C’est au mois de juin que s’est terminé en VF l’event Civil War II, édité par Panini Comics. Retour sur cette nouvelle guerre civile qui a divisé les super-héros Marvel pendant quelques mois.
Ulysse, un jeune homme doté de pouvoirs par la brume des Inhumains, peut voir l’avenir. Carol Danvers, alias Captain Marvel, veut utiliser ses visions pour anticiper les menaces avant qu’elles n’aient lieu et agir en conséquence. Tony Stark, alias Iron Man, ne veut pas interférer avec le cours des événements. Faut-il combattre le futur, ou le préserver ? Leur différend idéologique va entraîner l’univers Marvel dans un nouveau conflit qui le divise en deux camps.
Le premier Civil War, qui a été publié en VF en 2007, a été écrit par Mark Millar. L’auteur Ecossais profitait de cette tribune pour dresser un portrait au vitriol de la politique sécuritaire Américaine tout en mettant la communauté super héroïque Marvel face à ses responsabilités. Civil War a eu un impact assez important sur l’univers Marvel, car l’essentiel des personnages s’est retrouvé impliqué dans ce conflit entre le camp de Captain America et celui d’Iron Man, et les conséquences de ce conflit ont été ressenties pendant un certain temps (mort de Captain America, mise en place de l’Initiative…).
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Civil War II n’est pas vraiment une suite de Civil War. On retrouve le différend idéologique entre deux personnages forts de l’univers Marvel, mais le sujet est totalement différent. On pourrait d’ailleurs être tentés de se dire qu’il est un rien opportuniste de la part de Marvel d’avoir un event qui reprend le titre « Civil War » alors que le premier du nom a été adapté au cinéma (pas très fidèlement d’ailleurs), voire de surfer sur le capital de popularité de l’event en question qui est souvent considéré comme le dernier bon event de la Maison des idées.
Le pitch de Civil War II est séduisant : reprenant une thématique qui fait fortement penser à Minority report, l’event pose la question sur la marche à suivre pour faire régner la paix et la justice (on parle de super-héros hein). Faut-il être proactif ou réactif ? Faut-il taper un super vilain parce qu’il va commettre un crime, ou bien attendre qu’il l’ait fait pour le taper ? (oui là encore on parle de super-héros) Vaste débat que nous propose Brian Michael Bendis, qui promet donc un affrontement idéologique entre deux approches du métier de héros… ou pas, en fait, vu que l’affrontement en question part assez rapidement en eau de boudin.
Car en fait le problème est que cet event a été confié à Brian Michael Bendis justement. L’auteur est pourtant loin d’être mauvais : on lui doit notamment un run mémorable sur Daredevil, une version Ultimate de Spider-Man qui a longtemps été meilleure que l’originale ou encore la création de Jessica Jones dans le très réussi Alias, sans oublier ses travaux pré-Marvel qui sont vraiment très réussis. Mais on se retrouve encore une fois confrontés à une logique éditoriale discutable : alors que Bendis n’est jamais si bon que sur des titres urbains et/ou mettant en scène un nombre limité de personnages, on lui confie des séries mettant en scène des équipes et des events avec des personnages à la pelle.
Civil War II est en l’espèce un « event à la Bendis » : un pitch séduisant, mais un traitement simpliste de l’intrigue, des personnages caractérisés à la va-comme-je-te-pousse (avec du out of character à tous les étages), et par dessus tout l’impression de voir un énorme soufflé dont la conclusion fait « pouf » et donne surtout envie de se dire « Tout ça pour ça ». Dans le genre, Secret Invasion était déjà pas mal mais Civil War II est encore pire car le nœud du problème est qu’on ne comprend pas trop pourquoi les deux protagonistes principaux de l’histoire ne sont pas capables de discuter ensemble (mais vraiment discuter, pas braire comme ils le font pendant tout l’event) pour essayer de trouver une solution au lieu de se taper dessus comme des abrutis. Mais non, à la place on a une succession de bastons pendant lesquelles on se tape dessus parce que… et bien juste parce que.
Il y a pourtant des choses bien trouvées dans cette histoire, et encore une fois la thématique est séduisante. Mais Bendis traite tout ça par dessus la jambe, et c’est davantage dans les tie-ins qu’on peut plus ou moins comprendre le point de vue de Captain Marvel alors que si on se cantonne à la mini-série seule on se retrouve face à une tête à claques bornée. Quant au point de vue de Tony Stark (qui n’est pas moins tête à claques que sa collègue), c’est tout à la fin de l’event qu’il est enfin exposé dans son ensemble, et c’est vraiment traité avec des gros sabots. Civil War II est l’occasion de « choquer » le lecteur en faisant disparaître des personnages du paysage, mais les comics Marvel ayant une nature très cyclique le lecteur se demandera surtout à quel moment tout ceci sera balayé d’un revers de la main. Quoique n’oublions pas que Bill Foster, victime de Civil War, est toujours mort, il a dû oublier de régler sa cotisation au club des ressuscités…
Loin de moi l’idée de sacraliser le premier Civil War, car il ne faut pas non plus oublier que Mark Millar n’est pas le dernier côté baston bourrine et manque de subtilité. Mais outre le fait qu’on avait droit à une « vraie » guerre civile qui avait impacté tout le monde, l’auteur avait largement mieux traité son sujet même si d’entrée c’était un rien baisé vu que Tony Stark était dépeint en parfait salaud opportuniste, à tel point que le personnage a été rebooté (au sens propre) pour lancer la phase Heroic Age de Marvel il y a quelques années. Tandis qu’avec Civil War II, on se sent vraiment floués une fois que la lecture est terminée, avec une résolution qui utilise un deus ex machina tellement énorme qu’on est presque à la limite de la parodie.
En ce qui concerne les tie-ins, que l’on retrouve dans les revues habituelles ou la revue éphémère Civil War II Extra, il y a des choses vraiment intéressantes. Cela permet d’étoffer un peu l’esquisse de Bendis et d’approfondir un peu tout ceci, et c’est l’occasion surtout de voir des personnages nettement plus supportables que sous la plume de l’auteur de l’event.
Il reste maintenant à voir ce que donnera le nouveau status-quo mis en place à la fin de Civil War II, en attendant le prochain event : Inhumans vs X-Men. Oh, une baston de héros, comme c’est original ! (soupir)
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