Le lundi c’est librairie ! est de retour avec la chronique de sept albums.
Au programme : All-New Hawkeye t1, Doctor Who Classics t1, Fairest t5, Porcelaine t2, Roche Limit t1, Thanos – L’ascension et The Gutter.
All-New Hawkeye tome 1 | ||
Panini Comics 96 pages – 13€ Jeff Lemire |
Hawkeye, le célèbre membre des Avengers, revient dans de nouvelles aventures au côté de sa protégée Kate Bishop. Tous deux vont se lancer dans une course contre la montre afin de secourir de jeunes enfants dotés d’incroyables pouvoirs. Découvrez aussi les débuts de Clint Barton en compagnie de son frère Barney.
Après la série très réussie de Matt Fraction, c’est au tour de Jeff Lemire de s’attaquer au bouillant archer de Marvel. Voyageant entre passé et présent, l’auteur nous livre un récit très accessible en ce sens qu’il est non seulement tout à fait possible de l’apprécier sans avoir lu le run de Matt Fraction mais également parce qu’il revient sur le passé de Clint Barton jusqu’à ce qu’il devienne l’archer que l’on connait. Ces flashbacks ne sont pas gratuits, ils sont davantage un parallèle entre l’enfance malheureuse du personnage et sa situation présente et permettent de comprendre les choix qu’il effectue en fonction de ce qu’il a déjà vécu. En tout cas ce tome est vraiment passionnant, avec en prime des interactions toujours aussi réussies entre les deux Hawkeye (Clint Barton et Kate Bishop) et des moments vraiment touchants, le personnage étant vraiment attachant quand il est bien écrit (ce qui est le cas ici).
Du côté du dessin, Ramon Perez livre une performance vraiment très soignée avec deux styles totalement différents pour le présent et le passé, non seulement d’une page à l’autre mais parfois même sur la même page. Cela donne vraiment un graphisme de toute beauté, et des mises en page très réussies.
Un excellent album, à lire absolument si vous avez aimé la série de Matt Fraction ou tout simplement si vous cherchez une bonne histoire à lire
Doctor Who Classics tome 1 | ||
French Eyes 120 pages – 14.90€ John Wagner / Pat Mills |
Premier Tome des Doctor Who Classics, histoires inédites en France, publiées à l’origine dans le magazine Doctor Who en Angleterre. Dans ce tome, suivez les aventures du quatrième docteur à travers plusieurs histoires mettant en scène de nouveaux ennemis toujours plus menaçants.
Cet album contient différentes histoires inspirées par la série télévisée Doctor Who, leur protagoniste étant la quatrième incarnation du fameux Docteur (pour faire court : lorsque le Docteur meurt, il se régénère et revient à la vie avec une nouvelle apparence et une nouvelle personnalité, ce qui est une petite astuce pour changer d’interprète). Les histoires présentes dans ce tome sont plutôt bien ficelée, et on retrouve bien l’ambiance de cette période de l’histoire de la série. Le Docteur est égal à lui même (avec bien sûr ses fameux Jelly Babies) et le découpage des différentes parties de chaque histoire donne aux récits un petit air feuilletonesque qui est loin d’être désagréable. Ce n’est pas non plus un album indispensable, mais c’est une bonne lecture qui permettra aux spectateurs de la période contemporaine du Docteur (c’est mon cas) de suivre les aventures du Seigneur du temps à une époque plus lointaine.
La partie graphique, assurée par Dave Gibbons, est de son côté très soignée. On retrouve là aussi l’ambiance visuelle de cette période de la série, et les spectateurs de cette phase de la riche histoire du Docteur seront dont en terrain connu.
Un bon album, pas forcément indispensable mais qui se lit plutôt bien.
Fairest tome 5 | ||
Urban Comics 158 pages – 15€ Mark Buckingham / Bill Willingham |
Les temps sont durs pour la petite communauté des Fables. Tandis que Blanche Neige tente par tous les moyens de retrouver l’âme de son défunt mari, Bigby Wolf, Rose Rouge poursuit son règne à New Camelot. À la Ferme, Reynard, bien décidé à devenir l’un des nouveaux chevaliers de la Table Ronde, prend la route sous forme humaine. Mais au cours de son périlleux voyage à travers le monde des Communs, sa rencontre avec une jolie jeune femme risque fort de bouleverser ses plans. Pendant ce temps, un vent de révolte se lève subitement chez les animaux de la Ferme…
Toutes les bonnes choses ont une fin, et après Fables c’est au tour de Fairest de tirer sa révérence. Mais en tout cas les auteurs ne font pas les choses à moitié et nous offrent deux intrigues bien pensées (les Trompe l’oeil pour les Fables de la Ferme et le voyage de Goupil chez les Communs), tout en fermant proprement leur univers. Cet ultime tome de la série est en tout cas très réussi, et on ne s’ennuie pas une seconde en suivant les dernières aventures des Fables. La partie avec Goupil est de plus tour à tour amusante et émouvante, et le personnage devient au final assez attachant alors qu’au début de l’album on a plutôt envie de lui donner des claques. A l’instar de Fables, Fairest aura été une belle aventure et même s’il est triste de devoir dire au revoir à cet univers très riche il faut se consoler en se disant qu’il vaut mieux s’arrêter à temps plutôt que de faire trainer en longueur et perdre de la qualité.
