Si on m’avait dit il y a dix ans que j’irais voir Thor au cinéma, il est assez probable que j’aurais cru à un gag tant l’univers du Dieu du tonnerre me semblait peu compatible avec le grand écran. Et pourtant ça y’est, nous y sommes, Thor a jailli de son univers de papier pour aller vivre ses aventures au cinéma.
Dire que cette adaptation était attendue au tournant serait en dessous de la réalité. Après des images et bandes-annonces qui n’avaient pas forcément convaincu les amateurs de la série originale, le film de Kenneth Branagh était au coeur de toutes les craintes. Et bien force est de constater qu’il a très bien travaillé le bougre, car Thor est un film particulièrement réussi.
Bien sûr Thor n’est pas exempt de défauts (le personnage de Jane Foster est un peu agaçant, et certaines tentatives d’humour sont un peu loupées) mais en dehors de cela l’univers de Thor est parfaitement rendu. Les séquences se passant sur Asgard (ou autres royaumes apparentés) sont en béton armé, le casting est impeccable, les effets spéciaux parfaitement réussis…Bref Thor se hisse sans difficulté dans le haut du panier des adaptations Marvel sur grand écran.
Et surtout, si vous n’avez pas encore vu le film, je vous conseille vivement de rester après le générique (même si le vigile vous fait les gros yeux). Comme dans les autres films « Avengers » (Iron Man, Iron Man 2, Hulk), la séquence post générique est courte mais elle vaut largement l’attente !
Voilà, c’est tout pour la partie que tout le monde pouvait lire, maintenant on peut passer à la critique détaillée avec plein de spoilers à l’intérieur 😉 (donc si vous ne voulez aucune révélation sur le film, n’allez pas plus loin)
En pleine nuit au Nouveau-Mexique, trois scientifiques assistent à un phénomène très étrange dans le désert et trouvent un homme qui semble surgir de nulle part. Il dit s’appeler Thor, et il s’avère assez rapidement qu’il vient de loin, très loin, d’un monde où magie et science ne font qu’un.
LA SUITE DE L’ARTICLE CONTIENT DES REVELATIONS SUR L’INTRIGUE (SPOILERS)
Quand on pense à Thor, on pense tout de suite à de l’aventure épique, à du bigger than life. Si on regarde un peu du côté des séries, Thor c’est quand même de la démesure cosmique signée Jack Kirby ou un vent de mythologie épique signée Walt Simonson. Et bien là on a un peu de tout, car les différentes influences de l’univers de Thor, y compris celles du Thor des Ultimates, sont utilisées.
Le film de Kenneth Branagh intercale deux univers : Asgard et Jotunheim d’un côté, la Terre de l’autre. Les scènes se passant en dehors de la Terre sont absolument magnifiques. Il était difficile d’imaginer ce que donnerait le rendu d’Asgard sur grand écran, mais de ce point de vue il n’y a aucune déception à avoir. Il est intéressant de constater d’ailleurs que c’est la vision de Jack Kirby qui a inspiré la version cinématographique d’Asgard : ce monde, décrit par Thor comme l’union de la science et de la magie, semble plutôt être une autre planète que le refuge de Dieux de la mythologie nordique (Kirby faisait dans Thor de la SF déguisée en mythologie, au contraire d’auteurs plus récents comme Simonson). Jotunheim et les scènes de bataille qui s’y trouvent sont également magnifiques, faisant de la partie « hors Terre » du film une réussite absolument incontestable.Quant aux acteurs choisis pour incarner les Asgardiens, il sont tous excellents, à la fois au niveau de l’interprétation et du rendu visuel. J’ai été absolument scotché par Heimdall, qui bien que très différent de son modèle de papier, est très impressionnant !
Thor, Odin et Loki
Les Trois Guerriers
Sif
Heimdall
Au niveau des différents personnages, les lecteurs de Thor ne seront pas dépaysés, même si Thor était quand même moins insolent avec son père dans son univers de papier. Le Thor de Branagh est un subtil mélange du Thor de l’univers 616 (avec le costume version Coipel) et de celui de l’univers Ultimate, et le mélange est totalement réussi. On retrouve donc un Thor banni pour avoir menacé une paix fragile de par ses agissements fougueux, sans toutefois de transformation en Donald Blake (j’en reparle plus bas), un Loki fourbe à souhait, un Odin impressionnant, les 3 guerriers et Sif égaux à eux mêmes…Je suis également satisfait que les vraies origines de Loki, enfant d’un géant des glaces recueilli par Odin, ne soient pas passées à la trappe et servent même de trame de fond au récit, tout comme la rivalité fraternelle de Thor et Loki (ressentie surtout par ce dernier).
Thor etLoki
J’ai été également très impressionné par la représentation de Bifrost, le pont de l’arc-en-ciel. Si le pont lui-même est toujours présent (et représenté de façon très réussie), le dispositif qui permet les voyages est quant à lui un savant mélange de SF (franchement si ce n’est pas inspiré d’un tunnel boom je veux bien qu’on m’appelle Marcel !) et de magie, puisque c’est l’arbre mythologique qui unit les mondes qui est à la base du fonctionnement de cet appareil (particulièrement visible à la fin lorsque Loki tente de détruire Jotunheim). Ce point m’angoissait un peu, mais j’ai été comblé au delà de mes attentes !
