C’est le 7 avril prochain que débutera l’édition 2017 de 48h BD. Je vous propose aujourd’hui la chronique de trois titres de la sélection 2017.
Je rappelle que 48h BD est une opération au cours de laquelle vous pourrez trouver des BD à 1€ chez les libraires participant à l’opération. A cette occasion, des BD seront offertes dans les établissements scolaires et comme il avait été annoncé lors de la conférence de presse qui s’est tenue il y a quelques semaines, il y a cette année un partenariat avec l’association Coucou nous voilou qui met en place des projets dans les hôpitaux pédiatriques et les centres spécialisés pour distraire les enfants hospitalisés
Passons maintenant aux trois titres dont je vous parle plus haut : 14-18 tome 1, Justice League tome 1 et Survivants tome 1.
14-18 tome 1 | |
Delcourt 56 pages Eric Corbeyran |
1er août 1914. Louis, Jacques, Maurice, Armand, Denis, Arsène, Pierre et Jules sont mobilisés. Huit amis, âgés d’une trentaine d’années, issus de la même petite ville et affectés dans le même régiment d’infanterie. Ensemble, ils découvrent les premiers combats, les premiers doutes et les premiers ordres absurdes, point de départ de quatre longues années dont certains reviendront, d’autres non…
En 1914, nous étions au bord du gouffre sans le savoir. Une guerre sans précédent allait en effet débuter, une guerre qui allait être une véritable boucherie : la première guerre mondiale.
Eric Corbeyran nous raconte le quotidien des soldats engagés dans ce conflit qui les dépasse, à travers les yeux de huit amis qui servent dans le même régiment. L’album commence de façon saisissante, avec une « gueule cassée » (le surnom donné aux soldats revenus défigurés du front) et ses difficultés pour retrouver ne serait-ce qu’un semblant de vie normale. Puis très vite, on repart dans le passé, en 1914 comme l’indique le titre de ce premier tome. L’auteur nous livre ici la chronique d’une époque, aux mentalités bien différentes de la notre, puis nous montre les réalités d’un conflit barbare et inhumain. Ce premier tome, qui pose les bases de la série, est particulièrement efficace. Eric Corbeyran nous livre ici un récit implacable, où l’innocence et l’insouciance disparaissent petit à petit. A l’époque, tout le monde était persuadé que le conflit durerait peu de temps, sans se douter qu’il durerait des années et que bien des soldats ne reviendraient pas. C’est ce qui transparait dans ce premier tome, où les femmes des soldats restent persuadées qu’elles les reverront bientôt tandis que ces derniers connaissent un quotidien on ne peut plus difficile (et encore, ce n’est que le début de la guerre, le pire est encore à venir). Cette entrée en matière est en tout cas très intéressante, et l’auteur donne l’impression d’avoir particulièrement travaillé son sujet pour nous livrer une histoire qui tienne la route non seulement sur le plan narratif (comme à son habitude) mais également historique.
La partie graphique de cet album est quant à elle signée Etienne Le Roux. Son travail est très soigné, avec des planches très joliment réalisées. On peut aussi apprécier que même s’il y a des moments assez durs dans cet album, l’horreur est montrée sans en faire de trop dans le gore.
Un excellent album, qui dépeint avec efficacité une des périodes les plus sombres de notre histoire.
Justice League tome 1 | |
Urban Comics 176 pages Geoff Johns |
Il y a cinq ans, nul ne connaissait l’existence des surhommes, et encore moins celle des super-héros… Avec l’apparition de Superman, Batman, Green Lantern et Wonder Woman, les autorités, effrayées par la puissance de ces individus, les déclarèrent hors-la-loi. Cependant, lorsque Darkseid projeta de conquérir la Terre, les Humains durent se placer sous la protection de leur héros. Voici le récit de la première union des plus grands justiciers qui allait bientôt devenir la célèbre Ligue de Justice.
Il y a plusieurs années, DC décidait de remettre à zéro son univers super héroïque à l’issue du crossover Flashpoint. C’est la Renaissance DC, véritable remise à plat de l’univers DC.
