Comme annoncé la semaine dernière, les albums chroniqués cette semaine dans Le lundi c’est librairie ! constitueront un mélange de nouveautés et de titres plus anciens, le tout en VF.
Je vous propose cette semaine de nous intéresser à Punisher – Born, Spiderman & Fantastic Four, Incognito t2 et Trouble.
Punisher – Born : Une relecture passionnante du Punisher
Born est un album spécial à plusieurs titres. Outre le fait qu’il s’agit du premier album de Punisher dans la collection Max, il s’agit surtout de la relecture des origines du personnage par Garth Ennis. Les lecteurs de comics Marvel savent que le Punisher est devenu ce qu’il est lorsque sa famille a été abattue sous ses yeux pendant un pique-nique, alors qu’il était un père de famille exemplaire et de surcroit un ancien combattant décoré…sauf que Garth Ennis n’est pas de cet avis. Au cours d’un récit situé en pleine guerre du Vietnam, l’auteur nous montre que Frank Castle avait déjà commencé à changer pendant la guerre, amorçant le virage vers celui qui deviendra la terreur du monde criminel. Ennis laisse même le choix au lecteur pour l’interprétation de ce qui se passe dans la tête de Frank Castle, qui peut tout aussi bien être totalement cinglé ou « juste » en contact avec une entité surnaturelle (les deux pistes sont tout aussi probables l’une que l’autre). Cette autre vision du personnage a par ailleurs été reprise par la suite par Jason Aaron dans son excellente série PunisherMax, notamment dans le second album où il est confronté à Bullseye, mais ceci est une autre histoire…Dans Born, Garth Ennis montre encore une fois sa grande maîtrise des histoires de guerre, en nous dépeignant un Vietnam glauque où se déroulent des combats d’une grande violence et où les soldats sont une fois de plus broyés par un conflit qui les dépasse (ce qui m’a fait penser à son excellent Histoires de guerre). Du côté du dessin, on retrouve un Darick Robertson particulièrement en forme qui nous offre un très beau graphisme reflétant parfaitement l’ambiance de la guerre (c’est goûtu). Un très bon album, malheureusement difficile à trouver (comme la plupart des albums du Punisher dans la gamme Max).
Spiderman & Fantastic Four : Dispensable mais sympathique
Dans cet album, nous retrouvons Spiderman et les Quatre Fantastiques dans une histoire antérieure aux tragiques évènements de Three. Signé Christos N Gage, ce récit explore le passé des cinq héros, à travers différents épisodes de leur vie où ils ont été associés. Ce qui est original par rapport à des dizaines d’histoires du même type, c’est qu’en fait il y a une histoire de manipulation temporelle derrière tout ceci, glissant des évènements liés au présent en coulisse des récits passés. Tout ceci tient particulièrement la route, et c’est l’occasion de montrer une fois encore à quel point les liens entre Spiderman et les Quatre Fantastiques sont étroits : ces derniers estiment le jeune héros (même s’il y a des rapports « chien et chat » entre Spiderman et la Torche), qui en retour a beaucoup d’admiration et d’affection pour eux. Rien de bien nouveau (à part la trame de fond qui unit ces épisodes), cela a déjà été dit plusieurs fois mais la lecture reste plaisante. Du côté du dessin, par contre c’est moins glorieux. Le trait de Mario Alberti est dynamique et rend bien les scènes d’action, mais dans le même temps les visages sont particulièrement hideux, voire même difformes par moment. C’est dommage, car l’histoire méritait un meilleur graphisme (pour cette histoire j’aurais bien vu du Alan Davis). Un album qui n’est pas indispensable, mais qui reste tout de même une lecture sympathique.
Incognito t2 : Passionnant malgré une légère impression de redite
Après un premier tome qui m’avait beaucoup plu, voici la suite des mésaventures de Zack Overkill, super-vilain repenti qui essaie de mener une nouvelle vie de l’autre côté de la barrière. L’histoire signée Ed Brubacker est passionnante, j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt les péripéties de ce récit où le protagoniste principal a décidément bien du mal à changer de vie. Je regrette juste que comme dans le premier tome l’auteur ré-utilise des idées provenant de ses anciens travaux. Certes le recyclage était plutôt bien fait dans le premier tome, mais il est difficile de ne pas voir qu’un personnage important de ce second tome a une énorme ressemblance avec le personnage principal de Sleeper. Ca n’est pas non plus un problème, et ne m’a pas dérangé plus que ça, mais je trouve dommage que l’auteur doive s’appuyer sur son (excellente) ancienne série. Mais cela n’enlève rien aux qualités de cette histoire, qui réserve son lot de surprises et qui s’avère particulièrement agréable à lire. Du côté du dessin, nous avons droit à de bien belles planches de Sean Phillips, qui comme à son habitude soigne sa mise en page avec des effets très réussis. Un très bon album pour une excellente série, malgré le léger sentiment de déjà vu.
Trouble : A ne réserver qu’aux inconditionnels d’histoires d’amours d’ados
Cet album est plutôt particulier (et pas seulement pour la couverture particulièrement raccoleuse) : il s’agit d’une tentative avortée de Mark Millar (sur une idée de Bill Jemas) de redéfinir le passé de la famille Parker (Ben, Richard, Mary, May) à travers une relance des romance comics, genre populaire dans les années 50. Finalement Bill Jemas a quitté Marvel, la gamme où Trouble a été édité (Epic) a été abandonnée et Marvel a fait du rétropédalage sur le lien réel entre l’histoire de ces quatre jeunes gens et la famille Parker (d’ailleurs le nom n’est jamais mentionné, tout est dans le sous-entendu). Maintenant que le décor est planté, passons à l’histoire : on retrouve donc deux frères (Richard et Ben) qui trouvent un job d’été dans une station balnéaire où il croisent deux jeunes filles du même âge (May et Mary). S’en suit une histoire de romances adolescentes, avec des conséquences plutôt importantes pour les quatre jeunes gens qui perdront ici leur insouciance. Si on s’en tient au principe de base, à savoir qu’il s’agit des frères Parker, le récit a de quoi remuer : May est bien loin de l’image de la vieille tantine (pardonnez moi l’expression mais elle a le feu au c*l dans cette histoire, quoique récemment avec le père de JJJ c’était pas très calme non plus) et surtout la relation avec Peter trouverait ici un éclairage différent et sommes toutes assez logique. Mais à part ça c’est une histoire très convenue sur les adolescents qui murissent trop vite, même si ça se lit plutôt bien. Du côté du dessin, le graphisme de Terry Dodson est tout aussi réussi qu’à son habitude et sert très bien cette histoire. Un album totalement dispensable, qui n’est pas ce que Millar a fait de pire mais on est loin de ce qu’il a fait de mieux aussi…
Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui.
La semaine prochaine, Le lundi c’est librairie ! proposera à nouveau un mélange de titres VF récents et plus anciens.
Je confirme pour le Born. Je l’ai lu aujourd’hui, et waouou. Le dialogue intérieur est brillant, logique, et rajoute une touche mystique à l’aura du Punisher. Brillante relecture de Castle/Punisher, pareil pour la vision du Vietnam avec des dialogues touchants du lieutenant. En tout cas j’ai refermé l’album avec la chair de poule.