Pour ce quarante sixième numéro de la rubrique Autres bulles, nous allons nous faire un tour dans le monde des pirates.
Au programme : Naufrageurs par Rodolphe et Laurent Gnoni, édité par les Editions Daniel Maghen.
Après un détour par le monde du jeu vidéo, nous allons aujourd’hui faire un tour dans le monde des pirates.
Naufrageurs
- Éditeur : Editions Daniel Maghen
- Prix : 16.50€
- Date de sortie : 17/05/2023
- Format : 72 pages 33x25 cm
- Auteur(s) : Rodolphe / Laurent Gnoni
- EAN : 9782356741509
C’est une histoire qui commence tragiquement, avec l’initiation d’un jeune garçon aux pratiques pour le moins discutables de son village : le pillage de navires attirés sur les côtés jusqu’à faire naufrage. Cela permet à la population d’améliorer leurs conditions de vies misérables en faisant main basse sur les richesses des navires et s’il s’avère qu’il y a des survivants… et bien ils ne survivront pas longtemps !
Avec Naufrageurs, Rodolphe s’attaque au mythe des naufrageurs : il s’agit en effet de populations côtières qui provoquaient des naufrages plutôt que d’attendre que les navires ne coulent d’eux-mêmes, ce qui les distinguait alors de « simples » pillards. Il y a débat sur la véracité historique de ces naufrages provoqués, les légendes semblant avoir largement pris le pas sur ce qui s’est vraiment passé.
Mais revenons donc à Naufrageurs. Avec cette histoire, Rodolphe nous raconte une histoire de pirates dans une époque résolument sombre où tout pouvait arriver. Sombre est d’ailleurs ce qui caractérise le mieux ce récit : en terme d’ambiance on est en effet plus proches de L’Ile au trésor, voire Black sails, que de The secret of Monkey Island ! L’auteur n’hésite pas à mettre en scène une véritable surenchère de sordide entre les différentes factions de ce récit, chaque rebondissement faisant remonter le niveau dans le registre du glauque. De quoi constater que les pirates sévissant sur les mers n’avaient pas le monopole des actes discutables !
Naufrageurs est également une quête initiatique pour le personnage de Jim, jeune garçon qui est arrivé à l’âge où les « anciens » (c’est un terme relatif, on ne vivait pas très vieux à cette époque) l’initient aux pratiques du village. C’est donc à travers ses yeux que l’on découvre ce qu’il en est, et nous assistons par la même occasion à la perte de son innocence au fil des événements qui ponctuent le récit.
Il y a pas mal de rebondissements, avec des choses qu’on peut anticiper et d’autres qui sont très surprenantes. En tout cas rien n’est gratuit et la logique du récit n’est à aucun moment à remettre en question. Le rythme est soutenu, il se passe pas mal de choses en peu de pages mais cela n’est pas non plus trop dense.
Passionnante d’un bout à l’autre, cette histoire est par ailleurs glaçante au vu de ce qui s’y produit. Rodolphe ne filtre rien et livre une histoire dure, qui reflète parfaitement le contexte de l’époque. Que l’on soit fan d’histoires de pirates ou non, c’est une lecture très intéressante avec un récit à la narration impeccable. En outre, son côté « one shot » permet de profiter d’une bonne histoire sans pour autant s’embarquer dans des cycles multi-albums.
La partie graphique de Naufrageurs est assurée par Laurent Gnoni, qui signe de très jolies planches. Les différentes parties de l’histoire sont parfaitement mis en images, avec une colorisation qui reflète très bien les ambiances. Cela aide grandement à s’immerger dans l’histoire et son contexte qui n’est guère réjouissant.
Sombre histoire issue d’une sombre période, Naufrageurs est un récit passionnant et glaçant qui montre que les pires canailles ne sévissaient pas forcément sur les mers.
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