Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique d’un album édité par Urban Comics.
Au programme : Swamp Thing – La créature du marais.
Swamp thing – La créature du marais | |
Urban Comics 408 pages – 35€ Len Wein / Tom King |
Le docteur Alec Holland, chercheur sur les capacités bio-restauratrices, se retrouve isolé avec sa femme afin de poursuivre ses recherches au milieu d’un marais de Louisiane. Ses découvertes attirent la convoitise d’une entreprise peu scrupuleuse, et lui et sa femme deviennent les victimes d’une bombe placée dans le laboratoire. Alec Holland gisant dans le marais où s’est déversé le résultat de ses recherches se trouve transformé en « la Créature du marais », Swamp Thing, du moins c’est ce que qu’il croit…
Retrouvez pour la première fois en France, les épisodes mythiques de la Genèse de l’homme des marais, le mystérieux SWAMP THING, créé par le scénariste Len WEIN et le dessinateur Bernie WRIGHTSON.
Contenu VO : House of Secrets #92 + Swamp Thing #1-13 (1978) + Swamp Thing Winter Special #1 (2018)
A l’occasion de la sortie d’une série télévisée, voilà que nous avons enfin droit à ce que les lecteurs ne cessent de demander depuis des années : une édition des épisodes originaux de Swamp Thing, série aussi connue sous le nom de La créature du marais.
Cet imposant volume démarre non pas par les origines de la créature mais remonte plutôt aux origines du concept même : un court récit où Len Wein et Bernie Wrightson ont raconté l’histoire d’un homme présumé mort mais en fait prisonnier de l’enveloppe d’un monstre né des marécages à la suite d’une explosion. La préface de l’album, signée Len Wein, raconte d’ailleurs la genèse de cette histoire reflétant l’état d’esprit morose de ses créateurs et ne devant pas avoir de suite. Cette histoire est courte mais efficace dans le registre des histoires d’horreur au dénouement tragique.
La suite de l’album contient justement ce qui a découlé de la pression éditoriale excercée pour continuer à utiliser cette créature tandis que ses auteurs s’y refusaient : une nouvelle série avec d’autres personnages dans un cadre plus moderne. Mais on retrouve bel et bien le concept déjà exploité dans le court récit qui est à l’origine de tout : Alec Holland prend ici la suite de Alex Olsen en tant que créature difforme à la suite d’une explosion dans les marais.
Ces épisodes sont le reflet d’une époque où les récits d’horreur marchaient plutôt bien chez les différents éditeurs de comics. On se retrouve en effet dans une atmosphère horrifique et glauque, avec des créatures surnaturelles au destin tragique au sein d’intrigues particulièrement sombres. Len Wein maîtrise parfaitement le registre horrifique et ses codes, qui sont parfaitement employés dans les histoires de cet album. Mais il ne faut pas non plus sous-estimer le côté tragique de ces histoires qui ne sont pas qu’une succession d’événements effrayants, le personnage d’Alex Holland étant en outre assez touchant du fait de son destin dramatique.
Passionnant de bout en bout, cet album permet de revenir aux origines d’un personnage intéressant dans une ambiance très en vogue à son époque. Les épisodes ont tous une intrigue individuelle, mais se succèdent avec différents fils rouges qui constituent la trame de la série. Les personnages qui croisent le chemin de la créature peuvent s’avérer particulièrement étranges, puisant dans les registres des récits d’horreur et/ou de science-fiction.
Comme je le disais plus haut, cette succession d’épisodes est vraiment passionnante, avec beaucoup d’excellentes idées qui d’ailleurs ont inspiré d’autres auteurs. En effet une des histoires de l’album semble avoir inspiré un arc de la future série Rom – Le chevalier de l’espace, car on retrouve en effet des fortes similitudes qui font penser que Bill Mantlo avait dû lire Swamp Thing…
Concernant la partie graphique, qui nous est proposée dans un très élégant noir & blanc, force est de constater que la partie signée Berni Wrighston est de loin la meilleure de l’album. L’élégance de son trait et son talent pour donner vie à cette créature étrange issue des marais dans une atmosphère surnaturelle sont en effet des atouts majeurs de la série. On appréciera aussi que le côté horrifique soit instillé par touches subtiles, notamment avec des créatures effrayantes, mais sans en faire de trop non plus. Il est clair qu’on est dans les années 1970 donc pas question de voir des tripes partout sur les murs, mais il y a néanmoins certaines passerelles vers une horreur plus graphique que l’artiste n’a pas franchies et c’est vraiment très appréciables.
La suite de la série est illustrée par Nestor Redondo, avec un style qui conserve une certaine continuité avec celui de son prédécesseur tout en montrant une identité propre. C’est joliment illustré, mais cela reste un bon cran en-dessous de la première partie qui est marquée du sceau indélébile de Berni Wrightson. En tout cas là aussi on pourra apprécier que les dessins effrayants servent une ambiance horrifique sans céder à la facilité.
L’album se conclut par un récit signé Tom King et Jason Fabok, montrant une histoire plus contemporaine de la créature mais dans une atmosphère intemporelle. L’histoire est très bien trouvée et poignante, avec un dénouement inattendu et une bonne utilisation du personnage. Petit plus : il est très appréciable de lire une histoire se passant en hiver lorsqu’on est en pleine canicule ! 😉 Pour le graphisme, Jason Fabok livre des planches impeccablement réalisées et restituant bien l’ambiance de l’histoire.
En ce qui concerne les bonus, en plus de la traditionnelle galerie de couvertures nous avons droit à un script de Len Wein illustré.
Un excellent album, qui permet de (re)découvrir l’histoire de la créature du marais depuis son tout début.
C’est tout pour aujourd’hui !
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