Pour la dernière fois de l’année, Le lundi c’est librairie ! vous propose la chronique d’un album édité par Delcourt Comics.
Au programme : New York Trilogie Intégrale.
New York Trilogie Intégrale | |
Delcourt Comics 424 pages – 34.95€ Will Eisner |
Will Eisner fait de New York et de ses habitants les personnages d’une pièce de théâtre plus grande que nature. Muets ou diserts, instantanés ou développés en plusieurs planches, l’auteur révèle toute la finesse et l’intelligence dont il savait faire preuve. La faune exubérante campée sur les perrons d’immeubles populaires, les gamins des rues, tout devient matière à raconter la vie. Celle des gens. Celle qui compte…
Dans cet imposant volume se trouvent les trois parties de la trilogie consacrée à New York par l’un des maîtres de la bande dessinée Américaine : Will Eisner. Les parties en question sont La ville, L’immeuble et Les gens.
La première partie est composée de petites histoires qui mettent en valeur tel ou tel aspect de la ville de New York. Sous la plume de Will Eisner, celle-ci se dévoile sans fard ni artifices, comme mise à nu tandis que son essence même est dévoilée au lecteur par celui qui l’a beaucoup observée pour en livrer un portrait sans concession. La seconde partie est constituée de récits qui semblent disjoints au départ mais sont en fait reliés par une thématique commune, à savoir le devenir d’un immeuble, et finissent par converger d’une façon vraiment très surprenante mais très bien pensée. Quant à la troisième partie, elle se compose de trois histoires centrées chacune sur un personnage.
Le ton général de cet album est particulièrement sombre : quelle que soit la partie de cette trilogie, les histoires sont le plus souvent tragiques et les personnages souffrent beaucoup. Ce n’est cependant pas gratuit, ce sont juste des histoires qui sont à la fois tristes et belles. Certaines d’entre elles m’ont même fait penser à du Dickens par leur côté vraiment triste, où toute notion même d’espoir semble totalement hors de portée du vécu des personnages.
Les trois parties sont vraiment passionnantes, et on se sent happé dès la première page par la puissance de la narration de Will Eisner. Le lecteur est comme capturé dès le début de sa lecture, et l’auteur ne lui laisse aucun répit jusqu’à la dernière page de son oeuvre. C’est captivant, même si le ton très triste est souvent très dur et que certaines histoires laissent un goût amer une fois qu’elles ont été lues (je pense notamment à la première histoire de la troisième partie).
En ce qui concerne le graphisme, nous sommes gâtés avec des planches magnifiquement réalisées. Will Eisner donne ici une véritable leçon de narration graphique, avec des mises en pages qui vont de la traditionnelle série de cases à des techniques plus audacieuses. Le talent de Will Eisner lui permet d’enchaîner les parties sans paroles et celles où il y en a avec une fluidité déconcertante et une narration impeccable, au point même que le dessin lui-même semble parler en lieu et place des traditionnelles bulles. Le style est percutant, avec beaucoup d’expression dans le trait.
Un excellent album, qui offre une balade passionnante dans une ville de New York intemporelle.
C’est tout pour aujourd’hui, à l’année prochaine !
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