Pour cette dernière édition de Le lundi c’est librairie ! avant de marquer une petite pause estivale, nous allons une fois de plus nous intéresser de près à l’actualité VF avec quatre albums très récents.
Je vous propose cette semaine de nous intéresser à Midnighter, Daredevil t22, Shadowland et Soldier Zero.
Midnighter : Pas le meilleur Ennis mais une lecture très sympa
Midnighter et Garth Ennis…voilà une combinaison qui donne envie de lire cet album. Avec ses habitudes narratives, Ennis est en effet un bon candidat pour s’occuper de la machine à tuer d’Authority (d’autant qu’il l’a déjà très bien exploité dans les deux Kev). Le pitch de cet album est simple : pour échapper à une bombe implantée dans son thorax, Midnighter doit remonter le temps et tuer Hitler…On retrouve dans cette histoire un Midnighter fidèle à lui-même : un tueur bourrin qu’il vaut mieux éviter de provoquer. Mais on trouve aussi une réflexion subtile sur sa condition, Midnighter étant conscient qu’il est « ce pour quoi on l’a créé » et agissant en conséquence. En ce sens, on peut rapprocher ça des réflexions habituelles d’Ennis sur la guerre (Midnighter devenant finalement, au lieu de Batman, une version particulièrement trash de Captain America, ne serait-ce que pour l’aspect « super soldat »). Le parallèle est d’autant plus frappant avec les scènes de guerre présentes dans le récit, dans la lignée du discours habituel d’Ennis sur cette horreur qu’est la guerre. Mais ce n’est cependant pas ce qu’Ennis a écrit de mieux : certains passages sont prévisibles, et l’histoire est un peu courte. Mais cela reste très sympa à lire, d’autant que le graphisme (signé Sprouse et Snejberg) est loin d’être vilain. Une courte histoire, signée Ennis et Fabry, clôt cet album. On y trouve un récit sur une version de Midnighter et Apollo en plein Japon médiéval, qui est particulièrement bien fichue et même poignante. D’autant que le graphisme est particulièrement bon. Un album sympa mais sans être indispensable.
Daredevil t22 : Une conclusion d’event qui n’est pas folichonne
Ce tome de Daredevil est imbriqué dans Shadowland, l’event « urbain » de Marvel, dont l’histoire principale se trouve en kiosque. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ces épisodes ne sont pas la meilleure partie de l’event. Diggle semble avoir du mal avec ce personnage complexe, et après un début de run qui m’avait plutôt plu, j’ai trouvé ces épisodes particulièrement poussifs. Comme en plus il faut alterner les épisodes avec ceux de Shadowland (sinon on a la désagréable impression de lire la moitié de l’histoire), cela n’aide pas à apprécier cette histoire. Le pitch était pourtant prometteur, bien qu’assez classique (le héros veut changer son ennemi et fini par être corrompu lui même), mais le traitement n’est pas très réussi (c’est du sous-Miller époque ninja, ce qui passait dans les années 80 où on avait du ninja à toutes les sauces mais de nos jours ça fait plutôt rire…). Le dessin est par contre plutôt sympa, et sauve un peu le récit du naufrage. L’album se termine par la conclusion de tout l’event (à lire après tout Shadowland, si vous trouvez ça pénible c’est normal), qui est assez convenue mais se laisse lire. On n’est pas dupes, on se doute bien que ce nouveau statu-quo ne durera pas, et je dirais même qu’il sent le réchauffé. Reste à voir comment la série évoluera avec cette nouvelle donne…mais en tout cas Daredevil va avoir du mal à remonter la pente qu’il descend avec cet album.
Shadowland : Une compilation d’excellents tie-ins à un event moyen
Comme à chaque event, Panini publie des tie-ins dans un album au format Monster, généralement destiné aux complétistes maniaques (quoique je ferais mieux de me faire discret sur ce point vu que je les achète…). Cette fois, nous avons 3 mini-séries consacrées respectivement à Misty Knight, Moon Knight et Power Man. La première met donc en scène la détective au bras bionique, de surcroît enceinte de Danny Rand (voir la série Iron Fist en 100%, et en plus elle est vachement bien). Il s’agit d’un très bon récit, très « whodunnit » dans son concept, où Antony Johnston balade le lecteur qui tente désespérément de deviner qui est derrière tout ça. On retrouve des personnages urbains pas forcément très populaires mais dont la présence est ici justifiée (avec Shadowland en toile de fond). Quant au dessin de Wellington Alves, il est très réussi. On passe ensuite à Moon Knight, le récit présent ici concluant La vengeance de Moon Knight (tout en étant lié à Shadowland). J’étais un peu inquiet, ayant été déçu par le tome 2 de la série, mais cette conclusion est bien meilleure. On peut déplorer certaines facilités (notamment sur l’identité de l’antagoniste de Moon Knight), mais j’ai été séduit par ce récit de Hurwitz riche en action et en émotion. Quant au dessin de Dazo, il est réussi et sert parfaitement le récit. Pour finir, nous avons droit à une nouvelle série Power Man…mais pas sur Luke Cage. Il s’agit en fait d’un nouveau héros qui prend ce nom et le rôle de héros à louer laissé vacant par les pionnier du domaine. J’ai été bluffé par ces épisodes, qui sont vraiment très agréables à lire. Je suis particulièrement attaché aux histoires de passages de relais entre générations de héros, et ici je me suis régalé avec ces aventures bien fichues signées Van Lente. Du côté du dessin, les planches d’Asrar sont réussies et contribuent au plaisir de lecture de ces débuts plus que prometteurs.
Soldier Zero : La meilleure des trois nouvelles séries de Stan Lee
Après Starborn et The Traveler, voici enfin le premier tome de la troisième série imaginée par Stan Lee : Soldier Zero. Des trois séries, c’est celle que j’attendais le plus (le pitch m’a beaucoup plu), et des trois, c’est ma préférée. Scénarisée par Paul Cornell et illustrée par Javier Pina, cette série raconte comment la vie d’un vétéran revenu infirme du front va changer après qu’il ait été uni à un symbiote extra-terrestre qui lui donne d’énorme pouvoirs…et l’expose à de dangereux ennemis. Je me suis particulièrement éclaté en lisant cet album, mettant en scène un héros attachant dans une histoire qui le dépasse. Certes certaines idées ne sont pas toutes neuves (l’humain et le symbiote qui doivent coopérer, le héros qui a des limitations à l’utilisation de ses pouvoirs, le méchant qui infiltre les humains…) mais tout ceci tient parfaitement la route. Il n’y a pas en effet besoin de constamment réinventer la route pour faire des bons comics et l’utilisation des « vieilles recettes » a du bon (quand on ne sombre pas dans la repompe stérile bien sûr), comme le prouve cet album. Du côté du dessin, j’avoue que je ne connaissais pas Javier Pina mais j’aime beaucoup sa façon de dessiner. Sans hésitation mon coup de cœur sur les trois séries de Stan Lee pour Boom! Studios.
Et voilà, c’est fini pour cette semaine. Vacances d’été oblige, Le lundi c’est librairie ! va marquer une petite pause avant de revenir dans quelques semaines.
Je vous souhaite donc de bonnes lectures en attendant de vous retrouver pour un prochain numéro de Le lundi c’est librairie ! .
T’inquiète, D.D va très bien remonter la pente une fois débarré de Diggle 😉
@Large Borromeo : Merci de m’avoir rassuré 🙂
Bon bin bonnes vacances alors 🙂