on retrouve donc l’indestructible personnage et la violence est au rendez-vous (le récit avait été publié en Marvel Max). C’est âpre et violent, et surtout c’est une relecture intéressante du personnage. Là aussi, on retrouve des inspirations de sa version « live ».
Daniel Way prend ensuite le relai pour une histoire de Ghost rider, qui est normalement intégrée à un arc narratif au contraire des autres récits mais qui peut se lire comme un stand alone. Forcément, la qualité baisse d’un cran par rapport à Brian Azzarello mais on est tout de même confrontés à une histoire efficace sur le personnage de Johhny Blaze. Le motard infernal est très bien employé, et l’histoire s’avère à la fois accessible et intéressante.
Pour terminer, nous retrouvons une nouvelle fois la dernière aventure du Punisher sous la plume de Garth Ennis. Celui qui a donné ses plus belles aventures au justicier à la tête de mort lui offre un dénouement à sa mesure, avec une dernière mission au ton totalement désespéré. C’est d’ailleurs l’occasion pour Garth Ennis d’aborder des thématiques qui lui sont récurrentes, sans que cela ne détonne avec son personnage. La dernière aventure du Punisher est dans la lignée de ses exploits sous la plume de l’auteur, et en constitue un épilogue captivant et poignant.
Passons maintenant au graphisme, intégralement signé Richard Corben. Les quatre histoires ont donc en commun une identité graphique que l’on reconnait au premier coup d’oeil même si les ambiances sont radicalement différentes. Certains choix graphiques sont parfois surprenant, comme l’apparence de Hulk, mais ça fonctionne vraiment très bien et l’atmosphère de chaque récit est parfaitement restituée.
Un excellent album, qui regroupe des récits très forts de Marvel.
Black Hammer présente Doctor Star | |
Urban Comics 128 pages – 14.50€ Jeff Lemire |
Sous l’identité du Docteur Star, James Robinson était l’un des plus grands compagnons d’armes de Black Hammer. Aujourd’hui, il n’est plus qu’un vieil homme tentant désespérément de renouer avec son fils dont sa carrière de justicier l’aura toujours tenu à l’écart. Au crépuscule de sa vie, James se remémore la découverte de son pouvoir cosmique, ses exploits durant la Seconde Guerre mondiale et le naufrage de sa vie de famille…
Contenu VO : Doctor Star #1-4
Autre spin-off de Black Hammer, Doctor Star est consacré à l’un des collègues du super-héros disparu, version à peine camouflée de Starman.
Comme dans la série-mère, Jeff Lemire rend un bel hommage à un personnage de comics emblématique et va même jusqu’à lui donner le nom de l’auteur qui lui a donné ses lettres de noblesse dans les années 1990. On retrouve les fondamentaux de Starman, qu’il s’agisse de son équipement ou de traits de caractère, mais également agrémenté d’emprunts à d’autres mythologies comme celle de Green Lantern. On reste vraiment dans la même démarche que Black hammer et son spin-off : rendre hommage sans piller, et sans non plus être dans la repompe stérile et sans imagination.
Avec ce récit, l’auteur emmène le lecteur sur les traces d’un personnage prêt à tout pour être un héros mais qui en paie le prix fort (je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler). Nous sommes tour à tour dans une ambiance de super-héros spatial ou dans des moments nettement plus sobres et émouvants, et le tout est parfaitement dosé par un auteur qui maîtrise son sujet et son récit. L’histoire est vraiment très poignante, avec un dénouement qui prend aux tripes. Mais cependant on n’est pas non plus dans le pathos dégoulinant, car il y aussi beaucoup de dignité dans cette histoire.
Tout comme la série-mère et l’autre spin-off, l’album est captivant d’un bout à l’autre. Une fois la lecture entamée, nous sommes happés par le talent de Jeff Lemire et il est difficile de lâcher le livre avant la fin. C’est redoutablement bien écrit et passionnant, et l’hommage rendu aux comics le rend d’autant plus intéressant.
Côté dessin, nous avons droit à des planches superbement réalisées par Max Fiumara. Qu’il s’agisse de spatial ou d’ambiance plus intimistes, l’artiste restitue à merveille l’atmosphère du récit. Et pour la petite histoire, il rend un hommage pictural à l’auteur de Starman en donnant ses traits au personnage principal du récit.
Côté bonus, un carnet de croquis très détaillé nous permet d’apprendre beaucoup de choses sur la réalisation de ce récit.
Un excellent album, passionnant et très touchant.
Chimichanga tome 2 | |
Delcourt Comics 112 pages – 14.95€ Eric Powell |
Eric Powell retrouve Chimichanga et Lula, pour un deuxième opus. Ce monstre gentil et cette petite fille barbichue se débrouillent tant bien que mal pour se bâtir une existence dans ce monde bizarre. Ils font la connaissance d’un bien étrange garçon, si affreux, qu’il se cache derrière ses cheveux. Pourra-t-il trouver la paix et le bonheur en rejoignant le cirque où vivent Lula et son monstre ?
Après un premier tome passionnant, voilà que l’on retrouve la petite fille à barbe et son curieux compagnon dans de nouvelles aventures.
Dans le premier volume, Eric Powell nous avait offert une véritable ode à la tolérance en nous racontant l’histoire d’une petite fille à barbe dans un cirque bien bizarre. On retrouve ce cadre dans le deuxième tome, avec toujours des gens bizarres mais aussi un nouveau personnage très étrange. On n’est pas du tout dans une redite du premier opus, car ce personnage est très différent de Chimichanga et surtout il peut s’exprimer tout seul.
Comme dans le premier album, l’auteur n’est guère tendre avec les gens « normaux » qui finalement ont tous des choses à se reprocher. Ce n’est pas pour autant que les « freaks » n’ont que des qualités (le nouveau personnage n’est pas un ange non plus), mais au final les personnages qui font preuve de la plus grande humanité ne sont pas ceux qui ont le plus l’air d’être dans « la norme ». L’auteur montre au contraire qu’il a beaucoup plus d’empathie et de tendresse pour les gens qui ne rentrent pas dans un moule, s’exprimant en ce sens à travers la voix de la petite Lula.
Ce second tome est comme le premier un vibrant discours sur la tolérance, sur l’importance de ne pas juger les gens à tort et à travers. Lula – qui n’a pas sa langue dans sa poche – est un personnage attachant, et les péripéties qu’elle rencontre tout au long du livre sont intéressantes à suivre. C’est une histoire qui se lit vraiment très bien, avec une ambiance mêlant un certain humour et un côté touchant. Comme souvent chez Eric Powell, le résultat est farfelu mais on n’est pas du tout dans une parodie ou une histoire comique. La bonne humeur est au rendez-vous, avec un ton léger, mais ce n’est qu’une façon de traiter un sujet sérieux et non pas une fin en soi.
Côté dessin, Stephanie Buscema tient les crayons pour les nouvelles aventures de Lula et Chimichanga. Le résultat est vraiment très bon, on retrouve ce côté bonbon acidulé des planches du premier tome et l’ambiance très spéciale de l’histoire est parfaitement rendue.
Un sketchbook complète le sommaire de l’album, offrant au lecteur une dose supplémentaire de dessins joliment réalisés. C’est en plus intéressant de voir les crayonnés de l’artiste avant le résultat final des planches.
Un excellent album, touchant et plein de bonne humeur.
C’est tout pour aujourd’hui !
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