Ultimate Marvel est une collection éditée par Hachette. Revenons sur son numéro 3 : Super-Soldat.

 

Dans notre chronique précédente, nous vous avions parlé du second album de la collection, consacré aux X-Men. Dans ce nouveau tome, c’est au tour des Ultimates d’être en vedette.

 

 

 

 

Après Spider-Man et les X-Men, c’est au tour des Avengers de débarquer dans l’univers Ultimate mais sous le nom des Ultimates. Si le rédactionnel évoque une volonté de se démarquer des héros de l’univers 616, l’explication est peu convaincante : déjà Ultimate Spider-Man et Ultimate X-Men ne se contentent pas de rejouer les aventures de l’univers classique, mais surtout quitte à se démarquer il aurait été dans ce cas judicieux de ne pas faire une équipe avec les nouvelles versions des membres fondateurs des Avengers ! (modulo Captain America, qui est arrivé plus tard dans l’équipe d’origine).

A la barre de cette nouvelle série, on retrouve Mark Millar et comme pour les X-Men l’auteur écossais ne se ménage pas pour réinventer de fond en comble la super équipe de Marvel. On est dans un ton beaucoup plus proche de celui d’Authority, série sur laquelle il a officié à la suite de Warren Ellis (on en reparle en fin d’article). En tout cas comme pour Ultimate X-Men on reste dans la fourchette haute de son travail qualitativement parlant !

Les Ultimates sont donc une équipe montée par Nick Fury (sensiblement différent du personnage vu dans Retour à l’Arme X) : elle est composée de Captain America (qui vient d’être retrouvé dans la glace), Iron Man (playboy richissime avec une armure), Thor (vrai dieu du tonnerre ou véritable allumé persuadé de l’être ?), Giant-Man (qui a pris la tête de l’aspect scientifique de l’équipe), la Guêpe (qui cache plusieurs secrets) et Hulk (Bruce Banner, prédécesseur de Hank Pym). Pour ce dernier, c’est un peu particulier : il a été Hulk, et le redevient par la suite dans des circonstances peu banales.

 

 

Si Stan Lee a toujours défendu de la recette des « humains derrières le masque » afin de se démarquer des héros trop parfait, Mark Millar explose totalement les compteurs en dépeignant une équipe finalement peu recommandable : Captain America est un réac, Iron Man picole et passe pour un bel irresponsable, on n’est vraiment pas sûrs de la santé mentale de Thor et ce n’est pas glorieux du côté du couple Giant-Man & la Guêpe. Quant à Bruce Banner, il est plus névrosé que jamais, et son Hulk est non seulement un rien lubrique mais aussi cannibale !

Le pire, c’est que la recette fonctionne très bien et à l’image d’Authority en son temps les Ultimates ringardisent les autres équipes de super-héros de l’époque. En outre, en plus de l’aspect réinvention il y a aussi une forte simplification qui fait de la série un candidat idéal pour un passage au cinéma… et justement, les films du Marvel Cinematic Universe doivent beaucoup à Ultimates ! (et pas seulement pour la vanne sur Samuel L. Jackson)

Deux arcs narratifs sont présents dans cet album, le premier posant les bases de l’univers autour des Ultimates. On assiste donc à la formation de l’équipe et à leur premier combat contre une menace à la fois inattendue et finalement un peu prévisible. On sent déjà les tensions au sein de cette équipe pas forcément très stable, dont le seul ciment est finalement Nick Fury qui agit comme un marionnettiste pour éviter que tout cela ne vole en éclats (mais ça marche pas super bien). L’arc est d’une grande efficacité et s’avère être très intéressant à lire.

 

 

Puis nous avons donc droit à un second arc… qui va encore plus loin ! Mark Millar introduit une nouvelle faction – les Chitauri, qui sont la version Ultimate des Skrull – ainsi qu’une équipe « Black Ops » un peu sur le modèle de Stormwatch Black en son temps. Mais surtout, l’auteur appuie sur toutes les lignes de faille apparues dans le premier arc et l’équipe se déchire de l’intérieur !

Ce second arc est prodigieux et est une lecture tout à fait passionnante. C’est riche en action et en rebondissements, et le bigger than life est de rigueur dans chaque partie du récit. On peut vraiment dire que c’est du super-héros surdopé, bourrin et violent !

Tout en étant ancré dans son époque, Ultimates reste une série actuelle mais paradoxalement un primo-lecteur découvrant cette série maintenant ne ressentira pas forcément le même choc que lors de la sortie des épisodes car entre temps le monde des comics de super-héros a évolué et les standards de qualité également. C’est en tout cas une très bonne lecture, et le plaisir de redécouvrir ces épisodes est immense !

 

 

On notera d’ailleurs que le choix a été fait de conserver la phrase « Il n’y a pas écrit lâche là » au lieu de « Il n’y a pas écrit France là » figurant dans la première traduction, qui avait fait polémique en son temps car le lectorat français s’était senti insulté sans chercher à comprendre ce que voulait exprimer Mark Millar. Panini Comics avait fait le choix de mettre cette phrase plus soft dans les éditions ultérieures pour calmer les esprits, et on peut constater avec regret que c’est le cas pour cette édition. Paradoxalement, un dialogue qui peut être ressenti comme homophobe est quant à lui resté…

Passons maintenant à la partie graphique de l’album, intégralement assurée par Bryan Hitch. L’artiste s’est surpassé pour exploser les rétines du lecteur et offre du grand spectacle dans des scènes d’action survitaminées avec un sens du gigantisme toujours présent et des passages avec des moments bien goûtus. Les visages des personnages sont par ailleurs très joliment dessinés, avec par contre comme tout petit bémol des poses un peu bizarres lorsque les personnages sont représentés de profil entrain de sauter.

 

 

Côté bonus, on retrouve un rédactionnel très complet et qualitatif ainsi que les couvertures originales des épisodes toujours aussi superbes et quelques illustrations de personnages. A noter quelques inexactitudes dans le rédactionnel : Mark Millar n’est pas le créateur d’Authority comme cela est sous-entendu et surtout n’a pas travaillé sur la série avec Bryan Hitch qui a officié avec Warren Ellis (pour le coup vrai créateur de la série) sur les trois premiers arcs. Cela ne retire rien à la qualité de son run, qui a en outre montré un mariage gay particulièrement touchant, mais tant qu’à faire autant être exacts !

Nous vous donnons rendez-vous pour notre chronique du prochain numéro, consacré à Spider-Man (mais pas que).

 

Retrouvez nos chroniques sur les tomes précédents de la collection Ultimate Marvel :

 

 

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