Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique de quatre albums, édités par Urban Comics, Delcourt Comics, Glénat Comics et Akileos.
Au programme : Seven to eternity t2, Kill or be killed t2, Critical hit et Doctor Who – Le règne des Cybermen.
Seven to eternity tome 2 | |
Urban Comics 136 pages – 15.50€ Rick Remender |
Prisonnier d’Adam Osidis et des Mosak, le Roi Fange est traîné sur l’étendue désolée de Zhal où ses ravisseurs comptent le livrer à la seule force capable de défaire son emprise sur son armée d’esclaves. Mais on ne l’appelle pas le « Maître des Murmures » pour rien… et il ne tarde pas à influer sur l’esprit des Mosak eux-mêmes. Le choix qu’il leur reste à faire sera déterminant pour l’avenir de Zhal et y résonnera pour l’éternité.
Contenu vo : Seven to Eternity volume 1 (#5-9)
Après une brillante entrée en matière, il est temps de retrouver la nouvelle série de Rick Remender.
L’auteur avait en effet posé avec son efficacité coutumière les bases d’un univers aussi passionnant que fascinant dans le premier tome de Seven to Eternity, permettant au lecteur de toucher du doigt la complexité du récit qu’il mettait en place.
Dans ce second tome, l’auteur continue sur sa lancée et exploite parfaitement son concept de départ. Les personnages sont très bien caractérisés et l’histoire se lit avec une grande fluidité, et comme pour le premier tome la fin de l’album est synonyme de frustration car on a vraiment un goût de trop peu en le refermant.
L’univers de Seven to eternity reste toujours aussi fascinant dans ce second tome, avec une utilisation très bien pensée des personnages et de leur spécificités. On retrouve bien la patte de Rick Remender dans la construction de ses intrigues, avec un côté sombre omniprésent mais suffisamment bien dosé pour ne pas non plus qu’on se retrouve dans une histoire prompte à rendre le lecteur dépressif.
On sent en tout cas que l’auteur en a encore sous le pied pour la suite de sa série, tout en prenant soin de ne pas frustrer le lecteur en le mettant dans un état de « manque » permanent d’informations.
Du côté du graphisme, signé Jerome Opena et James Harren, c’est tout simplement somptueux. Les paysages sont magnifiques, et le côté étrange de cet univers est particulièrement bien mis en images.
Un excellent album, dans un univers toujours aussi fascinant.
Kill or be killed tome 2 | |
Delcourt Comics 168 pages – 16,50€ Ed Brubaker |
Brubaker et Phillips tapent de plus en plus fort avec ce 2e tome de leur tétralogie ! Notre justicier s’enfonce toujours un peu plus dans les ténèbres, tandis que les forces de police de New York commencent à réaliser qu’un type masqué s’en prend aux salopards de la ville. Entre thriller, polar et déconstruction d’un genre (celui des justiciers), cette série vous happe sans jamais vous lâcher.
Avec le premier tome, le lecteur avait de quoi être surpris par le concept pour le moins original de l’histoire. Les surprises sont toujours au rendez-vous dans ce second tome !
Ed Brubaker nous raconte donc la suite des mésaventures de Dylan, condamné à tuer pour rester en vie. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas décidé de lui faciliter la vie ! Dylan est en effet confronté plus souvent qu’à son tour aux conséquences de son marché surnaturel, et se retrouve dans des situations toujours plus dangereuses. Mais nous ne sommes pas non plus dans un banal récit d’action où le héros s’en sort à peine décoiffé : déjà Dylan n’est pas un héros, mais en plus il en voit vraiment de toutes les couleurs.
L’auteur n’a pas son pareil pour raconter des histoires sombres où les personnages se retrouvent aux prises avec les conséquences de leurs actes, et il le prouve une fois encore. Dylan est vraiment englué dans une histoire qui le dépasse, et les multiples intrigues enrichissent l’univers narratif de la série. Le doute reste encore de mise quant à la réalité de ce qui se passe dans cette histoire : le démon existe-t-il vraiment, ou bien est ce que le personnage a tout imaginé ? Ed Brubaker joue toujours la carte de l’ambiguïté, et bien malin celui qui saura dire dès maintenant ce qu’il a en tête.
Du côté du graphisme, Sean Phillips fait encore des merveilles pour restituer l’ambiance des mots de son comparse scénariste. Le côté très sombre de l’histoire est magnifiquement mis en images, l’artiste n’ayant pas son pareil pour illustrer les histoires d’Ed Brubaker.
Un excellent album, qui propose une plongée passionnante dans les ténèbres de l’âme humaine.
