Le lundi c’est librairie ! vous propose aujourd’hui la chronique en avant-première d’un album édité par Urban Comics.
Au programme : Planetary t2
Planetary tome 2 | |
Urban Comics 488 pages – 28€ Warren Ellis |
Financée par un homme dont on ignore jusqu’à l’identité, l’organisation spéciale Planetary réunit plusieurs équipes de terrain, dont celle du « Batteur » et des agents Wagner et Snow. Pour le bien de l’humanité, ou par simple curiosité, ces trois archéologues de l’étrange arpentent l’univers dans le but de lever le mystère sur une série de phénomènes paranormaux. Parmi leurs rivaux, un groupe de métahumains leur donne du fil à retordre, déterminé à utiliser les secrets ancestraux du monde pour ses propres intérêts.
Contient : Planetary #Preview + #13-27 + Planetary/JLA
Après un excellent premier tome, il est temps de retrouver la série de Warren Ellis pour sa suite et fin. En parlant de fin d’ailleurs, il va sans dire que les lecteurs qui découvrent Planetary avec cette édition ont de la chance : en effet, il y a eu un gros hiatus dans la publication de la série, qui fait que la fin en question a mis très longtemps à se concrétiser, au point même que les lecteurs doutaient de plus en plus qu’ils pourraient la lire un jour. Alors si vous avez trouvé le temps long en patientant quelques mois entre les deux tomes, pensez un peu aux lecteurs qui ont attendu des années ! 😉
Mais revenons à cet album. Après les révélations explosives du premier tome, Warren Ellis a encore beaucoup de choses à raconter et de réponse à apporter aux mystères de la série. L’auteur garde cependant le même rythme, en alternant les épisodes de « mythologie » de la série concernant le fil rouge des Quatre avec des récits plus indépendants qui justifient le surnom des « archéologues de l’étrange » donné à Planetary. C’est une fois encore un bien beau voyage au sein de la pop culture que nous propose l’auteur, avec des tonnes de références plus ou moins explicites à des oeuvres de science fiction, d’aventure ou même des comics. Tout ceci est au service d’un univers très cohérent, avec des concepts très ambitieux qui sont non seulement très bien exploités mais également expliqués avec un côté didactique qui permet de ne pas décrocher en route. On reconnait ici et là des idées que Warren Ellis a déjà employé dans des travaux du même univers, mais aussi qui lui ont servi de base pour des oeuvres ultérieures (ou on été récupérées par d’autres auteurs).
Les personnages de Planetary sont toujours aussi soignés, avec une caractérisation bien pensée. Outre son rôle d’observateur de la pop culture, cette série est avant tout centrée sur ses personnages et ce n’est pas la quête ultime de l’organisation qui viendra contredire ce fait. Chacun d’entre eux a un passé précis et un rôle déterminé, et on voit bien que l’auteur s’intéresse à tous. En tout cas, il est clair qu’on ne s’ennuie jamais en lisant ce second tome. L’action est savamment dosée, et les passages plus calmes ne sont jamais rébarbatifs même si ça parle beaucoup. La grande cohérence de Planetary, où rien n’est laissé au hasard, donne au lecteur la satisfaction de découvrir au fur et à mesure l’enchainement des pièces du puzzle qui se construit au fil des pages et d’être récompensé pour les zones de flou qui lui faisaient se poser beaucoup de questions en commençant sa lecture.
La partie graphique est quant à elle assurée par John Cassaday et une fois de plus le résultat est somptueux. Les planche sont magnifiques, avec une superbe mise en image des concepts et idées de Warren Ellis dans un style unique. Plus d’une fois on se retrouve à simplement regarder tel ou tel dessin en restant scotché par le talent de l’artiste. Et il faut également rendre hommage à la colorisation de Laura Martin, tout simplement parfaite et jouant un rôle non négligeable dans le rendu final de ces planches magnifiques.
Au sommaire de cet album se trouve également le troisième récit spécial de Planetary, à savoir Planetary / JLA. Cet épisode est spécial à plus d’un titre, car en plus de ne pas être dans la continuité de la série l’équipe de Planetary se retrouve dans le rôle des Quatre, et donc l’organisation se retrouve à tenir le rôle du méchant de l’histoire. Cette dernière est en tout cas très bien ficelée, Warren Ellis nous dépeignant un futur qui fait froid dans le dos quand ce sont des êtres à la fois puissants et déterminés qui en ont le contrôle. Ce face à face entre la Trinité DC – dans une version raccord avec le cadre de l’histoire – et Planetary est vraiment très bien pensé, et s’avère passionnant du début à la fin. La fin est d’ailleurs poignante, mais je n’en dirai pas plus. Quant au dessin, signé Jerry Ordway, il est certes en dessous du niveau de la série principale (mais d’un autre côté vu le niveau en question c’est normal) mais de très bonne facture et les planches sont très soignées.
Regardons maintenant du côté de l’édition elle-même. L’impression est soignée et les dessins ressortent très bien sur le papier choisi. Ce second tome est imposant ((488 pages tout de même !) mais pas encore au point où sa lecture serait rendue pénible par sa taille (essayez de lire un omnibus au lit, vous m’en direz des nouvelles). Côté bonus, en plus d’une postface signée Joss Whedon nous avons droit au script du premier épisode de la série, ce qui est intéressant pour voir comment Warren Ellis visualise son oeuvre et donc pour comparer avec le rendu effectué par John Cassaday. On retrouve également une galerie de couvertures, ainsi qu’un carnet de croquis de l’artiste qui n’a qu’un seul défaut : il est trop court, car vu sa qualité on aurait largement aimé en avoir davantage.
Un excellent album, qui conclut en beauté une série magistrale.
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