La partie graphique, signée Russ Braun et Meghan Hetrick, est de son côté vraiment très soignée et les planches sont très joliment dessinées.
Un excellent album, qui nous offre un très bel ultime au revoir à l’univers des Fables.
Porcelaine tome 2 | ||
Delcourt Comics 96 pages – 17.95€ Benjamin Read |
Dix ans se sont écoulés et Gamine est devenue une Femme. Unique héritière des secrets et de la fortune de l’Oncle, elle vit isolée derrière les grands murs qu’elle a escaladés jadis. Dans ce monde presque identique au nôtre, écho magique de la Terre, on suit l’histoire de cette femme alchimiste, qui doit tracer sa propre voie à travers les complexités de l’amour, de la politique et de la guerre
Après un premier tome tout simplement excellent, il est temps de retrouver l’héroïne du magnifique récit de Benjamin Read. Dix ans s’étant écoulés, Gamine est devenue Femme, et donc le personnage a changé même si par instants on retrouve des attitudes de la jeune fille du premier tome. Une fois encore, la magie opère et l’auteur nous emmène dans un fabuleux voyage où l’ennui est totalement absent. Comme dans le premier tome, il y a beaucoup d’émotion dans ce récit et de passages particulièrement tristes, le sujet central restant toujours le même mais avec cette fois des thématiques différentes vu que la principale protagoniste est désormais une jeune adulte. Cette dernière est par ailleurs toujours aussi bien caractérisée, l’auteur ayant parfaitement réussi à la faire évoluer vers l’âge adulte sans pour autant renier sa personnalité que l’on avait appris à connaître dans le premier tome. Porcelaine étant prévu en trois tomes, j’ai vraiment hâte d’en lire la suite après avoir une nouvelle fois été captivé par ce récit envoûtant.
Du côté du dessin, signé Chris Wildgoose, nous avons une nouvelle fois droit à de magnifiques planches qui illustrent parfaitement cette histoire qui ne l’est pas moins. Par ailleurs, nous avons droit à un carnet de croquis commenté par l’artiste, qui constitue un bonus très intéressant.
Un excellent album, magnifique et passionnant de bout en bout, et en ce qui me concerne un gros coup de cœur comme pour le premier tome.
Roche Limit tome 1 | ||
Urban Comics 160 pages – 15.95€ Michael Moreci |
20 ans après cette promesse, le rêve d’exploration interstellaire du milliardaire Langford Skaargard s’est évanoui dans le cosmos. En dépit de toutes ses bonnes intentions, Roche Limit, la colonie qu’il a fondée à la lisière d’une mystérieuse source d’énergie, n’a pas vraiment évolué comme il le souhaitait… Elle est devenue une zone de non-droit incontrôlable, un creuset de criminalité où les habitants disparaissent régulièrement. Le jour où Bekkah Hudson est enlevée, sa soeur va tout faire pour la retrouver. Elle n’imagine pas qu’elle va alors plonger dans une odyssée révélant un futur sinistre pour l’humanité tout entière…
C’est dans l’espace que ce premier tome de la série de Michael Moreci nous emmène, et plus particulièrement sur une colonie lointaine particulièrement dangereuse. Alors que certains récits se situant dans se cadre optent pour une ambiance plutôt western futuriste (je pense par exemple à Drifter), ici l’auteur a choisi de faire régner une ambiance de polar dans son histoire. Plusieurs intrigues sont présentes, comme notamment cette drogue appelée le Recall (dont les effets sont originaux) mais le fil rouge qui relie ces intrigues est sommes toutes assez mystérieux et donne envie d’en lire davantage pour savoir de quoi il retourne. Ce premier tome est en tout cas très intéressant, l’auteur nous proposant une histoire originale à partir d’un thème pourtant très classique.
La partie graphique est quand à elle assurée par Vic Malhotra et ses planches sont très soignées. L’ambiance est en effet parfaitement restituée par le style de l’artiste, et ses dessins sont très réussis.
Un très bon album, qui donne envie d’en lire plus.
Thanos – L’ascension | ||
Panini Comics 96 pages – 14.95€ Auteur |
Les sombres origines de Thanos ! Découvrez comment un amour véritable engendre un torrent de sang et change non seulement le cours de la vie d’un jeune garçon mais aussi le visage de la galaxie. Devenu l’égal d’un dieu, Thanos sème la mort dans ce récit captivant où se mêlent tragédie, faux-semblants et destinée.