Dans ce premier tome, Geoff Johns nous raconte les débuts de la Justice League. Le choix a été fait de mettre en scène les héros à leurs débuts, à un moment où ils sont au lieux des légendes urbaines, au pire des individus recherchés. Ils sont inexpérimentés, ils ne s’apprécient guère, mais finiront par travailler ensemble pour former un groupe de héros légendaire : la Justice League. On notera au passage que le choix de cet album pour la sélection 2017 de 48h BD est un choix particulièrement judicieux : en effet, on y retrouve pas mal d’éléments qui seront vraisemblablement au coeur du film à venir consacré au célèbre groupe de héros et le roster de l’équipe est quasiment le même. En plus, c’est plus ou moins une façon de boucler la boucle, vu qu’en France nous allons bientôt entrer dans l’ère Rebirth, autrement dit l’après-Renaissance… Mais revenons à cet album proprement dit. L’histoire est classique mais efficace : la plupart des super groupes, que ce soit chez Marvel ou DC, se sont constitués suite à l’alliance ponctuelle de héros individuels finissant par travailler ensemble, et la recette fonctionne toujours aussi bien. Les dialogues sont bien ficelés, avec des interactions savoureuses entre les différents héros – surtout quand c’est avec Batman qui a toujours quelque chose de désagréable à dire – et les différents personnages fonctionnent bien ensemble. Dans le cadre de la Renaissance, on est vraiment dans le « pareil mais différents », en retrouvant le concept des personnages mais dans des versions différentes (quoique la différence est minime pour Batman et Green Lantern). De fait, le lecteur qui connait vaguement les personnage n’est pas perdu et le lecteur aguerri redécouvre ses héros dans des versions alternatives. En tout cas, ce premier album est efficace et même si par la suite la Renaissance a fini par s’essouffler il serait dommage de passer à côté de ce premier album qui tient toutes ses promesses et offre un moment de lecture agréable avec de l’action à revendre.
Du côté du dessin, nous avons droit à une prestation de Jim Lee tout à fait remarquable. Certes, le trait de l’artiste est vraiment très typé « 90s » mais son style est efficace et il n’a pas son pareil pour nous livrer des scènes de combats spectaculaires.
Un excellent album, qui offre un très bon moment d’évasion.
Survivants tome 1 | |
Dargaud 48 pages Leo |
Un groupe de colons partis sur la planète Aldébaran se réveillent à bord de leur vaisseau. Ils découvrent alors qu’ils sont les seuls rescapés : un message enregistré du commandant du vaisseau leur annonce en effet la mort de tous les autres passagers ! Ils atterrissent alors sur une planète hostile, perdue dans l’espace. Obligés de s’organiser afin de survivre, ils vont devoir affronter de multiples dangers, notamment la présence de créatures aussi hostiles
qu’invisibles. Parmi eux, Manon, une jeune femme, décide de prendre les choses en main et d’explorer cette planète de tous les dangers…
En marge de son travail sur les séries traitant d’Aldébaran, Leo nous propose de nous intéresser à un petit groupe de naufragés qui doit lutter pour sa survie sur un monde hostile.
Le thème du survivant d’un naufrage n’a rien de nouveau : depuis que Daniel Defoe nous a raconté les aventures de Robinson Crusoe il y a eu beaucoup d’histoires de ce type allant de l’île déserte à la planète lointaine, en passant par le passé reculé ou le lointain futur. Ce n’est pas pour autant que cet album est un simple recyclage, même si par moments l’histoire m’a fait penser à la série Lost (je me demande d’ailleurs si la mystérieuse silhouette qu’on aperçoit à un moment n’est pas un clin d’oeil au monstre de fumée noire de la série). En effet, Leo nous propose une histoire très intéressante et bien pensée où les personnages sont particulièrement importants. Le groupe doit en effet apprendre à vivre ensemble pour survivre, alors qu’il se retrouve sur un monde dont il ignore tout. Les péripéties que connaissent les survivants sont bien trouvées, et sont tout à fait efficaces pour surprendre le lecteur. Quant aux personnages en question, ils ont chacun leur personnalité distincte qui a son importance sur le déroulement du récit et nous apprenons à les connaître petit à petit. Certains sont d’ailleurs bien plus sympathiques que d’autres d’ailleurs, mais après on peut se poser des questions sur nos propres agissements dans une situation comparable. L’auteur prend en tout cas son temps pour poser le cadre de son histoire, sans non plus s’attarder, et la fin de ce premier album laisse supposer qu’il a pas mal d’idées en réserve pour la suite des aventures de ces naufragés. Et comme ce premier tome est vraiment passionnant, ça donne vraiment envie de s’intéresser à la suite de la série.
Du côté du dessin, il est assuré également par Leo. Les lecteurs qui connaissent son style seront en terrain connu, on reconnait en effet ses dessins au premier coup d’oeil. C’est joliment dessiné, même si la profusion de personnages est sans doute la cause du fait que certains visages sont un peu moins réussis que d’autres.
Un excellent album, qui laisse entrevoir un univers passionnant.
Rendez-vous les 7 et 8 avril 2017 pour retrouver ces albums dans les librairies participant à l’opération, ainsi que les autres titres de la sélection.
Très sympa cette idée de mettre en lumière certains titres de la sélection !!
Pour ma part, je vais prendre ces trois-là + les mangas et les cop’s pour ma fille et klaw pour mon garçon, bref tout le monde va avoir quelque chose à lire 🙂
Merci 🙂 Très bon choix, j’ai entendu du bien de Klaw !