Le lundi c’est librairie ! est de retour avec la chronique de six albums.
Au programme : Leviathan t1, Batman Terre -1 t2, Damned, Daredevil Redemption, Le signe et Sonar.
Leviathan tome 1 | |
Wanga Comics 86 pages – 12€ Carlos G. Campillo |
Pendant le Troisième Reich, Himmler et les scientifiques SS créèrent une arme de destruction massive à l’aide de la puissante sorcellerie des arcanes. Son nom le LEVIATHAN, une entité imparable capable de prendre l’avance sur le conflit pour les faire gagner. La Seconde Guerre mondiale est presque perdue, elle est leur dernier espoir de gagner. Mais les forces alliés ont entendu parler de ce plan extrême et envoie un soldat d’élite, l’agent Mazzara qui a pour mission d’arrêter les nazis avant qu’ils ne réveille leur monstre puissant et qu’il n’est plus d’espoir…
Vu le net penchant du Troisième Reich pour l’occulte, la Seconde guerre mondiale a souvent été le cadre d’aventures où le fantastique a toute sa place, des Aventuriers de l’Arche perdue à Hellboy. Ici le fantastique est également de mise, avec les efforts de l’Allemagne pour créer une créature à même de leur faire gagner le conflit. Cet album, qui met en scène l’agent Mazzara (tout aussi efficace que l’Agent Carter chez Tonton Stan), est très plaisant à lire. L’histoire tient en effet particulièrement bien la route, et la menace du Leviathan parfaitement exploitée au service d’un récit riche en action. Carlos G. Campillo nous offre une histoire qui se lit vraiment très bien, sans aucun temps mort. Vu le sujet, j’avais un peu peur que cela ne soit du réchauffé vu que cette période de l’histoire a été vraiment souvent traitée, mais l’histoire est en tout cas suffisamment originale pour que cela ne donne pas l’impression de relire une nouvelle fois la même chose.
Du côté du dessin, signé Alfonso Ruiz, nous avons droit à des planches très soignées qui servent très bien le récit.
Un très bon album, qui constitue une lecture fort agréable.
Batman Terre-1 tome 2 | |
Urban Comics 152 pages – 15€ Geoff Johns |
Après la mort du Maire Oswald Cobblepot et l’apparition d’un certain « Batman », une nouvelle ère s’apprête à voir le jour à Gotham City. Jessica Dent et son frère, le procureur Harvey Dent, ont rejoint les rangs de ce justicier de l’ombre pour combattre la corruption et le dictat des criminels installés en ville depuis trop longtemps. Mais aucun ne s’attendait à devoir affronter un nouvel adversaire, un ennemi si imprévisible que chaque mauvais pas peut d’avérer fatale.
Contient: Batman: Earth One volume 2
Après un premier tome très réussi où Geoff Johns nous livrait sa vision de Batman dans une approche qui faisait fortement penser à la ligne Ultimate de Marvel. Pour ce second tome, l’auteur continue sur sa lancée en faisant intervenir de nouveaux personnages revisités tout en montrant l’évolution d’un Batman inexpérimenté qui apprend sur le tas son difficile rôle de justicier. Ce second tome est dans la directe lignée du premier, revisitant l’univers de Batman en prenant des libertés souvent surprenantes mais qui offrent un peu d’originalité par rapport à une simple redite d’histoires déjà écrites. Cela fait toujours bizarre de voir un Batman encore très rudimentaire (et pas doué comme détective dixit James Gordon), mais en tout cas cette relecture est plaisante à lire et c’est intéressant de suivre un héros qui n’est pas encore le mythe que l’on connait mais un héros qui se donne beaucoup de mal pour accomplir sa mission envers et contre tous.
La partie graphique est quant à elle assurée par Gary Frank et je dois dire que je suis mitigé. Certes, l’artiste est très bon mais il est dans cet album un bon cran en dessous de son travail habituel, avec par exemple des grimaces sur les visages à des moments qui n’en nécessitent pas. Ca me fait mal au coeur de dire du mal du travail de cet artiste dont j’aime beaucoup le travail, mais je me dois d’être objectif en me disant déçu par sa prestation dans cet album (mais qui reste un bon cran au dessus de pas mal d’artistes tout de même).
