Lorsqu’il a été question de faire une nouvelle adaptation de Judge Dredd au cinéma, le moins qu’on puisse dire est que j’étais assez sceptique. Gardant en mémoire le nanar des années 90 avec Sylvester Stallone (qui a autant ruiné la crédibilité de Dredd au cinéma que Superman 4 ou Batman & Robin l’ont fait avec leurs franchises respectives), je me demandais ce que pouvait donner un nouveau film sur cet univers. Et cerise sur le gâteau, voilà que l’implacable juge débarque chez nous en vidéo, alors que même Ghost rider a eu droit à un passage au cinéma.
Et pourtant…force est de constater que Dredd n’est pas un mauvais film, loin s’en faut. Déjà la faute de goût ultime du premier film aux yeux des fans de Judge Dredd n’a pas été reproduite : Karl Urban n’ôte jamais son casque. Tout l’humour buddy-movie à tendance nanar du samedi soir de la prestation de Sylvester Stallone a fort judicieusement été écartée de ce film qui est très sérieux.
Mais Dredd n’existe pas que dans la comparaison avec son calamiteux ainé : il s’agit tout simplement d’un bon film aux effets visuels soignés, avec de bons interprètes et une histoire qui tient très bien la route. Je ne comprends vraiment pas pourquoi le film n’a pas eu la possibilité de sortir au cinéma alors qu’il aurait pu avoir du succès auprès des amateur de SF, au lieu d’éveiller la méfiance de par sa sortie directe en vidéo.
Un bon film, qui vous plaira si vous aimez les justiciers implacables et la SF post-apocalyptique.
Dans un avenir proche, la métropole surpeuplée Mega City One se dresse au sein du désert irradié que sont devenus les Etats Unis. La justice est assurée par les Juges, qui sont à la fois flics, juges et bourreaux. Une nouvelle drogue, le Slo-Mo, se propage via un traffic géré par l’implacable Ma-Ma. En mission sur le fief de Ma-Ma en compagnie d’une jeune recrue, le Juge Dredd va se retrouvé confronté à la baronne de la drogue et à ses troupes.
LA SUITE DE L’ARTICLE CONTIENT DES REVELATIONS SUR L’INTRIGUE (SPOILERS)
Le contexte de Dredd, fidèle à la BD d’origine, n’est pas bien gai. En effet, Mega City One est très loin d’un endroit paradisiaque, vu qu’il s’agit d’une gigantesque métropole rongée par le vice et surpeuplée. C’est dans ce cadre que la justice est représentée par les Juges. Troupes d’élite surarmés, les Juges rendent leurs jugements comme nos policiers d’aujourd’hui donnent des contraventions. Dredd est le plus implacable d’entre eux, véritable incarnation vivante de la loi qu’il défend à tout prix.
C’est donc un personnage qui ne vit que par et pour la loi qu’incarne Karl Urban. Tout comme dans la BD, le personnage est à ce point lié à la notion de justice qu’il n’a pas d’existence en dehors d’elle et en devient même une incarnation sans visage, ce dernier n’étant jamais montré. Le comédien nous livre ici une interprétation impeccable du célèbre Juge, relevant avec brio le challenge d’interpréter un tel personnage sans sombrer dans la caricature (on ose à peine imaginer ce que ça donnerait avec un acteur cabotin !).
A ses côtés, Olivia Thirlby incarne une jeune recrue aux pouvoirs psychiques : le Juge Cassandra Anderson. Là aussi nous avons droit à une excellente interprétation de ce personnage, qui se retrouve à la fois confronté à la violence de sa mission et au tempérament du Juge chargé de l’évaluer, à savoir Dredd. Tout au long du film, sa conviction va être mise à l’épreuve tandis qu’elle se rend compte de la dureté du rôle des Juges.
Après avoir incarné la Reine dans 300 et Sarah Connor dans Les chroniques de Sarah Connor, Lena Headey tient ici le rôle de Ma-Ma. Ancienne prostituée se retrouvant à la tête d’un trafic de drogue, Ma-Ma est une vraie furie enragée et Lena Headey joue parfaitement son rôle avec une interprétation parfaitement flippante.