Bifrost
Mais Thor se retrouve banni donc, et nous voici dans l’autre partie du film, à savoir ce qui se passe sur Terre. Pour être honnête, ces scènes sont moins réussies. On sent que Brannagh a voulu se concentrer sur la partie Asgardienne du film, soignée à l’extrême, et du coup c’est un peu moins bon sur Terre. Mais ce n’est pas pour autant que c’est mauvais, loin de là ! Ce qui pêche dans cette partie, ce sont certains gags qui tombent un peu à plat (donc la plupart des agissements de Darcy, dont l’absence n’aurait pas nui au film) ou le comportement de Jane Foster. Cette dernière joue un peu la groupie pendant l’essentiel du film, et je trouve ça dommage. En effet, les scénaristes ont voulu se démarquer de la Jane Foster de Lee/Kirby en transformant l’infirmière un peu godiche des sixties en scientifique aguerrie. Très bien, c’est une bonne idée, sauf…qu’elle est toujours un peu godiche. A la limite cela aurait pu servir un triangle amoureux Thor-Jane-Sif sauf que cette dernière ne semble pas amoureuse de Thor, au contraire de sa version originale.
Jane Foster et Thor
Cependant ce n’est pas parce que les scènes terriennes sont moins réussies que les autres qu’elles sont forcément ratées. Déjà j’ai bien aimé la façon de traiter le cas Donald Blake, qui est ici l’ex de Jane et sert de couverture à Thor. Certains gags sur l’incompréhension de Thor vis-à-vis de notre monde sont réussis, et le face-à-face Thor/Loki dans la cellule du SHIELD (fortement inspiré par une scène dans Ultimates) est très réussi. Les combats sont un peu moins épiques (vu qu’il y a moins de guerriers) mais toujours impressionnants. Le Destructeur, déjà impressionnant dans son apparition sur Asgard, est ici absolument terrifiant. Et d’ailleurs un grand bravo aux techniciens qui ont choisi le son de sa rafale d’énergie, qui arrive à lui tout seul à faire dresser les cheveux sur la tête.
Le Destructeur
Quant au sacrifice de Thor, prévisible mais dans la logique du récit, et son réveil avec sa puissance retrouvée…et bien je me doute que certains trouveront ça convenu, voire même un peu nunuche, mais en ce qui me concerne je trouve que ça marche très bien et que c’est totalement en accord avec les codes du genre super héroïque. Combien de fois avons-nous vu un héros à terre, vaincu, et alors que tout espoir était perdu ce héros se relevait pour coller une trempe à son ennemi ? Des centaines de fois, au bas mot. Donc à moins de ne pas aimer les super héros (c’est le droit de tout un chacun), cette scène fonctionne très bien. Et de plus c’est très spectaculaire, une très bonne mise en jambe pour le final sur Asgard qui est grandiose.
Une autre chose très appréciable dans ce film, tout comme dans les films estampillés « Avengers » de ces dernières années (Iron Man, Iron Man 2, l’Incroyable Hulk), c’est l’univers partagé qui est mis en place. On retrouve le SHIELD, avec l’excellent agent Coulson (dommage qu’il n’existe pas en comics celui-là) et même une brève apparition de Clint Barton (Oeil de Faucon), version Ultimate. Il y a plein de petites allusions qui sont faites de temps à autre (Tony Stark, Bruce Banner…), apportant ainsi une forte cohérence à cet univers partagé (ce qui est à ma connaissance une première).
Thor et l’agent Coulson
Enfin comment parler de Thor sans parler de la scène post-générique…Je m’attendais à un petit clin d’oeil, avec la présence de Nick Fury, mais là…Un Cube cosmique ! Cela ouvre des perspectives absolument fascinantes, au-delà d’une approche « réaliste » des films de super héros, parce qu’on parle quand même d’un dispositif qui peut réécrire la réalité au gré des pensées de celui qui le tient. Je ne sais pas si la version utilisée sera totalement fidèle au Cube original (Fury parle de source d’énergie, mais le Cube Cosmique est aussi une source d’énergie dans les comics), mais en tout cas je suis vraiment impatient de voir l’usage qui sera fait de cet objet si particulier, d’autant que Loki semble bien décidé à mettre la main dessus…
Vous l’aurez compris en tout cas à la lecture de ces lignes, j’ai été très emballé par ce film. Il a certes des défauts, dont j’ai parlé, mais ils ne m’ont pas gâché la vision du film qui m’a fait passer un excellent moment.
Et maintenant, j’ai très hâte de voir ce que donnera Captain America en août ! 🙂
MAJ : Je viens d’apprendre que le Cube Cosmique est présent dans Captain America, mais j’avais zappé cette information à l’époque (début janvier). J’ai encore plus envie de voir le film du coup 🙂
Je l’ai vu mercredi en 3D et hier soir en 2D. Y’a pas photo : la 3D est LE fléau moderne. On passe à coté d’images sublimes (surtout lors des vols de Thor). Et l’on voit clairement que le film n’a pas été pensé pour ça, car il n’y a aucun plan du film qui y fait vraiment appel (comme pouvait le faire Avatar par exemple).
Sinon le film lui-même est vraiment sympa.
Mon seul regret ne pas l’avoir vu en VOSTFR et qu’il n’y ait pas la bande-annonce de Captain America juste avant !
Tout à fait d’accord pour la 3D, dans Thor il n’y a aucun intérêt à l’utiliser.
Enfin si j’en vois deux avec mon petit côté cynique :
– La place de cinéma coûte plus cher
– Les films en 3D ne peuvent pas être captés au camescope, donc la 3D joue à mon avis un rôle de verrou anticopie, réduisant considérablement le nombre de salles où les méchants pirates pourront agir. D’ailleurs pas de message « Le piratage c’est mal » pour les films 3D…
Sinon j’aurais aussi aimé un spot de Captain America (cela aurait été très cohérent). Mais j’avoue que la bande annonce de X-Men First Class en grand écran m’a donné méchamment envie…