Un très bon album, malgré un petit bémol pour le dessin moins bon qu’à l’accoutumée.
Damned | |
Delcourt Comics 128 pages – 15.50€ Steven Grant |
Quand Mick Thorne est libéré sur parole, la seule chose qu’il a en tête est une promesse qu’il a faite. Mais pour honorer cette dernière – transmettre un message à la soeur de son ancien compagnon de cellule, mort en prison -, il attire l’attention d’un boss de la mafia locale. Damned est un bel hommage aux polars noirs, dans la veine d’un Richard Stark.
Il flotte sur cet album un parfum d’années 90, ces années où les rayonnages des vidéo clubs renfermaient notamment des films avec des héros incompris et ombrageux aux coupes de cheveux improbables (oui Lorenzo Lamas je parle de toi, mais aussi de tes camarades de jeu). Steven Grant nous livre donc une histoire tout ce qu’il y a de classique, mais plutôt intéressante avec son ancien prisonnier qui tente de s’acquitter de sa dette tant bien que mal. L’auteur utilise judicieusement les codes du genre, et les lecteurs retrouvent donc facilement leurs marques tant l’univers narratif mis en place par Steven Grant les respecte. Certains rebondissements sont cependant un peu téléphonés et prévisibles, mais cela ne gâche pas le plaisir de lecture. On finit par se prendre au jeu en suivant Mick Thorne au fil de ses mésaventures, même si son côté ombrageux peine à le rendre sympathique au lecteur, et les idées de l’auteur sont vraiment très bien exploitées.
Du côté du dessin, le graphisme de Mike Zeck est plutôt bon sans non plus atteindre des sommets.
Un bon album, plutôt agréable à lire.
Daredevil – Rédemption | |
Panini Comics 152 pages – 16€ David Hine |
Dans la petite ville de Redemption Valley, le cadavre d’un jeune garçon est retrouvé mutilé. Est-ce un meurtre rituel ? Joel Flood est arrêté. Tout de noir vêtu, fan de métal et adorateur de Satan, il est le coupable idéal. Mais l’avocat et super-héros Matt Murdock croit en l’innocence du jeune homme et va tout mettre en œuvre pour le sauver d’une communauté assoiffée de vengeance.
(Contient les épisodes US Daredevil : Redemption 1-5, inédits)
On a parfois tendance à l’oublier, mais Daredevil ce n’est pas que l’homme sans peur qui démonte des mâchoires et réinvente des articulations sur les membres des voyous de Hell’s Kitchen. Daredevil, c’est aussi Matt Murdock, l’avocat, et même un sacré bon avocat. Dans cet album, dont le contenu date de quelques années, David Hine donne la part belle à l’identité civile du diable rouge même si ce dernier fait des apparitions ici et là. L’histoire racontée ici est une histoire « de procès » assez classique mais terriblement efficace car elle est surtout très vraisemblable. On a en effet aucun mal à penser que tout ce qui s’y passe pourrait très bien avoir lieu dans ce qui est souvent appelé de façon un peu péjorative « l’Amérique profonde » et face à tout ceci un homme sans peur est terriblement impuissant. Cet album, dont l’ambiance fait pas mal penser au Daredevil d’Ann Nocenti (en moins verbeux heureusement), est particulièrement réussi grâce à une ambiance très sombre et page après page le lecteur se sent comme broyé par l’implacable récit de David Hine, tout comme le jeune accusé voit se réduire comme peau de chagrin ses chances de s’en tirer.
Du côté du dessin, nous avons droit à une excellente prestation de Michael Gaydos. L’artiste retrouve ici le style qu’il avait utilisé sur la série Alias, et cela sied très bien à l’ambiance sombre et pas franchement optimiste de l’histoire.
Un excellent album, qui plaira sans nul doute aux lecteurs d’histoires qui sortent du cadre strictement super héroïque.