Passant assez rapidement en huis-clos une fois que les deux Juges se font enfermer dans la Tour, Dredd joue la carte du survival : les deux Juges doivent en effet lutter pour leur survie dans un milieu violemment hostile, livrant de nombreux combats alors que (presque) tout le monde est décidé à leur faire la peau. Cela donne une ambiance assez claustrophobique au film, faisant sursauter à chaque péripétie sans non plus tomber dans les travers du genre.
Visuellement, le film est très réussi avec des effets spéciaux plutôt sobres mais efficaces. La représentation des effets du Slo-Mo (qui ralentit la perception du temps) est assez déroutante au début (surtout quand on ne sait pas ce que c’est) mais elle est très bien trouvée.
Dredd est un bon film, qui mérite le coup d’oeil si vous aimez la SF et l’univers de Judge Dredd.
Merci Franck de promouvoir ce film, scandaleusement rangé dans l’anonymat des Direct to DVD.
Il y a de grandes qualités dans ce film. D’abord parce que l’équipe a conscience de la limite de ses moyens, et qu’il est certain qu’on ne va pas voir le film pour ses SFX. Deux/Trois plans panoramiques sur la ville et l’immeuble, du joli ralenti effet Slo-Mo, et c’est à peu près tout. Et pourtant l’immersion dans le monde de Dredd fonctionne. Il suffit de coller un peu plus aux personnages, travailler deux trois dialogues, revenir au bon vieux décor crasseux, et ça passe. Ensuite l’action est là, mais va plus titiller les fans de Charles Bronson que le bigger than life façon Iron Man. C’est sec, c’est violent, c’est mature. Ah, et un autre truc que j’ai apprécié, c’est que le film ne cède jamais aux mécanismes habituels des films hollywoodiens, avec leurs réflexes romantiques débiles ou complètement hors sujet.
Dredd est un parfait stand-alone, une journée parmi tant d’autres dans la vie du juge éponyme. Et là je retrouve l’esprit comics, pas besoin de vous résumer 50 ans de numéros en un flm, non voilà un petit arc, bien nerveux comme il faut pour passer un super moment de ciné. Quitte à en choquer certains, et toi le premier Franck, j’ai tellement aimé Dredd que je le préfère à Avengers. Mieux construit, sans esbrouffe, sans travers crétin (moi je me remets toujours pas du kebab final…). Alors oui ça ne boxe pas dans la même catégorie, mais au moins Dredd me donne envie de me mettre au comics. Je ne peux pas en dire autant du film de Wheddon.
Je ne suis pas choqué 🙂 Il est vrai que le coup du kebab est un peu de trop… 😉
Hum je viens de voir le film et je me rappelle pas d’un kebab. Aurais-je raté un élément? 🙂
Si tu parles de Dredd, il n’y en a pas.
Si tu parles d’Avengers, c’est une des deux scènes post-générique.
Me disais bien ^^. J’avais mal lu
J’ai pas lu l’article en entier vu que je n’ai pas encore vu le film mais au vu du casting (Karl Urban, génial dans Riddick et Lena Headey), je ne peux que regretter cette sortie direct-to-dvd (ou plutôt devrais-je dire to bluray vu que quasiment plus personne n’achète de dvd si ce n’est pour les séries ^^)
Enfin voilà, le peu que j’ai lu de l’article m’a encore plus donné l’envie d’acheter le bluray (mais j’ai déjà une vingtaine de titres à voir et pas le temps…) et de me mettre aux intégrales des éditions Soleil :d
Bref il est vraiment regrettable qu’en 2013, les comics et leurs adaptation soient encore considérés comme un art secondaire ou un plaisir d’adolescents et donc pas respecté à ce titre.
J’ai d’ailleurs peur pour le reboot/remake de Robocop qui devrait sortir prochainement…
Le remake de Robocop est une hérésie 😉
C’est clair qu’il est vraiment dommage d’avoir ainsi cantonné Dredd au direct-to-video alors qu’il est vraiment réussi.
Oui passer après le chef d’oeuvre de Verhoeven semble difficile surtout quand on voit le nouveau costume mais ça reste à voir… Et puis je suis pas contre ce revival de mes licences fétiches des années 80/90 🙂