Critical hit | |
Glénat Comics 112 pages – 14.95€ Matt Miner |
Il est temps que le prédateur devienne la proie !
Sarah et Jeanette adorent les animaux. Alors à la faveur de l’obscurité, elles s’improvisent vengeresses, enfilant leurs masques de ski et brandissant leurs masses pour secourir les animaux victimes de maltraitance, des rings de combats de chiens aux laboratoires de tests illégaux. Mais elles vont trop loin le jour où elles s’en prennent aux mauvaises cibles. Elles croyaient s’en prendre à un gang de chasseurs. Elles ont provoqué un groupe de serial killers.
Le sujet de cet album n’est pas forcément très commun, mais on peut dire au moins que l’auteur fait preuve d’originalité ! Des protectrices des animaux qui se retrouvent face à des psychopathes, ça montre qu’on ne sait vraiment jamais à quoi s’attendre dans la vie.
Matt Miner brosse dans cette histoire le portrait de jeunes femmes qui en ont vu des vertes et des pas mûres au court de leur existence, et qui décident de se venger des gens qui maltraitent les animaux. Pour ce portrait, l’auteur recourt abondamment aux flashbacks, trop en fait. A un moment, on se dit que l’histoire devrait être un peu plus linéaire et qu’on devrait éviter de revenir sans arrêt en arrière.
L’histoire est cependant intéressante, avec un portrait plutôt réussi des protagonistes de l’histoire. On ne peut que sympathiser avec elles, surtout quand on voit ce à quoi elles sont confrontées ! Le suspense est palpable et jusqu’au bout on se demande jusqu’où l’auteur va aller. C’est juste dommage que l’omniprésence des flashbacks jusque très tard dans le récit donne une impression de dispersion qui ne sert pas l’histoire et lui donne même un côté assez fouillis.
Côté dessin, les planches de Jonathan Brandon Sawyer sont réalisées avec beaucoup d’efficacité. On appréciera au passage que malgré le sujet l’artiste n’ait pas cédé à la tentation du gore à outrance et soit resté plutôt sobre.
Un bon album, qui aurait gagné à moins se disperser.
Doctor Who – Le règne des Cybermen | |
Akileos 128 pages – 16€ Cavan Scott / George Mann |
Exilé de Gallifrey à la toute fin du Temps, Rassilon, chef déchu des Seigneurs du Temps, a été capturé par le dernier des Cybermen. Maintenant, les Cybermen ont accès au voyage dans le temps. Avec lui, chaque défaite est maintenant une victoire. Chaque ennemi est maintenant mort – ou Cyberisé. Les légions défilent dans le temps et l’espace, laissant derrière elles le chaos et des civilisations converties. Leur nombre grandissant avec chaque monde qui tombe, tout semble perdu. Pour toujours. Les neuvième, dixième, onzième et douzième docteurs – chacun combattant les Cybermen seuls et sur un front temporel différent – peuvent-ils réparer les dommages qui ont été causés à l’univers avant d’être eux-mêmes convertis ? Ou est-ce ainsi que meurt l’univers ?
Les Cybermen font partie des ennemis les plus redoutables du Docteur. Voici donc que ces êtres de métal affrontent le Seigneur du temps sur tous les fronts.
Dans un récit mené tambour battant par Cavan Scott et George Mann, le Docteur affronte donc les Cybermen à travers le temps. Ca pourrait presque être classique, si ce n’est que l’on assiste à cet affrontement « en même temps » car ce sont les différentes incarnations du Docteur qui livrent ce combat dont les étapes sont racontées successivement.
Le concept du voyage dans le temps, au coeur de l’univers de la série Doctor Who, est parfaitement exploité dans cette histoire mettant en scène les Cybermen. Les ramifications de chaque décision ont des conséquences, et tout en bout de chaîne le 12e Docteur (dernière incarnation en date lors de l’écriture de l’histoire) les ressent comme autant d’ondes de choc.
L’univers si particulier de la série est parfaitement maîtrisé par les auteurs, qui nous permettent donc de retrouver les différents Docteurs sans faux raccord ou incohérence. Il ne s’agit donc pas d’une rencontre de Docteurs au sens strict du terme, car les auteurs ont « triché » en laissant chaque incarnation à son époque, mais en tout cas l’aspect éclaté de l’intrigue à travers le temps est très efficace et on retrouve l’ambiance de la série télévisée.
Du côté du dessin, l’originalité est de mise : chaque Docteur a en effet droit à son artiste, ce qui différencie encore plus chaque époque. Le résultat est globalement bon, même si certains artistes s’en tirent mieux que d’autres.
Un très bon album, palpitant de bout en bout.
C’est tout pour aujourd’hui !
Content de te relire 😉