Voici un album qui pourrait se résumer en un seul mot : paradoxe. Il s’agit en effet à la fois d’un très bon album et d’une mauvaise histoire de Thanos. Jason Aaron entreprend en effet de raconter la jeunesse de Thanos, période de sa vie qui a souvent été évoquée sans que l’on n’entre non plus dans les détails. Jason Aaron, dont le talent n’est plus à prouver, nous livre donc une excellente histoire très bien ficelée et très soignée comme à son habitude, et on ne s’ennuie pas du tout en lisant cet album. Mais pourquoi ai-je dit que c’est une mauvaise histoire de Thanos ? Tout simplement parce qu’à mon avis ce n’est PAS Thanos qui est dépeint ici. Où est donc passé le nihiliste amoureux de l’entité métaphysique incarnant le concept de la mort ? Et bien en tout cas pas dans ces pages, car le Thanos qui est écrit par Jason Aaron est davantage un serial killer d’amplitude cosmique qui ferait penser à un Dexter à la sauce cosmique. La santé mentale de Thanos est par ailleurs mise en question à plusieurs reprises (quoique l’on ne peut pas forcément dire que le Thanos nihiliste est tout à fait sain d’esprit), et une certaine ambiguité est laissée au sujet de l’existence de la Mort dont il est amoureux. On est très loin du Thanos de Jim Starlin, et sans aller jusqu’à dire comme ce dernier qu’il est le seul à savoir l’écrire (ce qu’il ne se prive pas de nous faire comprendre à chaque fois qu’il repasse derrière les travaux de ses collègues) le Thanos de ces pages est un personnage nettement moins fascinant que le Thanos dont nous avons l’habitude. J’ai même envie de paraphraser J.M. Lainé en disant que cet album est à propos d’un personnage qui a trouvé le costume de Thanos et s’habille comme lui (J.M. Lainé avait dit ça à propos de Man of steel par rapport à Superman). Bref, tout cela pour dire que cet album est pour moi un véritable paradoxe, une excellente histoire tout en n’étant pas vraiment une histoire sur le « vrai » Thanos.
Du côté du dessin, c’est Simone Bianchi qui tient les crayons. Ca peut faire peur quand on se souvient de certains de ses travaux mais là il n’y a rien à redire, les planches sont vraiment très soignées.
Un très bon album, mais en ce qui me concerne je n’adhère vraiment pas à cette vision de Thanos.
The Gutter | ||
Nats Editions 76 pages – 15€ Cyril Durr |
Lorsque les super-héros ne sont pas occupés à sauver le monde, ils ont pour habitude de se retrouver dans leur bar favori, le Gutter, afin de se détendre un peu. Evidemment, rassembler autant d’encapés, souvent caractériels, dans un endroit où l’alcool coule à flot n’est pas sans poser problème… Entre le spleen de certains, mécontents des scénaristes, et les plaisanteries parfois de mauvais goût des autres, les têtes d’affiche des comics se lâchent et se révèlent sous un tout nouveau jour !
Signée Cyril Dur (connu dans la blogosphère comics sous le pseudonyme de Neault), The Gutter est une parodie de l’univers des super héros. Le concept est de les mettre en scène dans un bar « après le boulot », où ils ont entre autres des conversations sur leur quotidien. Cet album, qui derrière chaque vanne montre la grande connaissance de l’auteur de l’univers qu’il tourne en dérision, est très drôle et c’est avec le sourire que l’on voit par exemple Spiderman se faire mettre en boite sur son pacte avec Méphisto ou différentes héroïnes se plaindre des standards de l’industrie du comic book concernant leurs tenues. L’auteur a en tout cas pris soin de faire des vannes accessibles à la fois au lecteur de comics occasionnel (voire novice) et au lecteur de comics plus aguerri, ce qui est un plus très appréciable. En fait cet album me fait beaucoup penser aux « faux What if » (voir Strange 200 pour les anciens ;)), avec cette approche de gentille moquerie des héros et de leurs travers. Le seul reproche que je ferais à cet album c’est d’avoir un goût de trop peu, car je me suis vraiment bien amusé à sa lecture. Le sommaire de l’album comporte également des bonus intéressants : interview de l’auteur, évolution d’une planche et petit guide des personnages moins connus du grand public.
Du côté du dessin, signé Sergio Yolfia, nous avons droit à des planches joliment illustrées dans un style qui va très bien avec l’ambiance parodique de l’album.
Un bon album, que je recommande pour passer un bon moment de détente en compagnie de nos héros préférés.
Et voilà, c’est tout pour le moment !
Le lundi c’est librairie ! vous donne rendez-vous une prochaine fois pour une nouvelle chronique.
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