Pour ce cinquante troisième numéro de la rubrique Autres bulles, nous allons nous intéresser à Jean-Paul Belmondo.

Au programme : Belmondo : Peut être que je rêve debout par LF Bollée et Jean-Michel Ponzio, édité chez Glénat.

Après avoir parlé de science, nous allons changer complètement de sujet en nous intéressant à la vie de Jean-Paul Belmondo.

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Belmondo : Peut être que je rêve debout

Paris, dans le quartier Montparnasse, au début des années 1980... Paul Belmondo, sculpteur de renom, ne s'attendait pas à voir son fils franchir le pas de l'atelier où il travaille tous les jours à ses bustes et bronzes ! Mais Jean-Paul Belmondo a une idée : il est loin, le temps où son père lui avait sculpté sa tête d'enfant : pourquoi ne pas enfin réaliser un buste adulte ? La séance de pose commence, tout comme, entre le fils et le père, des moments de complicité où les souvenirs d'une vie défilent...

• Éditeur : Glénat
• Prix : 28€
• Date de sortie : 28/08/2024
• Format : 224 pages 24 x 32 cm
• Auteur(s) : LF Bollée / Jean-Michel Ponzio
• EAN : 9782344057377

Une simple visite d’un fils chez son père peut déboucher sur quelque chose de très surprenant.

Nous sommes au début des années 1980, époque de la sortie au cinéma du film Le professionnel. Le sculpteur Paul Belmondo a la surprise de recevoir la visite de son fils Jean-Paul qui lui demande de réaliser son buste. Mais au-delà d’une simple série de séances de pose, c’est l’occasion pour le père et le fils d’avoir une conversation à coeur ouvert.

LF Bollée, qui a justement œuvré sur L’éternité béante dont nous vous parlions cet été, se livre à cet exercice périlleux de faire de la fiction avec du vrai. Il y a en effet un avertissement en début d’ouvrage, disant qu’il est basé sur des événements et personnes réels mais qu’il s’agit d’une fiction. Rien ne dit donc que cette fameuse conversation ait eu lieu « pour de vrai » mais après tout l’intérêt est ailleurs.

L’auteur permet en effet au lecteur de s’intéresser à Belmondo derrière l’image de Bebel, et même à Jean-Paul derrière celle de Belmondo. A travers cet échange père-fils à cœur ouvert, on revient donc sur les hauts faits de la carrière de l’acteur mais aussi sur son ressenti face à des moments plus compliqués lorsqu’il se faisait claquer des portes à la figure. On notera aussi que la vie sentimentale agitée de Jean-Paul Belmondo n’est que rapidement évoquée (sans pour autant nier son côté volage) en mettant l’accent sur sa première épouse Elodie Constantin qui d’ailleurs, par une de ces tristes ironies dont la vie a le secret, est décédée récemment.

Avec cet album, LF Bollée donne donc la parole à Jean-Paul Belmondo pour nous parler lui même de sa vie et de sa carrière en rebondissant sur les paroles de son père. Le procédé fonctionne bien, donnant en outre une touche plus personnelle à cet échange qu’une interview (même si certains propos tenus proviennent vraisemblablement d’interviews réalisées du vivant de l’acteur).

Belmondo : Peut être que je rêve debout est un récit très intéressant, qui s’adresse forcément aux fans de Jean-Paul Belmondo mais pas seulement. Le lecteur qui souhaite en savoir plus sur le comédien sans en être forcément fan pourra aussi y trouver son compte, avec ce condensé de sa vie. En outre, ce dialogue père-fils est particulièrement touchant et encore plus à la toute fin de l’album avec une ultime révélation sur un ton doux-amer. On pourra aussi apprécier toutes ces anecdotes mettant en scène des comédiens et réalisateurs qui ont croisé son chemin, avec des informations intéressantes.

La partie graphique est quant à elle assurée par Jean-Michel Ponzio, qui signe une prestation tout à fait impeccable dont on profite pleinement avec le format imposant de l’album. L’artiste a opté pour une séparation nette entre le présent et le passé en représentant le second avec des tons sépia et le premier avec une palette colorée dans des tons pastels.

Le résultat est de qualité, avec des personnes bien connues du public qui sont représentées très fidèlement sans pour autant partir dans une tentative de photo réalisme à base de décalquage comme le font certains artistes. Si on peut reconnaître des images qui ont traversé les époques, comme la fameuse photo de « la bande du conservatoire » attablée à une terrasse, on notera une toute petite erreur : Jean Rochefort ne portait pas la moustache à cette époque. Mais c’est un infime détail, qui n’entache absolument pas la très grande qualité du dessin de cet album.

Belmondo : Peut être que je rêve debout est une œuvre à la fois intéressante et touchante, qui permet de revenir non seulement sur la carrière du comédien mais aussi de s’intéresser à l’homme à travers un dialogue avec son père.