Le signe | |
Glénat Comics 128 pages – 14.95€ Philippe Thirault |
One shot
Rien n’est jamais sans conséquence…
Alex Morsen a failli être un écrivain à succès. Son premier livre, Perte d’Auréole, a été un best-seller. Mais aujourd’hui Alex est un homme aigri et sans inspiration. Sa bonne étoile semble l’avoir quitté. À fleur de peau, il ne supporte plus sa voisine du dessus, qui joue du piano toute la sainte journée. Elle devient l’excuse de son incapacité à se concentrer et à créer. Un jour, excédé, Alex lui jette un sort qu’il a trouvé dans un livre traitant de sciences occultes. Il ne peut se douter des répercussions que ce geste va avoir sur la pianiste, et surtout sur lui et sur sa famille…
L’histoire de Philippe Thirault a l’air toute simple : un auteur sur le déclin et sa voisine qui lui tape sur les nerfs. Mais cela serait simpliste de s’arrêter à cela. Tout au fil de l’album, c’est un récit implacable qui nous est proposé au fur et à mesure qu’Alex Morsen voit se désagréger la réalité suite à ses agissements. Le suspense devient progressivement insoutenable, car au fur et à mesure de la progression du récit on se demande vraiment jusqu’où l’auteur va aller. Pour ma part, cette histoire m’a fait penser à du Stephen King de la grande époque et même pour être précis à La peau sur les os (le roman, pas le mauvais téléfilm qui en a été tiré). Une fois la lecture commencée, il est difficile de s’arrêter avant la fin car chaque page donne envie de lire la suivante. Cet album est en effet passionnant, et chaque petit détail est soigné. Si vous aimez vous faire peur en lisant, alors cet album est fait pour vous.
La partie graphique, assurée par Manuel Garcia, est de son côté tout à fait réussi. Le noir et blanc colle parfaitement à l’ambiance effrayante de l’histoire et les planches sont très soignées (avec des passages bien gore).
Un excellent album, à réserver toutefois à un public averti.
Sonar | |
Glénat Comics 128 pages – 14.95€ Sylvain Runberg |
One shot
Quand une terreur ancestrale jaillit des profondeurs…
De nos jours, au large de la Sicile. Alice, plongeuse émérite, rejoint une équipe de chasseurs d’épaves pour explorer les fonds marins à la recherche du Sun Horse : un somptueux yacht de luxe des années 1960 renfermant une inestimable collection d’objets d’art. Mais la jeune femme, atteinte d’un mal étrange, va vite découvrir que, plus qu’une épave, le Sun Horse est devenu un repaire, un habitat, où vivent des créatures en embuscade. Des prédateurs qui font échos à d’anciennes légendes, partagées par les marins du monde entier, depuis des temps immémoriaux. Des êtres pourtant bien réels, qui vont semer la terreur et la mort pour protéger leur territoire…
Après une introduction qui laisse redouter le pire, l’histoire de Sylvain Runberg laisse un peu le lecteur se reposer avec une trame de chasse au trésor et de navires engloutis. Mais progressivement, comme goutte à goutte, l’auteur distille des petites touches qui vont alimenter une terreur de plus en plus absolue tandis que l’horreur devient de plus en plus présente. Sonar est véritablement un album à faire dresser les cheveux sur la tête, car à chaque fois que l’on imagine le pire pour la page suivante l’auteur va encore plus loin que les craintes du lecteur. Les rebondissements s’enchaînent les uns derrière les autres, et comme dans tout bon récit d’horreur les morts s’enchaînent et ce de façon particulièrement gore (il faut avoir l’estomac solide pour certains passages). Cet album est très réussi, et ravira les amateurs de suspense et d’horreur. L’histoire tient en effet parfaitement la route, avec une explication simple mais efficace sur les phénomènes à l’origine de ce carnage, et l’enchaînement des événements est bien fichu sans aucun temps mort.
Du côté du dessin, signé Chee Yang Ong, nous sommes gâtés avec des planches très réussies. Vu le sujet de l’album, il y a des planches très gore, heureusement atténuées par le noir et blanc.
Un excellent album, à réserver toutefois aux lecteurs avertis.
Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous une prochaine fois pour une nouvelle chronique.
J’ai lu Damned dans la version précédente (éditée chez Kymera) et c’est un récit sympathique mais pas indispensable.
Et je te suis complètement pour ton avis sur les deux titres « Flesh & Bones ».
Voilà, c’est tout à fait ça. Ca se lit bien mais c’est pas non plus l’album de l’année.